Soulever une coupe dans un grand stade, c'est forcément enivrant et exaltant jusqu'à l'extrême. En quelques semaines, le Club Africain est passé du statut d'équipe en crise à celui de grand favori de la Coupe de Tunisie dont l'apothéose est programmée pour le 17 juin. D'ici là, il va falloir requinquer le moral d'un groupe qui vient de craquer loin de ses bases pour le compte de la 3e journée de la phase des poules de la Coupe de la CAF. Parce qu'entre une défaite inattendue à Rabat, un fond de jeu toujours tatillon et un fléchissement récurrent lors du money-time face au FUS Rabat, les jours de Chiheb Ellili à la tête du CA semblent comptés. Sauf que l'exécutif dément alors que la presse est unanime ! Pour sauver sa peau, le technicien clubiste doit s'assurer d'un passage au dernier carré de la Coupe de la CAF et remporter la Coupe de Tunisie. C'est forcément dans les cordes du CA, quoique rien ne soit gagné d'avance et il va falloir s'armer d'humilité pour y arriver. Les joueurs, quant à eux, ne sont pas exempts de reproches ces derniers temps. Leur responsabilité est engagée. Ils ont été payées rubis sur l'ongle, mais leur rendement est insuffisant et inconstant ! S'ils veulent maintenir la cohésion et l'osmose autour du club, ils doivent «planter des buts» pour décrocher la corde fermement serrée autour du cou de leur entraîneur ! Khelifa, Chenihi, Rusike, Darragi et même Meniaoui, en attaque, doivent s'impliquer davantage dans la construction comme dans la finition. Le quatuor défensif, à son tour, doit sortir de sa léthargie. Bref, lors d'une apothéose, la machine doit tourner à plein régime. Chenihi, le chasseur de primes En dépit de son statut de meilleur buteur du CA et second canonnier du championnat, Brahim Chenihi peine à convaincre définitivement les puristes et à faire taire ses détracteurs. La preuve, on l'annonce régulièrement partant. Critiqué quand il est muet sur le terrain, l'attaquant algérien dégaine par intermittence mais joue les chasseurs de primes dans les grandes occasions. Comme si seuls les gros contrats l'intéressent ! A Rabat, c'est encore lui qui fusille le portier chérifien. Oui, les pieds de Chenihi ont besoin de fouler le tapis rouge pour tourner à plein régime. Ça tombe bien, la C3 et la finale de la Coupe de Tunisie lui proposent plusieurs soirées de gala. Reste maintenant à densifier le jeu d'un onze où les maillons faibles n'ont pas manqué de pénaliser l'équipe à plusieurs reprises. Ça réjouit forcément d'avoir une attaque en verve. Mais ça ne doit pas se limiter à masquer certaines errances et lacunes constatées régulièrement. Ce faisant, on a abordé l'attaque et la défense sans survoler l'entrejeu. Et au cœur du jeu, il y a les Darragi, Khlil, Ghazi Ayadi, Wissem Ben Yahia et Ghandri. Cela dit, Ghandri n'a certainement pas les pieds soyeux de Darragi où la vista de Khlil et de Ben Yahia. Mais son volume de course et sa faculté à couper les angles permettent au CA d'éviter une « verticalisation » trop rapide du jeu adverse. Et c'est forcément grâce à un milieu de terrain qui n'est plus systématiquement transpercé au moindre contre et à une qualité technique qui assure une remontée de ballon sans déchets que les Clubistes pourront se projeter, apporter le ballon jusqu'à leur trio offensif et attendre que la magie opère ! Une tactique qui a ses limites, tant elle est tributaire de l'animation (losange), mais qui donne un atout essentiel au CA : même sans bousculer son adversaire, ce CA-là peut faire sauter la banque à tout moment ! Et puis, derrière, on se contentera (presque) de fermer boutique et de regarder la connexion offensive faire la différence !