Hier, à l'aéroport international Tunis-Carthage, les passagers ont vécu une journée particulière à cause d'une bagarre entre un pilote et un mécanicien. Youssef Chahed a ordonné d'appliquer la loi immédiatement contre les personnes à l'origine du conflit, alors que le P.-d.g. de Tunisair assure que la sécurité des passagers est une ligne rouge Hier, à l'aéroport international Tunis-Carthage, la désolation, la colère et le ras-le-bol étaient perceptibles sur les visages de tous ceux qui s'y trouvaient soit pour embarquer vers l'une des destinations à l'étranger, soit pour accueillir un parent ou un fils de retour au pays. Tunisair et ses hauts et moyens cadres ont joué un vilain tour à leurs clients qui ne savaient quoi faire en attendant que Lyès Mnakbi, le P.-d.g. nouvellement désigné à la tête de la compagnie, et sa cellule de crise trouvent une solution «à la bataille qui a éclaté entre un pilote et un mécanicien», qui a perturbé le trafic, retardé les vols prévus pour la journée et obligé les voyageurs à faire, durant toute la matinée, les cent pas dans les couloirs de l'aéroport et les salles d'attente qui se sont révélés très exigus pour contenir une foule en colère. Que dire des explications produites par le P.-d.g. de Tunisair, sauf qu'elles n'ont convaincu personne, en premier lieu les voyageurs, surtout que le «conflit qui a opposé les deux corps de métier du vol 716 à destination de Djeddah en Arabie Saoudite» — comme il l'a dit hier sur les ondes d'une radio privée — ne s'est pas produit, hier, pour la première fois et que «les deux corps de métier» (comprenez qu'il s'agit des pilotes et des mécaniciens) se sont déjà échangé «de beaux coups». Aussi, l'enquête ouverte pour «déterminer les responsabilités des personnes en cause» a été précédée d'une autre qui n'a rien révélé jusqu'ici. «Ça va faire mal» Hier, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, s'est lui aussi invité à la mêlée générale. Il a demandé que les responsables de la bagarre soient sévèrement sanctionnés pour que cet «incident qui a causé la suspension de tous les vols de Tunisair ne se reproduise plus». Et la nouveauté, cette fois, c'est que Youssef Chahed veut que les résultats de l'enquête «lui soient soumis avant la fin de la journée d'hier» et on ne va pas se contenter d'une enquête administrative dans la mesure où une enquête judiciaire sera ouverte dans le but d'infliger la sanction pénale qu'il faut aux fautifs. Et cette fois, «ça va faire mal», menace Lyès M'nakbi en ajoutant : «Tunisair ne joue pas avec la sécurité des passagers». Le ton du P.-d.g. de Tunisair cache une crainte réelle de voir «cet incident violent» et la médiatisation dont il va bénéficier, plus particulièrement à l'étranger, altérer «les bons indicateurs que nous avons pour la saison touristique». Reste maintenant à examiner l'approche médiatique adoptée par Tunisair pour communiquer sur le fâcheux incident. En parlant de «préservation de la sécurité de la flotte» et en insistant sur le fait que «la compagnie ne joue pas avec la sécurité de ses passagers», les responsables de Tunisair n'auraient-ils pas gaffé en conférant à l'incident une importance démesurée ? Beaucoup d'observateurs qui s'intéressent à l'image désastreuse que l'aéroport Tunis-Carthage a offerte au monde, plus particulièrement aux agences de voyages, considèrent, en effet, «qu'il est temps de mettre au point une autre stratégie de communication en temps de crises ou de conflit». Ils estiment aussi que le discours qui appelle «à sévir contre ceux qui sont impliqués dans cette crise fabriquée de toutes pièces» n'est pas rentable dans la mesure où il ne fait qu'accentuer la tension entre la direction de la compagnie, d'une part, et les différents syndicats opérant au sein de l'aéroport, d'autre part.