Selon une étude réalisée par l'INC en 2015, 58,5% des Tunisiens optent pour des jouets douteux proposés sur le marché parallèle L'Agence nationale de contrôle environnemental et sanitaire des produits (Ancsep) a organisé, hier à Tunis, un point de presse pour sensibiliser le public sur les méfaits sanitaires et environnementaux des jouets bas de gamme. Cette rencontre a été tenue en collaboration avec l'Institut national de consommation (INC). A quelques jours de la célébration de l'Aïd, les pavillons des supermarchés tout comme les étals anarchiques jonchant les rues séduisent les chérubins par des jouets attrayants dont certains ne sont point conformes aux normes et sont, de surcroît, de provenance douteuse. Ouvrant la rencontre, M. Mohamed Chiheb Ben Rayana, directeur général de l'Ancsep, rappelle l'effort fourni et par l'Agence et par ses partenaires, notamment les parties concernées comme le ministère de la Santé publique et le ministère du Commerce et de l'Industrie, afin de faire face à la fabrication, à l'importation, à la distribution et à la mise en vente des jouets non conformes aux normes et présentant ainsi des dangers éminents sur la santé de l'enfant et celle de son entourage. Depuis 2000, l'Ancsep dispose d'une commission technique pour la prévention des dangers liés aux jouets non contrôlés. Des équipes relevant des parties précitées mais aussi des municipalités sont chargées de multiplier les actions de contrôle surtout dans le secteur parallèle, sans pour autant parvenir à garantir une couverture optimale de toutes les unités de vente clandestine. «Il convient ainsi de tabler sur la sensibilisation et l'information des consommateurs afin qu'ils soient désormais assez avisés pour pouvoir choisir les bons produits», fait-il remarquer. Lésions, brûlures et maladies cancéreuses De son côté, M. Tarek Ben Jazia, président-directeur général de l'INC, reprend les résultats culminants d'un travail de recherche réalisé, en 2015, par l'INC ; des données qui trahissent l'insouciance du consommateur tunisien et des parents en particulier quant à la qualité des jouets achetés. En effet, ce travail avait porté sur un échantillon représentatif de 1.500 familles habitant le Grand Tunis. «Les chiffres montrent que 41,3% des familles tunisiennes font l'acquisition de jouets en plastique, lesquels sont dangereux pour la santé voire nocifs. Seuls 2,8% tiennent à offrir à leurs progénitures des jeux ludiques. Pis encore : 58,5% des tunisiens optent pour des jouets douteux proposés sur le marché parallèle contre 41,5%, auprès des unités de vente réglementaires», souligne-t-il. Et d'ajouter, contrarié, que les jouets illicites se trouvent souvent disponibles même dans les unités de vente réglementaire. «Certains produits sont dangereux de par leur fonctionnement, dont les pistolets à billes ou à flèches ainsi que les diffuseurs de laser. D'autres contiennent des substances toxiques, susceptibles de provoquer des maladies, des allergies et peuvent même s'avérer cancérigènes à moyen et à long termes», explique M. Ben Jazia, tentant ainsi de prévenir les parents quant aux risques qu'encourent leurs enfants en maniant de tels jouets. Gare aux jouets bas de gamme ! Dans un bref exposé, Mme Souhir Laâdhari, chef du service du contrôle environnemental des produits chimiques, rappelle qu'en 2002, une quarantaine d'accidents ont été enregistrés dans les services des urgences durant les jours de l'Aïd, et ce, suite à l'utilisation des jouets dangereux. Les photos d'illustration n'ont pas laissé l'assistance de glace : de profondes lésions oculaires, des rougeurs, des lésions et des brûlures; autant d'accidents et de désagréments dus aux jouets bas de gamme. «Avançant comme prétexte la cherté des jouets contrôlés et la baisse du pouvoir d'achat, certains parents sont persuadés qu'ils font plaisir à leurs enfants en leur offrant des jouets à des sommes dérisoires. Les diffuseurs de rayons laser ne coûtent qu'un dinar. Ils provoquent néanmoins des désagréments olfactifs et des rougeurs. Les pistolets à billes et à flèches coûtent cinq dinars. Ils sont responsables de grandes lésions au niveau des yeux et des oreilles. Les savons à bulles contiennent beaucoup de bactéries. Les boules étirables risquent de causer l'étranglement et l'étouffement des enfants encore inhabiles âgés de moins de trois ans. Quant aux jouets de guerre, ils ont des effets nocifs aussi bien physiques que psychologiques», rappelle M. Ben Jazia. Mme Laâdhari cite d'autres risques néfastes liés aux jouets bas de gamme, à savoir les substances chimiques cancérigènes, comme le phthalate (Dehp) présent dans le plastique, mais aussi le cadmium et le plomb. Aussi, est-il interdit de fabriquer ou d'importer des jouets et des objets pour enfants contenant plus de 0,1% de phthalate. Les consignes à suivre L'Ancsep recommande aux parents de s'assurer de la traçabilité et de la provenance des jouets achetés, et de veiller à ce que ces derniers soient conformes à l'âge de l'enfant. Il convient aussi d'éviter les jouets dangereux précités et autres, aux recoins pointus de peur qu'ils ne provoquent des lésions et de s'assurer que le produit en question n'est pas facile à abîmer et dont la matière de fabrication ne s'effrite pas. Encore faut-il insister sur l'impératif de faire l'acquisition des jouets auprès des unités de vente contrôlées et réglementaires. Les parents sont vivement appelés à être regardants et à surveiller leurs enfants. Les jouets doivent être rangés à l'abri de la chaleur et de l'humidité.