Une finale bien gérée, joueurs de métier qui font la différence, entraîneur gagneur et des moyens fous mobilisés, le titre vient mettre fin à une longue chasse. Un beau vainqueur, l'ESRadès, un superbe vaincu, l'ESS, ce n'est pas tout ce qu'on peut rapporter sur la finale du championnat qu'on attendait depuis le début de la saison. Et on se souvient que l'ESR a battu l'ESS à la première journée du championnat en septembre dernier, et voilà qu'elle boucle la boucle et gagne le dernier match du championnat et le deuxième de la finale face à l'ESS aussi. Le titre de champion a été largement mérité par un ensemble radésien qui court derrière cette consécration depuis des saisons. Cette année, le puzzle a bien pris forme et l'équipe a atteint le stade de maturité et de savoir-gagner qui lui a permis de battre un grand morceau comme l'ESS trois fois en trois semaines (coupe et championnat). Rien à dire alors sur cette victoire d'une équipe complète qui a été la meilleure et a exercé sa supériorité vers la fin. Au play off et à la première phase, l'ESR a perdu quelques matches et affiché des faiblesses, mais c'était un rythme soutenu pour atteindre le pic de la forme le jour j. Chose faite pour Abada (le symbole de cette ESR technique et coriace). Rezig et Hdidane très sollicités Cette finale retour a été différente de celle de l'aller. Un scénario que personne ne pouvait imaginer : Matteus, le pivot de taille dans le dispositif de Tlatli, a trois fautes individuelles après 6' du début. Tout le système de Adel Tlatli, basé sur l'Américain dans la raquette et au niveau de la fixation, tombe à l'eau. Et mieux, Abassi, qui revient, écope de trois fautes en 4' lui aussi. On n'aimait pas être à la place de Tlatli qui voyait Predrag axer tout son jeu offensif sur les débordements, sur les passes à l'intérieur et les paniers sous le panneau. Pourtant, l'ESR résiste et gagne le premier quart temps 17-14, mais s'effondre au deuxième quart temps avec les Mouhli, Odejee (qui n'a eu aucun problème à scorer), Ben Romdhane et Selimene qui jouaient vers l'intérieur, alors que Watson tentait des paniers à trois points. L'ESS a pris 11 points d'écart (36-25), mais, à ce moment, Tlatli sacrifie Hdidane et Rezig qui ont joué tout le match dans les rôles de pivots (postes 4 et 5). C'est la clé de cette finale : la générosité de ce duo sous le panneau a empêché l'ESS de trouver la faille et l'a obligée à retrouver un jeu extérieur pas aussi réussi. Les Radésiens collent au score et reviennent petit à petit grâce aussi à deux autres joueurs dans un grand jour : Abada qui a pris ses responsabilités avec des paniers décisifs sur incursion et Charles qui a été impérial dans le 4e quart-temps avec ses paniers à trois points et ses contres fatals. Sans oublier aussi un Mourad El Mabrouk, monsieur trois points, qui a apporté le plus dans les 5 dernières minutes avec deux paniers très précieux. L'ESS avait beau tenter le jeu en mouvement, la vitesse d'incursion de Watson, mais il y avait un sentiment d'impuissance vers la fin mais l'ESR était très bien en place en défense (un grand travail de Rezig et Hdidane). Malgré un retour à 65-63 à 4' de la fin (à ce moment-là on pensait que les Etoilés étaient en roue libre), l'ESR avait beaucoup de métier pour reprendre l'avantage. Une victoire par 11 points d'écart, et en jouant autrement (sans pivots de métier), l'ESR a été meilleure que l'ESS qui n'a pas démérité mais qui a manqué de réussite et de calme vers la fin au moment où elle avait la possibilité de faire le break. Le rêve réalisé Cette finale a été aussi une occasion pour Adel Tlatli pour gagner encore une fois. C'est un entraîneur qui a su gérer cette finale retour mieux que Predrag. Sans joueurs de poste 5, il a trouvé la solution face à des joueurs de taille et de grande envergure comme Selimène et Ben Romdhane. Il a transmis à ces joueurs de Radès la culture des victoires. Après trois titres de champion avec la JSK (2001, 2002 et 2003), voilà qu'il renoue avec les titres locaux après une absence de 13 ans. C'est pourquoi il est très fort là où il débarque. Il a pu compter dans cette finale sur des joueurs motivés, assoiffés de titres depuis des années. Les progrès de Abada, la régularité de Mourad El Mabrouk, la polyvalence de Hdidane (généreux pour avoir réussi à remplacer Matteus), les qualités de Charles, retrouvé dans cette finale, l'expérience de Rezig, et les qualités défensives de l'ESR ont aidé ce club prestigieux à renouer avec le titre de champion de Tunisie. C'est un rêve réalisé grâce à un travail de plusieurs années, mais cette saison, la qualité des renforts et l'entraîneur ont rapporté ce flamboyant succès. Gagner en deux matches et sans bavures, il y a de quoi être fier de cette équipe et de ce club qui a mis des moyens fous. L'apport d'un certain Adel Ben Romdhane, président discret qui a donné tant aux caisses du club, est indiscutable. Du côté de l'ESS, cette défaite en finale n'enlève en rien la qualité de l'équipe. Mais on sent que le cycle de certains joueurs est terminé et que l'ESS a besoin de revitaliser son effectif et de varier un peu ses plans de jeu. Ce groupe de grands joueurs a gagné tant de titres, mais en ce moment, il est dépassé par une ESR plus motivée et ayant plus de qualités techniques et mentales. Un nouveau cycle pour ces Radésiens ? Si l'ESS et le CA ne mettent pas les moyens, on voit mal comment la hiérarchie du championnat devrait changer.