Les férus de ballon rond sont restés sur leur faim lors du «classico» où le rythme haché et les tensions ont faussé la donne. Sans exagération aucune, l'affiche ESS-EST de dimanche dernier a donné lieu à l'un des «classico» les plus ternes dans l'histoire des deux ténors de notre football. En effet, les deux protagonistes ont rendu fort malheureusement une copie médiocre, donnant lieu à un «non-match», où la cadence saccadée, la provocation, la tension et les pertes systématiques de temps (le portier de l'EST a excellé dans cet exercice !) ont été à l'ordre du jour, ce qui donne réellement matière à réflexion. «Sur le banc, on a calculé, que lors de la seconde période, on n'a pu jouer que 16 minutes de temps de jeu effectif», a déclaré le coach de l'Etoile, Hubert Velud, sur un ton dépité à l'issue de la rencontre. Benzarti a sapé les manœuvres étoilées ! D'emblée et à voir de près la composition des deux équipes, si l'Etoile a gardé sa formule habituelle, Faouzi Benzarti —connaissant parfaitement les joueurs étoilés— a opté pour un dispositif technico-tactique insolite et inhabituel de la part du coach de l'EST, basé sur l'injection de trois milieux défensifs dans la ligne médiane. En effet, en optant pour un losange inversé composé de Coulibaly en position reculée au milieu du terrain, aidé par Ferjani Sassi sur la gauche et Ghailen Châalali sur la droite en positions avancées, l'ex-coach étoilé avait pour objectif de juguler les manœuvres du tandem à tout faire de l‘Etoile, à savoir Lahmar-B. Amor, qui n'a trouvé ni les espaces nécessaires ni le contexte adéquat pour pouvoir asseoir comme à l'accoutumée son impact sur le jeu de l'équipe. Plus que ça, Benzarti a demandé à B. Youssef et Badri de repiquer vers le centre en cas de perte du ballon pour créer le surnombre dans la ligne médiane et réduire les espaces devant les Etoilés, d'où l'objectif du coach espérantiste de prendre le monopole de cette zone névralgique, qu'est le milieu du terrain, qui était visiblement saturée par la présence massive notamment des «Sang et Or». Sur un autre plan, et toujours fidèle à son pressing habituel sur le porteur de la balle, Benzarti a placé un, voire deux et parfois trois joueurs devant le porteur de la balle dans le camp «rouge et blanc». Un tel stratagème a certes faussé la beauté du jeu, mais a permis à l'EST de gagner la bataille du centre et surtout d'empêcher les protégés d'Hubert Velud de développer leurs manœuvres et leur jeu fluide. Pour preuve, les nettes occasions et le seul but marqué par les locaux n'ont pu avoir lieu que suite à des coups de pied arrêtés. Un Acosta inspiré ! S'il y a vraiment un «Rouge et Blanc» qui est sorti du lot et a tiré son épingle du jeu dimanche, c'est bien le Brésilien Diogo Acosta qui s'est démené comme un beau diable sur tout le front de l'attaque de son équipe. En effet, ce dernier a été particulièrement mobile et a joué un rôle tactiquement stratégique en multipliant les appels de balles dans tous les sens, en tentant d'ouvrir les brèches pour ses coéquipiers avec sa fixation permanente des défenseurs adverses avec son registre de joueur-station, réussissant au passage le but d'égalisation pour son équipe grâce à son opportunisme. Sur un autre plan, certains fins connaisseurs n'ont pas hésité à relever que l'incorporation de Hamdi Neguez, sortant d'une fracture de fatigue qui l'avait éloigné des terrains pendant un mois, était le moins que l'on puisse dire risquée et manquait de pertinence, et pour preuve, l'arrière droit international n'était pas au meilleur de sa forme ; et il aurait été plus judicieux de continuer à opter pour Bédoui sur le flanc droit de la défense où il a été particulièrement brillant —certains ont même affirmé que les performances de Bédoui ont carrément fait oublier l'absence de Neguez— et d'incorporer l'excellent mais malchanceux B. Frej dans l'axe central de la défense. Ils ont dit Hubert Velud : «Nous avons eu le grand mérite de revenir au score, ce qui est très positif. Après, la seconde période a été plus difficile parce qu'il y avait beaucoup d'arrêts de jeu et de coupures dans le match. Globalement, je suis déçu de ne pas pouvoir battre l'Espérance à domicile, mais on se battra jusqu'au bout pour essayer de la dépasser». B. Cherifia : «C'était un match correct dans l'ensemble et surtout très tactique. L'important est de garder notre statut de leader. Je dois avouer que c'est de mon devoir de trouver la solution dans les moments difficiles, quitte à tenter de perdre du temps afin d'aider mes coéquipiers, ça fait partie du jeu».