Imed Hammami : «Il ne s'agit pas pour le gouvernement de céder uniquement aux revendications des gouvernorats qui se soulèvent, mais nous essayons de prendre des mesures pour l'ensemble des gouvernorats» Dans une tentative d'apaiser les tensions au gouvernorat de Tataouine qui observe aujourd'hui une grève générale, le chef du gouvernement a présidé hier à La Kasbah une réunion de travail à laquelle ont pris part le ministre de l'Energie, le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, le porte-parole du gouvernement, le secrétaire d'Etat à l'Economie numérique, le gouverneur de Tataouine, les députés de la région ainsi que des représentants de l'Ugtt, l'Utica et l'Utap. A l'issue de la réunion qui a duré plusieurs heures, dix mesures ont été prises en guise « de mesures urgentes en attendant d'autres mesures plus réfléchies », selon les termes de Imed Hammami, le ministre de l'Emploi, qui a été chargé des tâches de coordinateur entre les différentes parties. Parmi ces mesures, un consentement du gouvernement à augmenter le capital de la société d'environnement et plantation de Tataouine (des entreprises créées un peu partout dans les régions intérieures pour faire face au chômage), pour que cette dernière puisse être capable d'embaucher 500 personnes (une promesse qui avait été tenue auparavant). Préoccupation majeure des jeunes protestataires de Tataouine, l'emploi a constitué le pilier des négociations à La Kasbah, qui espère convaincre les entreprises pétrolières de la région de faire en sorte que 70% de leurs nouvelles recrues soient issues de Tataouine, « sur la base de la compétence », tient toutefois à préciser l'accord. Une commission multipartite rédigera d'ailleurs trimestriellement un rapport sur l'état d'avancement des engagements de chacun. Dans le but d'essayer de dynamiser l'activité économique dans la région, l'accord prévoit également une discrimination positive à l'égard des entreprises locales de services, en leur donnant la priorité lors des appels d'offres (il s'agit là aussi d'un ancien accord qui n'a pas été mis en œuvre). En plus de ces mesures, les parties concernées ont décidé de créer un comité ad hoc, chargé d'évaluer la gestion du budget alloué à la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) et de préparer un rapport avant la fin du mois de mai qui sera soumis au Conseil des ministres. Il semble que c'est à la lumière de ce rapport et autres données qu'un Conseil ministériel sur le développement sera tenu à Tataouine même, dans la deuxième quinzaine de mai. L'autre mesure phare, c'est sans doute celle qui concerne les fameuses « cartes du sahara » qui permettent aux citoyens d'accéder à une partie du Sahara du sud de la Tunisie. Le gouvernement a promis de créer une commission sous la supervision du ministère de l'Emploi et de la Formation professionnelle pour voir de plus près les demandes « en lien avec l'emploi ». Il a par ailleurs été décidé de commencer, dans une première étape, à goudronner 10 km de la route de « Djebel Matous », afin de faciliter le passage des travailleurs et des équipements vers la ville de Tataouine. Lors du point de presse, Imed Hammami a assuré qu'il ne s'agit pas pour le gouvernement de céder uniquement aux revendications des gouvernorats qui se soulèvent, mais que le gouvernement d'union nationale essaie tant bien que mal de prendre des mesures en faveur de toutes les régions de la Tunisie, conformément à un plan d'action raisonnable et réalisable.