• Les participants semblent dans l'incapacité de prendre des initiatives décisives de nature à relancer l'économie mondiale SEOUL (Reuters) — Le Groupe des Vingt (G20) a eu toutes les peines du monde hier à prendre des initiatives décisives pour relancer l'économie mondiale, au point que la formulation du communiqué final est un véritable casse-tête. Le Président Barack Obama a dit pourtant avoir bon espoir que le sommet du G20 à Séoul, qui s'est ouvert par le traditionnel dîner des Chefs d'Etat et de gouvernement, débouche sur des mesures permettant une croissance mondiale plus équilibrée et durable, sur la base de l'accord conclu lors du sommet du G20 de Pittsburgh, aux Etats-Unis, en 2009. La crise de la dette irlandaise s'est invitée à Séoul. Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pressé de questions, a dû s'exprimer sur le sujet, déclarant que l'UE disposait des moyens et outils nécessaires pour soutenir l'Irlande en cas de besoin. "Je ne me livrerai à aucune spéculation", a-t-il ajouté. Les délégués présents à Séoul anticipent déjà un communiqué final a minima fondé sur "le plus petit dénominateur commun" en matière de coopération économique internationale. «Les discussions sont encore extrêmement passionnées, cela veut dire qu'elles sont très ouvertes», a dit l'un des «sherpas». Il a ajouté que les conseillers des Chefs d'Etat et de gouvernement devaient se retrouver après le dîner officiel et n'excluaient pas une nouvelle réunion ce matin pour essayer de débloquer les choses. «Sous-évaluation compétitive» Un projet de communiqué final obtenu par Reuters montre que les leaders du G20 approuveront le principe de «directives indicatives» en vue de réduire les déséquilibres des comptes courants. Mais ils ne savent pas si elles seront fondées sur des indicateurs «mesurables» ou si elles seront plus vaguement «quantitatives et qualitatives». Dans tous les cas, l'idée avancée par le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, d'un plafonnement des excédents ou déficits courants à 4% du PIB a été définitivement remisée. Quant aux changes, la grosse pierre d'achoppement de ce sommet du G20, le projet de communiqué recommande d'éviter toute «dévaluation compétitive». Mais il reste à savoir s'il emploiera la formulation «sous-évaluation compétitive», qui ferait référence à la manière dont Washington juge la politique chinoise de changes. Tim Geithner a jugé que la Chine ne pourrait résister éternellement à la pression haussière que les marchés exercent sur le yuan. Les Etats-Unis, qui exercent eux-mêmes des pressions sur la Chine pour qu'elle laisse le yuan s'apprécier librement, ont toutefois bien du mal à donner l'exemple sur le terrain des changes après le vif débat provoqué par le nouvel assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale. D'autant que l'ex-président de la Fed' Alan Greenspan, a lui-même déclaré que la Banque centrale poursuivait une politique d'affaiblissement du dollar. «Jamais les USA ne feront cela», répliquait quelques heures plus tard Tim Geithner sur la chaîne CNBC. «Jamais nous ne chercherons à affaiblir notre monnaie dans le but de gagner un avantage de compétitivité ou de faire croître notre économie». «Grandes préoccupations» Selon une source proche de la délégation russe à Séoul, Moscou est tout particulièrement préoccupé par «les tentatives de plusieurs pays de prendre la décision unilatérale d'affaiblir leur monnaie». «Nous pensons que de telles décisions rendent les intervenants des marchés nerveux et les grandes devises instables, faisant craindre une guerre des monnaies», a-t-on ajouté de même source. La Russie redoute aussi que, le gros de la crise passé, l'unité du G20 ne vienne à se fissurer, la nécessité d'une action coordonnée se faisant alors moins sentir. La Chancelière allemande Angela Merkel a d'ailleurs exprimé à Barak Obama ses préoccupations concernant des initiatives de la Fed, a-t-on dit de source proche de la délégation allemande. Mais c'est la Chine qui reste l'une des plus critiques vis-à-vis de l'action de la Fed. Ces mesures non conventionnelles suscitent «de grandes préoccupations» dans bien des pays, a déclaré un haut fonctionnaire de la Banque populaire de Chine. Les pays qui ont une monnaie de réserve internationale devraient mesurer l'impact que peut avoir leur politique au niveau mondial, a estimé Zhang Tao, directeur du département international de la Banque centrale chinoise. Les flux de capitaux désordonnés résultant des décisions de la Fed risquent de porter préjudice, en particulier à des pays émergents, dont il n'est pas réaliste d'attendre qu'à eux seuls ils stimulent la demande et l'économie mondiales, et plus globalement la reprise économique mondiale, a-t-il ajouté.