Sur 250 entreprises, près de 60 risquent de fermer La non-application des lois, la prolifération de la friperie sans contrôle, les importations illégales, les étalages anarchiques, le commerce parallèle, autant de problèmes que rencontre le secteur depuis 2011 En marge de la journée ouverte organisée par la Fédération nationale du cuir et chaussure consacrée à la crise vécue par ce secteur, une batterie de mesures urgentes ont été annoncées, hier, lors d'une conférence de presse tenue à l'Utica, où les représentants de la fédération ont exprimé de vive voix, et à l'unanimité, leur décision de fermer les entreprises de production et les usines industrielles si le gouvernement ne les aide pas à sortir du gouffre. Aujourd'hui, sur 250 entreprises, près de 60 entreprises risquent la fermeture pour des raisons matérielles, sociales et autres. La non-application des lois, la prolifération de la friperie sans contrôle, les importations illégales, les étalages anarchiques, le commerce parallèle, autant de problèmes que rencontrent, depuis 2011, les professionnels du secteur et dont les négociations avec le gouvernement n'ont pas encore abouti à des solutions concrètes. Les représentants de la fédération lancent un cri de détresse et demandent le soutien de l'Etat pour la relance d'un secteur qui agonise. Ils n'ont pas manqué de rappeler, à cet effet, que depuis l'année 2011, comme c'est le cas de tous les secteurs industriels, le secteur des industries du cuir et chaussure connaît beaucoup de problèmes liés essentiellement à la situation économique et sociale instable du pays et à la prolifération des marchés parallèles. Ces problèmes sont accentués par un climat social tendu dû à la surenchère syndicale et la résistance aux réformes et se traduisant par une baisse d'activité et de productivité due à l'irrégularité des commandes et aux difficultés d'approvisionnement en matières premières pour les entreprises offshore et à la propagation du marché parallèle pour les entreprises locales. À ceux-ci s'ajoutent l'augmentation des charges salariales et fiscales et la baisse des investissements étrangers due à la méfiance des investisseurs face à l'instabilité du pays. Ces problèmes ont généré la fermeture de 194 entreprises du secteur, alors qu'elles étaient au nombre de 445 en 2010, la perte de 1.000 emplois depuis l'année 2011 et l'augmentation de 56% de la valeur des importations en chaussures et tiges de chaussures par rapport à l'année 2010. Mesures urgentes Face à ces difficultés, la fédération prévoit des mesures urgentes sur les plans financier, administratif et au niveau des marchés. Concernant l'appui financier, la fédération propose la mise en place d'un fonds pour financer les programmes de passage sous-traitance à la cotraitance des entreprises du secteur des industries du cuir et chaussure. Ce fonds permettra d'accorder une prime de 150.000 dinars pour chaque entreprise présentant un plan d'investissement matériel et immatériel établi suite à un diagnostic complet de l'entreprise. Il finance les frais de diagnostic, l'achat des équipements, les actions d'assistance technique et le recrutement des cadres. Toujours sur le plan financier, la fédération préconise le rééchelonnement sur une période de cinq ans et plus des dettes fiscales et sociales pour les entreprises du secteur, l'accélération du déblocage des subventions de mise à niveau et les avantages accordés au titre du développement régional, l'accélération du traitement des dossiers à la Bfpme, notamment pour le fonds de restructuration financière et la mise en place de mesures concrètes pour l'octroi de microcrédits aux artisans, leur permettant d'engager des actions de mise à niveau. D'autres mesures relatives à la simplification des procédures concernent la procédure de vente sur le marché local des entreprises offshore, l'annulation de la mesure de domiciliation préalable des factures à l'export pour les entreprises exportatrices résidentes et enfin la facilitation de l'octroi des avantages de l'encouragement à l'industrie aux fabricants de chaussures. S'agissant de la surveillance des marchés, notamment local, la fédération a imposé l'application du contrôle technique des chaussures vendues sur le marché local conformément à la loi de protection des consommateurs, outre la soumission des importations de chaussures aux cahiers des charges techniques au lieu du contrôle technique appliqué actuellement. La fédération s'apprête, par ailleurs, au lancement d'une campagne d'encouragement à la consommation du produit national qui ne cesse de baisser au détriment du produit chinois, turc et autre qui ne répond pas aux normes internationales. Il est à signaler que durant les cinq dernières années, les exportations du secteur ont été aux alentours de 1.000 millions de dinars, il s'agit essentiellement des exportations de chaussures, de tiges et d'accessoires. Ces derniers produits cumulent chaque année plus de 800 millions de dinars, soit près de 80% de la totalité des exportations. Les importations du secteur sont estimées à 800 millions de dinars, dont environ 85% correspondent à l'importation des cuirs et peaux.