Par Samira DAMI Le programme de la 35e édition du festival de la Médina de Tunis, qui se tiendra du 30 mai au 17 juin 2017, est à 99% tunisien. Et il est composé à 100% de spectacles musicaux. Ces chiffres donnent le ton et annoncent la couleur. Il est clair que le parti pris d'une programmation quasi exclusivement tunisienne découle de l'indigence du budget qui se limite, cette année, à 125D.000, dont 100.000 accordés par la municipalité de Tunis et 25.000 par le ministère des Affaires culturelles. A l'évidence, on est en pleine période de vaches maigres, surtout si l'on sait qu'il y a seulement quelques années l'enveloppe de cette manifestation qui célèbre Ramadan s'élevait à 800.000 dinars. D'où, également, la réduction de la période du festival qui ne s'étale plus sur tout le mois, ou presque, mais, uniquement, sur 19 soirées. D'ailleurs le comité d'organisation n'a pas caché, lors de la conférence de presse, «les difficultés rencontrées pour la programmation de cette édition». Comment expliquer cette situation ? Sinon par le manque d'argent et de moyens qui touche tous les secteurs du pays. Et sachant que la culture est le parent pauvre, par excellence, des divers budgets de l'Etat et des municipalités, on comprend, donc, la réduction draconienne de la subvention accordée à ce prestigieux festival dont la programmation était variée et à 50%, voire plus, originaire de pays d'Orient et d'Occident. Ainsi à 99% tunisien, si l'on excepte le concert syrien de «Chouyoukh Salatin Ettarab, le programme est dédié 100% à la musique. «Des artistes habitués de la manifestation et d'autres nouveaux talents animeront ces soirées ramadanesques», a annoncé, le directeur du festival Zoubeir Lasram. Une dizaine de spectacles inédits figurent au menu dont «El Foundou» de Naoufel Ben Aïssa, «Ya Zahra» du saxophoniste Riadh Sghaïer, «Ken» de Mohamed Hédi Agrebi, le groupe féminin «El Olfa», la «Soirée Saliha» animée par Yasmine Cherni et autres. Parmi les habitués du festival, citons Leïla Hjaeïj qui assurera l'ouverture avec son spectacle «3 jebni» (ça me plaît) où elle revisitera d'éternels airs d'Oum Kalthoum, Abdelwaheb et Fayrouz. Mais aussi Zied Gharsa, «Salatin Ettarab», Fadhel Jaziri qui propose «Hadhra 2» ainsi que troupe de «La Rachidia» qui clôturera la manifestation. Parmi les voix qui animeront cette soirée, citons Noureddine Béji, Meherzia Touil, «fille de La Rachidia», et la jeune découverte Nour Kamar. Par ailleurs, un spectacle de rue «cafi-chanta» de Mongia Yahia est prévu à la place Bab Souika dans le but de raviver les souvenirs d'antan et d'animer le lieu. Plusieurs parmi ces spectacles de musique sont d'essence traditionnelle, entre «Malouf» (Troupe Sidi Bou Saïd, La Rachidia, Zied Gharsa), chants ancestraux soufis revisités (Hadhra 2) et «Tarabiyett» (Leïla Hjaïej, Salatin Ettarab). Tandis que d'autres inédits relèvent de la création moderne («Ken», «Foundou», «Ya Zahra», etc). Enfin, en guise d'ouverture sur d'autres genres musicaux, Riadh Sghaïer donnera un concert de jazz oriental. Indigence du budget Ce festival se tiendra, essentiellement, dans trois espaces de la ville antique, à savoir Dar Husseïn, Dar Lasram et le club Tahar-Haddad, outre le Théâtre municipal retapé à neuf. Voilà qui démontre clairement la réduction des espaces culturels qui abritaient, auparavant, la manifestation tels les Jardins du Palais Kheireddine, Bir Lahjar et autres. D'ailleurs, le comité du festival a appelé les pouvoirs publics concernés à l'aménagement d'autres lieux d'autant que dans quelques années Ramadan se déroulera en pleine saison hivernale. Car, justement, la spécificité de cette manifestation, ce sont les lieux et espaces dans lesquels elle se déroule. Ce festival permettant la découverte de la richesse et de la splendeur architecturale des magnifiques sites de la Médina de Tunis. Bref, bon an mal an, ce festival demeure, malgré les contraintes financières et la réduction des lieux de représentation, une occasion pour l'animation de la Médina et ses environs dans une ambiance festive et conviviale. Mais cette manifestation représente également une occasion propice pour diffuser l'art musical en tous genres et favoriser la création et la découverte de nouveaux talents. Quoi de plus normal, donc, que de soutenir davantage ce festival dont le budget se réduit d'année en année comme peau de chagrin. Et il n'y a pas que la municipalité de Tunis et le ministère des Affaires culturelles qui doivent s'impliquer, les mécènes et autres bailleurs de fonds et sponsors devraient également mettre la main à la pâte. A défaut, dans quelques années, le Festival de la Médina de Tunis risque de disparaître faute de moyens financiers et d'espaces aménagés. A bon entendeur...!