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Ces piliers qui s'en vont
TRIBUNE: Hommage aux professeurs Taoufik BACCAR ET MOHAMED TALBI
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 05 - 2017


Par Maître Mohamed Laïd LADEB(*)
En une semaine, deux grands piliers de l'université tunisienne de l'époque des lumières, celle de Bourguiba et de Messadi, tirent leur révérence. Il s'agit des professeurs Taoufik Baccar et de Mohamed Talbi.
Le premier, professeur d'arabe à la faculté des Lettres de Tunis, a brillé par son écriture magistrale, par son sens aigu de la critique et par son ouverture sur les écrits des auteurs «populaires» et «indignes», tels Ali Douagi et autres auteurs «underground» «Min-taht-essour». De par son rationalisme, son ouverture sur l'autre et son attachement aux idéaux de la liberté, il a permis à ces auteurs «laissés pour compte» d'être programmés dans les lycées et les universités tunisiennes.
Il a été le professeur qui vivait dans son milieu et réagissait à tout ce qu'il endurait. Les procès des hommes de gauche, «Perspectives» et autres, les événements de mai 68 trouvaient un large écho dans ses écrits. Homme de gauche, attaché aux beaux idéaux de l'humanité, tels la liberté, la tolérance et l'amour, il a été un des rares professeurs universitaires à côtoyer le peuple, à ouvrir son bureau aux victimes du despotisme, tels Hamma Hammami (voir son témoignage publié par El Maghreb du 26/04/2017). Quand j'ai parlé de l'université des lumières au début de cet article, celle de Bourguiba et de Messadi, c'est celle ouverte sur les idéaux des philosophes du siècle des Lumières, tels J.J. Rousseau, Voltaire et Montesquieu qui encourageaient et enracinaient en nous l'amour de la liberté, de la fraternité et de la tolérance loin de tout fanatisme quel qu'il soit.
L'autre professeur, feu Mohamed Talbi, a consacré toute sa vie à lutter contre l'intégrisme, le fanatisme et le despotisme. Il est à notre avis presque le dernier pilier de l'Islam rationnel, ouvert et tolértant. Il est parti rejoindre cet autre islamologue de la tolérance, feu Abdelwaheb El Meddeb, qui nous as quittés il y a quelques années.
Loin des sentiers battus et des clichés stéréotypés nous pensons que le professeur Mohamed Talbi, avec ses livres, notamment «Plaidoirie pour un Islam moderne», «Méditations coraniques» (en arabe) «L'Islam et le dialogue», «Penseur libre en Islam», Ma religion est liberté», va demeurer un des plus grands piliers de la pensée libre dans le monde islamique.
Il est aussi porteur de l'étendard de la rationalité, en terre d'Islam. Mû d'une foi sans faille et en tant que fin historien, il est parmi tant d'autres penseurs musulmans comme Taha Hussein, Ali Abderrazek, qui ont dénoncé avec virulence et art les fourberies et les mensonges des soi-disant «fouqahas» et «érudits» de la vingt-cinquième heure qui n'avaient pour but que de propager dans nos contrées ignorance, fanatisme, haine et désolation, parce qu'il croyait qu'en se référant au seul livre sacré «Le Coran», «L'Islam est une religion éclairée, douée d'un humanisme profond et d'un sens aigu de la liberté qu'il a balayé de son champ de recherche toute la «chariaâ», cette «chariaâ» œuvre de penseurs et d'érudits la plupart du temps à la solde du pouvoir politique, en plus des controverses et des graves contradictions doctrinales, a essayé, en fermant les portes de l'effort, de l'Ijtihad, de laisser le monde arabo-islamique à la traîne des nations développées et à la traîne de l'histoire. Clair dans son raisonnement, fort de son savoir théologique, historique et philosophique, il soutenait à juste raison que l'Islam est liberté, que son message est porteur de tolérance, d'amour et de fraternité.
Avec la poussée de l'intégrisme et du fanatisme après les émeutes de 2010 et l'accaparement de la défunte Troïka du pouvoir et après l'ascension du parti Ennahdha et son accession aux commandes de l'Etat, la Tunisie est devenue un chantier pour les fanatiques et les faux érudits tels que Wajdi Ghenim et Youssef Karadhaoui et un arsenal souterrain d'armes le tourmentait et le décevait.
