En Tunisie, le secteur de plasturgie contribue à hauteur de 3% du PIB. On compte 500 entreprises de plasturgie et 13 mille employés. La quantité des films est estimée à 30 000 tonnes /an dont le tiers sont des sachets plastiques Les sachets en plastique ont envahi depuis une dizaine d'années notre quotidien. Au fil du temps, ils se sont approprié notre univers. On les voit partout. Ils ont forcé nos portes, nos magasins et grandes surfaces, boutiques et marchés. Ils survolent les cieux et servent de tapis que l'on piétine à longueur de journée. Les sachets en plastique se sont incrustés dans notre train-train habituel. Ce phénomène s'est propagé au-delà des grandes et petites agglomérations. Il a touché la campagne, les bas-côtés et a envahi les zones vertes, de sorte qu'un promeneur peut jouir, désormais, de ces champs auréolés de plastique à perte de vue !
Une feuille de route à coécrire ensemble Est-ce un manque de conscience citoyenne ou absence de volonté de l'Etat ? Ou peut-être bien les deux à la fois. Chacun est responsable. Et le phénomène est, paraît-il, international. La pollution de l'environnement par le plastique est calamiteuse selon les dernières études et les chiffres recensés par la commission européenne. Un plan d'action a été entamé outre-mer. Reste qu'en Tunisie, malgré les efforts fournis depuis un petit moment, demeurent insuffisants. Pour vaincre cette catastrophe naturelle des plus rusées qu'est l'invasion hallucinatoire des sachets en plastique, l'Etat a pris, fort heureusement, ces derniers temps, conscience de la dangerosité de ce phénomène sur l'environnement. Pour ce faire, il a appelé l'expérience internationale. Un atelier de réflexion a eu lieu, hier, toute la journée et continue aujourd'hui, dont le thème est «Réduction des sachets de caisse à usage unique dans la grande distribution.» Co-organisé avec le ministère de l'Environnement et ses agences de tutelle, la GIZ, l'ANGed et les supermarchés en Tunisie, à l'instar de Monoprix, Carrefour, Cady, Magasin Général, Mercure, Géant et Promogros ; l'atelier a pour principal dessein de préparer ensemble une feuille de route dont l'objectif est de réduire les sachets plastiques de caisse à usage unique dans ces grands espaces de distribution. La feuille de route sera une œuvre collective co-rédigée avec la participation de la société civile environnementale représentée par l'AIESEC Carthage et les organisations patronales (UTICA et CONECT).
Sachets en plastique en Tunisie : un état des lieux alarmant Lors de son exposé, M. Ridha Abbès (expert en environnement) a donné l'état des lieux sur la propagation du phénomène des sacs en plastique en Tunisie en parlant de l'historique du secteur, des emballages en plastique en Tunisie et des emballages de courses, de leur consommation et de leur destination. Ensuite, il a exposé aux présents l'impact de ces sacs en plastique sur l'environnement en présentant les pistes de réduction de leur utilisation. On annonce 273 entreprises industrielles qui travaillent dans le secteur de la plasturgie. Le nombre total des entreprises dépassent les 500 quand on compte les PME dont les 2/3 sont implantées dans la région du Grand Tunis, Sfax et Sousse. En termes d'employabilité, ces entreprises fournissent pas moins de 13 mille postes d'emploi et le secteur contribue de 3% du PIB.
La principale activité de l'industrie plastique tunisienne est la production d'articles d'emballage. Le secteur de la production des emballages plastiques consomme 1/3 de la production nationale en plastique pour 90 entreprises. Le reste est partagé entre cinq types d'usage : Les articles de ménage, de menuiserie et d'ameublement ; les articles à usage agricole: films plastiques, tubes, tuyaux, grillages, accessoires, les articles de bâtiment: tuyauterie, quincaillerie électrique, tubes de protection de câbles électriques, gaines de ventilation ; les articles d'emballage et de manutention ; les articles techniques pour l'automobile, l'électroménager, l'aéronautique... Les quantités des films plastiques utilisées sont alarmantes ! Elles sont estimées à 30 000 tonnes /an et dont le tiers (soit 10 mille tonnes/ an) consiste en des sachets plastiques ! Ces derniers sont fabriqués en une seconde, utilisé 20 minutes et mettent entre un et quatre siècles pour se dégrader dans la nature d'où la gravité de cette matière.
Comment y remédier ? M. Ridha Abbès annonce que dans les grandes surfaces, des milliards de sachets à usage unique par an sont mis à la disposition du consommateur gratuitement et que depuis 2009, 940 mille sacs réutilisables ont été vendus. Un chiffre très moyen malgré tous les efforts fournis. Comme pistes de réduction, l'expert en environnement en a proposé plusieurs. D'abord, au niveau de l'industrie, il faudra, désormais, améliorer la qualité de ces sacs en plastique en termes de solidité et de capacité. Ensuite, il faudra plutôt produire des sacs réutilisables à l'instar des cabas et des couffins. Sur le plan du commerce et de la distribution de ces sachets, il faudra penser à supprimer la gratuité des sachets, comme c'est le cas en Europe et proposer à la place des sacs réutilisables à un prix raisonnable. Ainsi, on évitera, dorénavant, le double emballage.
Quant à l'élimination de ces sacs en plastique, les consommateurs et les autorités municipales doivent collecter séparément les types de déchets, renforcer la filière de récupération et interdire l'incinération. Le consommateur doit aussi arrêter de jeter nonchalamment les sachets dans la nature, utiliser les sacs recyclables et refuser les emballages inutiles et apprendre à réutiliser plusieurs fois un même sac en plastique. L'atelier de réflexion a été suivi, hier, par trois plénières de débats séparément et qui se suivront aujourd'hui. Les trois thèmes sont : Alternatives aux sachts plastiques, Instruments politiques et économiques, Communication et sensibilisation des consommateurs. Au terme de ces trois ateliers de réflexion, une feuille de route sera établie et un plan d'action avec échéances seront fixés. On vous en tiendra au courant dès que la seconde journée de travail sera achevée.