Les fans du CA auront toujours les doigts croisés et l'espoir noué aux tripes. Le CA est une mentalité ! On connaît tous ce slogan clubiste qui est forcément l'émanation d'un kop en fusion via un enthousiasme débordant qui se déverse des travées d'une Curva Nord en folie dans les bons coups comme lors des situations de crise. Nous l'avons encore constaté suite au derby et ça valait bien un papier pour le relever et l'immortaliser de nouveau. Que le succès soit compliqué, laborieux, au bout de l'effort comme lors du classico face au CSS, le public Clubiste n'en démord pas. Que la défaite soit houleuse face à des « Sang et Or » pas faciles à gérer pour des Clubistes au frein à main trop serré, « Silenzio la Curva Canta » ! Vraiment, la véritable prouesse clubiste du moment est ce public qui reprend de nouveau d'assaut les gradins, enfilant la tunique du 12e homme comme s'il se reconnaît dans ce onze attachant, perfectible mais encore fragile et non accompli. En ces temps de disette sportive (sponsors qui ne se bousculent pas au portillon, huis clos, quota de supporters et crise financière), les supporters auraient décidé de prendre le problème à bras le corps, le taureau par les cornes comme on dit. Lors du derby et face au CSS à Radès, ils sont venus en nombre et en mission, les doigts croisés et l'espoir noué aux tripes. On ne cesse de le répéter, ce public est incroyable. Supporters au plus profond de leur âme, les « Leaders Clubistes » et autres « Winners » , ce vivier d'inconditionnels, ont une nouvelle fois sublimé les après-midi de football à Radès. Malheureusement, quelques sièges ont, une fois encore, fait les frais de cet enthousiasme débordant. Une fois encore, les forces de l'ordre ont dû intervenir. Dans le calme et avec maîtrise, mais une fois encore... D'ailleurs, en se vidant, l'enceinte a laissé apparaître quelques dents creuses dans les travées. Il faudra réparer. Une fois encore... Ce jour-là, le CA a perdu mais il garde toutes ses chances pour une « Remuntada » dont son public ne fait pas mystère. Pas de quoi grimper aux arbres, mais toujours plus agréable que de prendre une branche sur la tête (chances de titres hypothéquées). Avec le public clubiste tout comme avec l'équipe de Bab Jedid, on ne sait jamais ce qui nous attend, en cas d'échec, de succès éclatant ou de match référence. L'on a tout prédit que la victoire sur le fil face au CSS, si elle a mis du temps à se dessiner, allait permettre à l'équipe de gagner en confiance... Mais avec le CA, rien n'est jamais certain ! Tout comme cette rixe larvée entre groupes à la mi-temps d'un derby ou l'équipe a finalement perdu parce que les joueurs étaient tétanisés par le spectacle affligeant des leurs sur les gradins ! Si les supporters ne sont pas solidaires, pourquoi les onze joueurs clubistes le seraient sur le terrain? Bref, le CA est toujours l'exception qui confirme la règle. Ils sont toujours aussi nombreux, bruyants, donnant de la voix jusqu'à devenir aphone. Héritage, nostalgie et grand défi ! Alors que les stades voient leur affluence baisser, le CA ne connaît pas la crise. L'affluence est toujours considérable et incroyable pour un club qui gagne un titre tous les dix ans ! Pour expliquer ce phénomène, il y a bien sûr l'incroyable fidélité du public, toujours présent, même quand les temps sont durs. Mais cette ferveur n'explique pas tout. On vient des quatre coins du pays, et même du vieux continent pour admirer le spectacle proposé sur les gradins via ces chorégraphies et ces Tifos toujours bien étudiés. Bref, les gens sont souvent bluffés. Ce public est décidément une belle vitrine. De quoi peut-être séduire d'éventuels sponsors en ces temps de récession et rompre avec un certain désamour constaté sur les travées des stades de notre pays (effets d'entraînement). Au CA, club sanguin par excellence, le désamour ne provient jamais des résultats insuffisants, loin de là. C'est même l'effet contraire qui se produit souvent. Non, les résultats n'expliquent pas tout. Si le public snobe son équipe un temps, c'est qu'il ne se reconnaît pas dans le club tel qu'il est dirigé. Il ne se reconnaît pas dans les personnages qui incarnent le Club Africain. C'est donc forcément une crise de la représentation qui a touché un temps un club extrêmement populaire. Maintenant, c'est l'effet inverse qui s'est produit avec une certaine légitimité accordée aux tenants et aboutissants clubistes. Sauf qu'il y aura toujours ce côté nostalgique, même si la transmission de l'héritage clubiste et la formation des nouvelles générations vont de pair. Au final, le grand défi du CA sera de toujours résister aux contraintes du temps, faire vibrer les supporters, et plus si affinités...