«Serenata Napulitana : musique baroque italienne, rêverie napolitaine», concert de l'ensemble Partenope de Salvatore Morra, organisé en collaboration avec l'Institut culturel italien, a été présenté mercredi dernier au Palais d'Ennejma Ezzahra à Sidi Bou Saïd. Comme il était convenu, le Centre des musiques arabes et méditerranéennes (Palais d'Ennejma Ezzahra) a rouvert ses portes dès la deuxième quinzaine du mois saint, après sept mois de fermeture pour des travaux d'extension et de réaménagement des locaux annexes du palais et de ses espaces extérieurs. La manifestation ramadanesque «Les nuits d'Ennejma Ezzahra» était l'occasion de célébrer l'ouverture de ce magnifique et prestigieux lieu avec un public toujours aussi dévoué et passionné. En plein air, sous un beau ciel étoilé, les spectateurs ont pris place dans la grande terrasse spécialement aménagée pour la présentation des spectacles durant cette période estivale. Au programme de la soirée du mercredi 21 juin,qui coïncidait avec la Journée mondiale de la musique,le concert «Serenata Napulitana : musique baroque italienne, rêverie napolitaine» de l'ensemble Partenope de Salvatore Morra, un groupe de musiciens italiens spécialisés dans la musique baroque napolitaine du XVIe au XVIIIe siècle. Sur scène, instruments en main, chaque musicien ne ménage ni effets ni efforts, prêt à donner le meilleur de lui-même. Il s'agit de Claudia Liccardi (flûte), Agostino Oliviero (mandoline et violon) et Salvatore Morra (guitare). Ils exprimaient avec un goût sûr toute la poésie contenue dans les compositions baroques et les extraits d'opéra, et nous faisaient goûter la sonorité d'une mandoline mélodieuse, douce et intime et d'une flûte, débordante de fraîcheur et de vélocité. Pleine de fragrances, de timbres, fouillée, vivante et franche, dès la première note, l'approche des musiciens touche sa cible avec allégresse, tact et sensibilité. Ils s'approprient l'ensemble des morceaux programmés avec une vitalité et une musicalité rayonnantes. Aucune sensation d'appauvrissement du discours, mais tout au contraire, celle d'une plongée au cœur de l'inspiration des compositeurs : du relief, du lyrisme toujours tenu et de la rigueur dans la lecture. Puis, impériale par la force et la beauté de sa voix et par son chant ample et fluide, la soprano italienne Maria Ercolano monte sur scène déployant toute l'étendue de son talent d'artiste lyrique. Mettant en valeur toutes ses qualités vocales et la richesse du répertoire baroque napolitain. Notamment dans l'interprétation des magnifiques airs d'opéra. La cantatrice, en pleine possession de son art et de sa voix, a su faire parler, ce genre de répertoire aux oreilles contemporaines. Une interprétation qui ouvrait les espaces secrets des musiques de chambre et particulièrement ceux de la musique baroque napolitaine et nous invite au rêve et à la méditation. La souplesse des cordes et la fluidité de la narration montraient une homogénéité qui fait honneur au travail de l'ensemble. Les œuvres sont exécutées de façon aussi personnelle qu'intéressante ajoutant à leur virtuosité somptueuse la recherche de la mise en valeur des rapports sonores. La voix lumineuse et enchanteresse de Maria Ercolano se marie aux envolées d'une musique colorée, savoureuse et communicative qui dévoile l'expressionnisme musical de la mosaïque méditerranéenne. A travers cette musique aux sons enchanteurs, on est plongé de plein gré dans un univers onirique, où l'on parvient même sur ce fond de musique millénaire, des scènes, des gens et des lieux au parfum de légende.