Les professionnels du secteur sont contrariés : la prochaine édition des Journées théâtrales de Carthage, devenues annuelles depuis 2015, n'aura peut-être pas lieu Le secteur théâtral est en pleine effervescence : on pense que les JTC (Journées théâtrales de Carthage) sont en danger. Nous sommes à quelques mois de la manifestation et aucun directeur n'a été nommé à la tête des Journées, contrairement aux JCC (Journées cinématographiques de Carthage), où la nomination de Néjib Ayed a été confirmée au mois de février 2017. Ce dernier vient même de donner une conférence de presse à Cannes pour annoncer la couleur de la nouvelle session. «Il y a trop de mystère autour de la prochaine édition qui n'aura peut-être pas lieu», dit-on dans un communiqué. On soupçonne que la décision de refaire des JTC une biennale a été déjà prise, sous prétexte qu'il n'y a plus de budget pour cette manifestation lourde et que dans le bilan de la précédente édition, il y a trop de dettes à couvrir. Mais ce qui semble être sûr, c'est qu'à la place des JTC 2017 auront lieu deux nouvelles manifestations : la Saison du Théâtre Tunisien et un festival panarabe conçu et dirigé par le Comité (ou Instance) arabe du Théâtre. Un événement entièrement consacré au théâtre tunisien accorde, en effet, plus de visibilité aux professionnels du secteur. Il permet de fidéliser un public et de lui donner une idée globale sur ce qui se fait en la matière. D'ailleurs, tel était l'objectif de la « Semaine du théâtre tunisien» qui se tenait une fois par an à une certaine époque. Encore faut-il que cette Saison du Théâtre Tunisien soit efficace et rentable. La présence, à l'occasion, de programmeurs, de tourneurs, de bailleurs de fonds ou d'éventuels partenaires de production, donnerait de nouvelles perspectives aux gens du secteur, et leur ouvrirait les frontières pour la distribution de leurs œuvres. Un jury constitué de professionnels sélectionnerait les meilleurs pour les prochaines JTC. Pourquoi pas ? Une telle manifestation éviterait également aux Journées cet «embouteillage» dans la programmation. Ainsi, la direction n'aurait pas à faire de la complaisance, à vouloir satisfaire tout le monde jusqu'à ne plus où se donner la tête côté budget, et surtout vu le manque de temps de préparation, d'équipements et d'espaces de représentations. A notre humble avis, l'idéal serait de faire des JTC une manifestation internationale où l'on verrait le meilleur des œuvres tunisiennes et une bonne sélection de ce qui se fait dans le monde. Ainsi, les professionnels, les critiques et le public pourraient voyager, tout en étant sur place, et se ressourcer. Il fut un temps où cette manifestation était une fenêtre ouverte sur le monde arabe. Elle permettait un échange réel d'expériences et constituait un espace de compétitions et de débats autour des problèmes du secteur, bien que ces derniers, ils n'ont jamais été résolus. Mais aujourd'hui, alors que tout est en train de changer, que de nouvelles pratiques artistiques émergent partout, les JTC sont demeurées classiques et «conventionnelles» dans leur façon de s'organiser et dans ce qu'elles offrent au regard. Conclusion : biennale ou pas biennale, le problème n'est pas là. Il est dans cette fameuse politique culturelle qui n'existe pas. Ou bien qui existe mais dont le but est de détruire la culture au lieu de la construire. Il est dans cet héritage que sont les festivals et dont on ne sait plus qu'en faire. Il est surtout dans cette absence de réelle «passation» d'un ministre de la Culture à un autre. L'un entame un programme que l'autre s'empresse d'effacer. Manque de continuité, manque de clarté, manque tout court... A quand la feuille de route que tout le monde suivra à la lettre pour enfin passer à autre chose et évoluer?