Par Khaled TEBOURBI Décidément chaud ce début d'été. Et varié. La politique, bien sûr, supplante tout. Jusqu'à la canicule. Ce qui n'est pas peu. Plutôt drôle, aussi, à un moment où quasiment tous les débats télés sont suspendus. Il faudra que l'on nous explique un jour pourquoi au prétexte des «vacances estivales» on arrête de discuter politique en Tunisie. Cela n'existe nulle part. Nord comme sud. Et pour une raison toute simple, évidente : ignorer l'actualité, c'est s'abstraire de la vie même. Grave omission, sans excuses. Ça ne dérange pourtant pas grand-monde ici. La «mise en quarantaine» du Qatar par les monarchies du Golfe méritait, par exemple, un supplément d'éclaircissement. Trop subite, trop inattendue, trop «subtile» surtout, au regard du citoyen lambda. Ne manquant pas, non plus, de «piquant ». Doha seule financerait le terrorisme jihadiste ; tous ses autres voisins, amis et «alliés», non ! « A aucun moment...!» C'est clamé haut, en conférence au sommet, à l'unisson, les yeux dans les yeux. Le comble du «surréalisme» géo-politique ! Mais enfin... La guerre contre la corruption engagée par Youssef Chahed manque aussi d'un petit quelque chose. Certainement «d'images-chocs », assurément encore de longs et francs débats. Avec un tel enjeu, on s'attendait à une «explosion de plateaux». Des ministres sont pointés du doigt. Il n'y a, vraiment, ni démentis, ni confirmations. Sans le relais immédiat de la télé, tout finit par «s'envelopper de flou». Tout finira peut-être par se banaliser, par se «volatiliser». L'arrestation même de Samir El Ouafi, quelques jours après ses «noces nationales», n'a ni surpris ni choqué outre mesure. Des bribes d'infos, quelques commentaires succincts. Et pour le reste, pour tout le reste, un silence étrangement circonspect. Que se passe-t-il donc? Il n'y a pas longtemps, l'arrestation d'un confrère aurait fait remuer ciel et terre. Là, motus quasi complet. On ne peut croire que le « coup de filet » de Chahed a produit son effet de sitôt. Le cas de Samir El Ouafi était un cas limite à notre avis. Sur «Le fil du rasoir» déjà. Le présentateur-vedette, fort de son taux d'audience et de sa grande popularité, a, sans doute, trop présumé de sa position. Il a peut-être fini par croire que l'imbrication du politique et du médiatique offrait d'égales garanties, au médiateur comme au politicien. Ce qui est un leurre, les journalistes d'expérience vous le démontreront parfaitement. Le politique a toujours des «immunités». Le journaliste, une fois «rayé des carnets d'adresses», va au-devant des pires ennuis. On souhaite de tout cœur à Samir El Ouafi de parvenir à s'en sortir. Mais on insistera sur une chose : c'est que nombre d'autres confrères courent, sans forcément en prendre conscience, les mêmes dangers. Excellents chroniqueurs, par ailleurs, on les voit également s'exciter sur les plateaux, prendre souvent position, présumer de leurs «amitiés politiciennes», s'identifier parfois à elles. Et ce qui conduit à ça est une terrible confusion. La démocratie renforce le pluralisme, c'est sa plus grande qualité. Mais son pire défaut (caché !?), c'est de générer des lobbies. Le pluralisme incarne des valeurs. Les lobbies défendent des intérêts. Notre erreur, parfois, souvent, (celle de Samir El Ouafi peut-être) est de confondre les unes avec les autres. De ne pas savoir faire la distinction entre valeur et intérêt. Bonne fête à tous. Et tant et tant d'Aids heureux.