De nombreux projets programmés lors de CMR (en 2009, 2012 et 2015) n'ont toujours pas été mis en œuvre. Le gouvernorat de Kairouan enregistre depuis plusieurs années une régression de son processus de développement, et tous les indicateurs sont au rouge, d'autant plus que beaucoup de projets programmés lors de CMR (en 2009, 2012 et 2015) n'ont pas été mis en œuvre à cause de la complexité des procédures administratives, de l'indifférence des décideurs, de l'instabilité politique (de 2011 jusqu'à aujourd'hui, il y a eu 6 gouverneurs), de certaines lois régissant les marchés publics, de problèmes fonciers et de pratiques dépassées au sein de l'administration. A titre d'exemple, l'ancien secrétaire général du gouvernorat de Kairouan, qui a été muté il y a 5 mois, n'a pas été remplacé jusqu'à aujourd'hui. En outre, le conseil régional de développement du gouvernorat ne s'est pas réuni, depuis plusieurs semaines. Résultat : le budget de 2016 n'a pas été encore clôturé et celui de 2017 n'a pas été approuvé ! Est-ce normal ? D'ailleurs, les indicateurs globaux de développement régional placent à la 22e position le gouvernorat de Kairouan où on enregistre des taux élevés de plusieurs phénomènes inquiétants, à savoir le suicide, l'abandon scolaire, la pauvreté, le divorce, la dépression et la délinquance. Tous ces points et bien d'autres ont été évoqués, le 11 avril, par un grand nombre de citoyens, d'intellectuels et de représentants de la société civile lors de la journée de colère ayant réuni un public nombreux venu de toutes les délégations pour réclamer une vie digne et un minimum de justice sociale. Notons que le rassemblement a eu lieu tout d'abord à l'Esplanade des arts où beaucoup de jeunes sans emploi scandaient des slogans pour revendiquer l'amélioration de leur situation sociale. Et même des jeunes bénéficiaires du mécanisme 16, auxquels on a promis la régularisation de leur situation à partir du mois de janvier 2017 (3e tranche), étaient présents pour réclamer l'accélération des procédures qui traînent d'autant plus que cela fait 4 mois qu'ils n'ont pas été payés. Et parmi les diplômés du supérieur et qui sont au chômage, nous avons rencontré la jeune Marwa Aloui, ayant un master en audio-visuel et qui est venue de son village El Messaïd (délégation d'El Ala) pour participer à cette journée de colère : «Je vis dans une famille nécessiteuse, car mon père qui subvenait à nos besoins, est aujourd'hui malade, ce qui l'empêche d'exercer certains métiers pénibles, c'est pourquoi j'aimerais tellement trouver du travail pour soustraire mes parents et mes frères de l'indigence et de la nécessité». Une route bloquée et des pneus brûlés Par la suite, les protestataires ont sillonné plusieurs avenues et se sont rassemblés devant le siège du gouvernorat avec des pancartes, des drapeaux et des slogans portant sur l'emploi, la dignité, l'amélioration de l'infrastructure de base, des secteurs de la santé, de l'agriculture, de l'éducation et de l'économie. Et vers 14h00, beaucoup de sit-inners se sont dirigés vers l'entrée nord de la ville, au niveau du rond point du tapis, pour bloquer la route reliant Kairouan à Enfidha et ont brûlé des pneus afin d'appeler les responsables à écouter leurs revendications et leurs cris de détresse.