Le festival réserve, aujourd'hui, une rencontre autour des nouveaux corps dans le cinéma tunisien. Organisé, depuis 2000, par le Ciné-club de Tunis, sous l'égide de la Fédération tunisienne des ciné-clubs (Ftcc), le festival «Cinéma de la paix» s'est donné pour vocation de présenter un cinéma d'auteur engagé et humaniste et d'offrir, le temps des projections, un espace de débat pour une expression libre. Abrité par l'espace Le 4e Art, le festival a pris son élan, cette année, le 8 mars pour se poursuivre jusqu'au 12. Au programme : des films en provenance de différents pays : Italie, Palestine, Allemagne, Grèce, Maroc, Liban, Suisse, Autriche, Tunisie et Portugal (à raison de deux projections par jour à 16h00 et à 19h00). L'inauguration de l'événement a été effectuée par une pré-ouverture avec le film «Foyer» du Tunisien Ismaïl Bahri et une ouverture officielle avec le documentaire italo-suisse «Spira Mirabillis» de Massimo D'Anolfi et Martina Parenti. Ramzi Laâmouri, président de la Fédération, a rappelé, à l'occasion, la thématique de cette édition qui porte sur l'existence humaine selon des points de vue, des visions et des prismes différents d'où l'importance des débats programmés après chaque projection. Et c'est dans cette optique que s'inscrit la programmation du film «Foyer» d'Ismaïl Bahri qui relève du genre expérimental. Artiste visuel qui vit et travaille à Paris, Ismail développe un travail qui s'ouvre à de multiples références culturelles et esthétiques. Il propose des expérimentations plasticiennes précises et sensibles. Cela se manifeste par des dessins, des vidéos, des photographies, des installations ou encore d'hybridations entre ces différents supports. Des matières simples y sont manipulées et conduites à une transformation, au moyen de gestes et procédés d'inspiration souvent mécanique liés au cinéma ou à la photographie. Le visible qui ne se donne pas à voir Dans «Foyer» (30 mn), l'artiste travaille sur la lumière avec un procédé expérimental qui consiste à greffer sur la lentille de la caméra un cache de papier blanc palpitant et oscillant au gré du vent. Un procédé qui peut «intriguer» à l'écran donnant l'impression d'une projection sans images et où s'imposent uniquement les voix de curieux passants intrigués par le dispositif. Filmant dans une rue passante de Tunis, le caméraman est abordé, entre autres, par un photographe amateur, un passant curieux, un policier ou un groupe de jeunes...Ces derniers deviennent, dès lors, partenaires et acteurs dans l'expérimentation. La caméra devient «un foyer (à l'image d'un feu) autour duquel on se réunit, on parle et on écoute». A l'écran, on écoute les images et l'on n'est plus dans la présentation du visible mais dans sa représentation, dans le hors champ et ses extrapolations. Projeté pour la première fois sous nos cieux, « Spira Mirabillis » des Italiens Massimo D'Anolfi et Martina Parenti est un film sur l'immortalité exprimée à travers les quatre éléments symboliques de la nature : l'eau, l'air, la terre et le feu. S'y invite l'éther, cinquième élément aristotélicien qui ouvre et conclut le film. Proche d'une symphonie visuelle, ce film raconte quatre «histoires de l'immortalité», tournées dans quatre endroits différents du monde. Le festival réserve, aujourd'hui, une rencontre autour des nouveaux corps dans le cinéma tunisien en présence du critique Ikbal Zalila et des deux cinéastes Mounir Baâziz et Fethi Doghri pour traiter du développement de la conception du corps dans l'image cinématographique tunisienne depuis ses débuts aux années soixante du siècle dernier jusqu'à nos jours.