« La Tunisie a pu, malgré la modestie de ses ressources en eau, satisfaire les besoins en eau des différents secteurs, même pendant les périodes de sécheresse », a déclaré le secrétaire d'Etat chargé des ressources hydrauliques et de la pêche, Abdallah Rabhi Lors d'un séminaire sur la raréfaction des ressources en eau organisé par la Konrad Adenauer Stiftung et le Centre des études méditerranéennes et internationales, Delphine Clavreul, de l'Ocde, a déclaré que la problématique de l'eau est beaucoup plus liée à la gouvernance qu'à la rareté. En effet, elle précise que les ressources hydriques suffisent bien aux besoins de l'ensemble des populations mais que le manque d'équité et de gestion rationnelle de l'eau est à l'origine de sa raréfaction Bien que les robinets fonctionnent encore et qu'aucune véritable grande coupure d'eau n'a été enregistrée depuis des décennies, la Tunisie est un pays en dessous du seuil de pauvreté en eau, soit moins de 500 mètres cubes (m3) par an, ce qu'un être humain devrait consommer au minimum. Sauf que par tête d'habitant, le Tunisien ne disposerait que de 436 mètres cubes. Selon Rachid Khanfir de l'Association eau et développement (AED), les choses ne vont pas en s'améliorant. « Nous étions à 450 m3 en 1996 et nous serons probablement à seulement 315 m3 en 2030 », prévient-il. Aujourd'hui, 200.000 Tunisiens ont encore des difficultés à accéder à l'eau. La Tunisie est donc bel et bien un pays pauvre en eau, mais aussi en pluviométrie. En une année, il tombe sur la Tunisie entre 100 et 1.500 millilitres, mais le centre et le sud du pays ne récoltent eux que 400 millilitres. Denrée rare, l'eau a joué un rôle important dans le développement de certaines régions, notamment côtières. Ainsi Rachid Khanfir a indiqué que pendant des années, la nappe phréatique du centre du pays a été exploitée de manière assez intensive pour alimenter Sfax et le Sahel. Le transfert s'est également opéré au nord pour alimenter la région du Cap Bon, cette fois pour l'agriculture. L'agriculture qui est le principal secteur consommateur d'eau. A l'instar de Yousra Ben Salah, sous-directeur des études et des recherches hydrogéologiques, les intervenants ont insisté sur la nécessité de rationaliser l'utilisation de l'eau, notamment dans les cultures. Selon une étude, les agriculteurs ont tendance à utiliser beaucoup plus d'eau que nécessaire. Dans le sud, si les nappes phréatiques sont peu généreuses, la région dispose d'un réservoir d'eau souterraine très important. Cependant, son exploitation est non seulement coûteuse, mais elle dépend également de la coopération avec nos voisins algériens et libyens. Par ailleurs, le professeur Ameur Horchani (17 ans secrétaire d'Etat chargé des Ressources hydrauliques), qui faisait partie du groupe de travail ayant élaboré le projet de « code de l'eau », a clairement fait savoir que l'extraction du gaz de schiste met en danger la nappe phréatique. Horchani dissipe également les accusations selon lesquelles l'Etat se dirigerait vers une privatisation des ressources en eau. « C'est l'Etat qui gère cette ressource stratégique, dit-il. Cependant, dans le cadre des partenariats public-privé, la Sonede peut très bien sous-traiter certains travaux de modernisation ». Pour sa part, le secrétaire d'Etat chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdallah Rabhi, a indiqué que la stratégie nationale de gestion de l'eau vise « la continuation de la collecte et la mobilisation des eaux de surface, le développement de l'utilisation des eaux non conventionnelles par le dessalement de l'eau de mer et le recours aux eaux usées traitées, la construction de nouveaux barrages et lacs collinaires et la mise en place de plans d'action régionaux dans les gouvernorats les plus touchés par le manque d'eau ». « La Tunisie a pu, malgré la limitation de ses ressources en eau, satisfaire les besoins en eau des différents secteurs même pendant les périodes de sécheresse », a-t-il déclaré.