L'audace ne manque pas à la jeune violoniste qui a choisi de jouer incognito dans les rues de Tunis en ce mois de Ramadan. Vêtue d'un jean et d'un pull à capuche, qu'elle a empruntés à son frère, Yasmine Azaïez a fait mouche en tentant l'expérience de se produire sur les places publiques comme le font les musiciens de rue qui n'ont pas la possibilité et les moyens de se produire sur scène. Malheureusement, la foule n'était pas au rendez-vous et les rares passants n'étaient pas tous enthousiastes. Après la rupture du jeûne, dans la soirée, la talentueuse et célèbre violoniste Yasmine Azaïez a couvert sa tête d'une capuche pour que les passants ne la reconnaissent pas, s'est munie, non pas de son fameux Stradivarius, mais d'un violon quelconque et s'est dirigée vers Sidi Bou Saïd où elle a proposé un mini-concert non loin d'un café connu de la place. Certains badauds curieux, attirés par la musique, se sont arrêtés et ont apprécié certains refrains, notamment tunisiens. Puis direction l'esplanade de La Marsa Plage où les piétons séduits, se sont arrêtés pour vivre des instants de bonheur en compagnie de l'artiste et son violon. Yasmine ne s'est pas limitée à la banlieue nord, elle a également sillonné les rues de Tunis, notamment l'avenue Bourguiba où les notes magiques de son violon ont interpellé encore une fois les passants, de même sur la place de la Kasbah. Dans les différents endroits où elle s'est produite, les passants n'étaient pas nombreux et leurs réactions différentes. Certains ont brandi leur portable pour la filmer, d'autres se sont arrêtés lorsque le morceau joué était tunisien ou oriental en applaudissant à la fin de la représentation et il y avait ceux, indifférents, qui ont passé leur chemin. Qu'est-ce qui a poussé Yasmine Azaïez, violoniste virtuose à qui toutes les scènes du monde sont ouvertes, à se produire dans la rue ? «J'étais curieuse de connaître la réaction des Tunisiens de voir une artiste jouer dans la rue», explique-t-elle dans une vidéo. Est-ce aussi pour jauger sa popularité auprès du public ? Cette descente dans la rue est aussi une manière de rapprocher le public de la musique instrumentale de qualité. Agée de 28 ans, Yasmine Azaïez a, dès huit ans, intégré l'école Yehudi Menuhin au Royaume-Uni, où elle a étudié le violon avec Raceij Rakowski. Elle y resta onze ans. Elle a été ensuite admise au Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre, à Boston aux Etats-Unis. Forte de plusieurs récompenses, elle a parcouru, depuis 2000, les plus grandes scènes du monde, aux côtés des plus grands musiciens, tels que la très connue Sarah Chang au Merchant Taylors à Londres, mais aussi Zakhar Bron, Miriam Fried, Donald Wielerstein... Elle a participé également aux plus grands festivals, comme le festival de Menuhin en Suisse, le festival «L'incontri in terra di Siena» en Italie, le festival «Mawazzine» au Maroc, et donné maints concerts en Autriche où elle a représenté la Tunisie avec le groupe de Naoufel Ben Aïssa, en Chine, aux USA, au Jordan Hall à Boston, au Royal Albert Hall et au Dorking Halls à Londres, au Sultanat d'Oman, Bahreïn, Boston, Rhode Island, Carthage, Dubaï, Abou Dhabi, Beyrouth, Masqat, Rome... Elle a tenté la chanson et vient de tourner un clip qui est diffusé sur les chaînes de télévision. Elle a fait aussi du cinéma en prenant le risque de camper un rôle dans le film «Histoires tunisiennes» de Nada Mezni Hfaïedh aux côtés de comédiens professionnels, à l'instar de Chakra Rammah et Taoufik El Ayeb. Outre son travail artistique, elle se consacre à une activité bénévole dans une association de sauvegarde des animaux «Animal Rescue». Energique et audacieuse, Yasmine Azaïez, qui ne manque pas d'imagination, multiplie les prestations et les expériences pour continuer à se positionner sur la scène artistique ici et ailleurs.