Les Tunisiens consomment durant Ramadan jusqu'à 4.000 calories par jour au lieu d'un seuil de 2.400. La consommation riche en sucre et en gras n'a qu'un effet : la prise de poids. Les scientifiques musulmans et autres, non musulmans, sont unanimes quant aux vertus du jeûne et ses bienfaits sur le métabolisme. Le mois de l'abstinence apporte, en effet, au corps l'équilibre dont il a besoin pour toute l'année. Cependant, rares sont les Tunisiens qui en sont conscients ou du moins qui contribuent via leur consommation ramadanesque au ressourcement de leur corps conformément aux consignes des nutritionnistes. Et pour preuve, dès que Ramadan pointe du nez, les supermarchés et les marchés fourmillent de clients qui s'adonnent à la fièvre acheteuse avec avidité, trahissant ainsi une goinfrerie innée. Le seul souci de la majorité des Tunisiens consiste à s'auto-approvisionner, quitte à opter pour un comportement alimentaire excessif, à même de compenser doublement, si ce n'est triplement, les heures de jeûne ou de frustration. Comme si le corps du jeûneur devait systématiquement regagner toutes les calories perdues pour rester en forme ! Pour ce, toutes les gourmandises s'avèrent permises, tous les écarts semblent autorisés. Pourtant, la goinfrerie ramadanesque risque de contrecarrer les bienfaits du jeûne. Selon le Dr Zoubaïr Chater, nutritionniste, le comportement alimentaire excessif des Tunisiens durant Ramadan n'est plus à démontrer. D'après des statistiques fiables, les Tunisiens consomment jusqu'à un tiers de plus que la normale durant le mois de Ramadan. «Ce sont les statistiques nationales qui le montrent. Néanmoins, le corps humain a besoin d'un nombre bien déterminé de calories par jour, que ce soit, d'ailleurs, durant Ramadan ou durant le reste de l'année. Un adulte a besoin de 2.000 à 2.400 calories par jour, de quoi le garder en forme et en bonne santé. Or, durant le mois du jeûne, certains font exprès de doubler le volume calorique de leur consommation pour atteindre les 4.000 calories par jour», explique le spécialiste. Pis encore, à l'augmentation quantitative de la consommation durant Ramadan, les Tunisiens optent pour un changement d'ordre qualitatif, lequel enfonce le clou d'un comportement alimentaire malsain. Le nutritionniste pointe du doigt le recours insensé à une alimentation hypercalorique, basée essentiellement sur les aliments riches en sucre aussi bien lent que rapide, ainsi que sur les aliments à forte teneur en gras. Le piège des traditions culinaires Ce comportement se trouve, en effet, favorisé par les traditions culinaires qui privilégient les sucreries traditionnelles frites et trompées dans du sirop, comme les beignets dits «mkharak», «zlebiya», mais aussi «makroudh» et autres délices à base de fruits secs et de sucre. Les mets typiquement tunisiens et consommés durant Ramadan sont essentiellement préparés à base d'œufs, de fromages, de friture et, donc, à base de gras. L'on se régale sans modération, persuadé que le surplus de sucre et de gras conférerait au corps affaibli par le jeûne le tonus dont il a besoin. «Pourtant, renchérit le spécialiste, nul n'a besoin de ce changement négatif pour garder le tonus. Certes, les aliments riches en sucre apportent de l'énergie. Cela dit, miser sur les sucreries et sur de grandes quantités de sucre lent comme les pâtes finira par se transformer en graisse et en prise de poids. D'ailleurs, c'est l'unique effet qui en résultera ». Encore faut-il souligner que les aliments riches en gras, et contrairement à ce que pensent certains Tunisiens qui s'y adonnent sans modération durant le mois de jeûne, ne ravitaillent pas le corps et n'apportent aucunement un surplus d'énergie. Leur unique effet se limite à la sensation de rassasiement. Autant, par conséquent, miser sur les aliments riches en fibres et en vitamines, notamment sur les fruits et légumes. Le nutritionniste recommande, toutefois, de consommer une quantité raisonnable d'aliments riches en sucre lent à la collation du shour, et ce, afin d'éviter les risques d'hypoglycémie.