Partant de cette situation presque kafkaïenne, qu'une «révolution» tourne en un laps de temps record au bannissement des hautes valeurs de liberté, il se rend complice de meurtres politiques notoires (Chokri Belaïd, Med Brahmi, Lotfi Naguedh et Belmoufti Med), il décide de constituer l'Association coranique internationale. Entouré d'intellectuels, hommes et femmes, qui croient en un Islam tolérant et éclairé, il nous faisait réunir chaque quinzaine pour discuter d'un sujet précis. J'ai eu l'ineffable honneur de le côtoyer et de discuter avec lui. Ce qui frappait en lui, c'est son humilité, son savoir et sa sagesse.
Il tenait à ce que cette association soit la réponse aux élucubrations des daéchiens et des néofascistes. Comme le professeur Tawfik Baccar, il aimait dialoguer avec le peuple. Sûr de lui, de ses convictions et du côté positif des médias, surtout télévisés, il semait ses idées innovatrices et son sens de l'Ijtihad, rationnel et éclairé, un autre côté non moins important dans ses pensées et son approche humaniste et occulté à dessein par certains. C'est sa lutte dans ses écrits, contre le sionisme et sa défense de la cause arabe, à travers, la défense de l'Islam. Il n'est qu'à citer ce bref passage de son livre «Gaza : (27-12-2008-18-1-2009)». Barbarie biblique ou de l'extermination sacrée et humanisme chronique» : «Nous devons nous tenir sur nos gardes. La culture belliqueuse et inhumaine de l'Amérique est dans son histoire et dans sa religion : elle est née de la Bible, et puise ce qu'elle appelle ses «valeurs» dans la Bible...»(1)
Après avoir dénoncé ce qu'a entrepris l'Amérique, en Orient, en Irak et en Afghanistan, il continue sur sa lancée révolutionnaire et panarabislamique. «Nous n'avons rien à attendre de l'Amérique, nous avons tout à attendre de nous-mêmes, je veux dire de nos peuples, surtout ceux qui sont aujourd'hui en première ligne, en Palestine, en Irak, en Afghanistan: peut-être bientôt en Syrie, au Soudan(2) en Iran, au Pakistan et partout où il y a encore des musulmans qui refusent l'humiliation et l'asservissement».(3)
Homme libre et engagé, il a fait pour l'Islam et pour le monde islamique ce que n'a jamais fait aucun autre penseur musulman depuis des siècles.
Trilingue (arabe, français et anglais), il a su s'adresser au monde islamique et à tous les autres continents par un savoir exceptionnel et une clairvoyance étonnante en semant les hautes valeurs d'un humanisme sans faille, déjà véhiculé par le Coran, amour de l'autre, fraternité, tolérance et paix.
Déçu par ce qu'on a appelé communément le dialogue des religions, notamment l'Islam, le christianisme et le judaïsme».
«Je crois pouvoir dire en effet que le dialogue pour l'Eglise catholique n'a de sens vrai que par rapport au but suprême qui est de porter plus avant le message évangélique».(4)
Mais il n'a jamais renié les vertus du dialogue entre nations et civilisations parce qu'il soutient toujours que «nous avons des choses à dire et à partager, pour apporter notre collaboration à un monde de paix et de compréhension».(5)
Depuis le dix-septième siècle, les appels des philosophes tels J.J. Rousseau, Voltaire, Ibn Khaldoun, Ikhwane Assafa, Al Farabi à un monde meilleur fait d'amour, de tolérance et de liberté n'ont pas été hélas écoutés.
Armés de votre sens de la persévérance, du courage intellectuel qui était le vôtre et de votre sens aigu de tout ce qui est juste, je vous dis «cher professeur Mohamed Talbi dormez bien du sommeil des prophètes. Nous ferons tout pour que tous ces beaux idéaux soient les nôtres».
Vous avez ouvert devant nous les chemins de la raison et de la liberté.
Soyez sûr que si demain l'Unesco édifie un panthéon pour les grands de l'humanité, vous aurez certainement votre place. En attendant, vous serez toujours présent dans nos cœurs et nos esprits.
*(Avocat à la Cour de cassation)
Notes :
1) Mohamed Talbi Gaza : 27-12-2008 — 18-1-2009
Barbarie biblique ou de l'extermination sacrée et humanisme coranique
Ed. Simpact P.19
2) Déjà en 2009, il annonçait que la Syrie peut-être, comme le fut l'Irak, la cible de l'impérialisme occidental
3) op. cit, même page
4) Voir Mohamed Talbi, «Penseur libre en Islam «D'Islam et d'ailleurs» Ed. Finzi 2013 P. 228
5) Idem


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