Les ministres des Finances du G20 ne rejettent plus explicitement le protectionnisme et les dévaluations compétitives. Face aux tentations protectionnistes qui se font jour, en particulier aux Etats-Unis, le FMI juge nécessaire une coopération internationale qui préserve le commerce comme moteur de la croissance. Dans une «note de surveillance» détaillant ses opinions sur les perspectives et les risques de l'économie mondiale et publiée avant une réunion des ministres des Finances du G20 les 17 et 18 mars à Baden-Baden, en Allemagne, le Fonds estime que les pays jouissant d'excédents courants et commerciaux doivent travailler avec les pays qui sont au contraire déficitaires pour réduire ces déséquilibres. Dans un commentaire accompagnant cette note, la directrice générale, Christine Lagarde, recommande de s'abstenir de toute politique qui saperait les échanges commerciaux, les flux migratoires, les flux de capitaux et le partage de technologies car une telle politique porterait préjudice à la productivité, aux revenus et à la qualité de vie de tous. Steven Mnuchin, le nouveau secrétaire du Trésor des Etats-Unis qui fera sa première sortie au G20 à Baden-Baden, y défendra les intérêts américains avec énergie, soucieux que l'organisation réaffirme son engagement de s'abstenir de toute dévaluation compétitive, a déclaré lundi un haut fonctionnaire du Trésor. Mais au vu d'une version provisoire du communiqué qui doit être publié à la fin de la réunion du G20, il semblerait que les ministres des Finances ne rejettent plus explicitement le protectionnisme et les dévaluations compétitives. «L'absence de toute référence au protectionnisme dans le projet du communiqué est étrange», déclarait à Reuters la semaine dernière un responsable au fait des préparatifs de la réunion. «C'est peut-être le plus petit commun dénominateur que tout le monde pouvait accepter». Le projet du communiqué ne contient pas davantage la phrase habituelle des communiqués précédents selon laquelle le G20 «s'abstiendra de toute dévaluation compétitive» et évitera de faire du taux de change une arme commerciale. L'administration Trump veut réduire les déficits commerciaux des Etats-Unis avec des pays, tels que la Chine, l'Allemagne et le Mexique et entend bien mobiliser le G20 et d'autres instances internationales à cette fin, ont déclaré des responsables gouvernementaux américains. Même si le FMI s'inquiète du regain de faveur du protectionnisme, il observe que l'économie mondiale va mieux, grâce surtout à un redressement de la production industrielle et des flux commerciaux. Pour autant, le FMI ne modifie pas dans cette note ses prévisions de janvier, donnant une croissance mondiale de 3,4% cette année et de 3,6% en 2018 après 3,1% en 2016. (Reuters)