Par Khaled TEBOURBI Impossible de ne pas revenir sur «la prise de bec» de Mokdad Esshili et Samir El Ouafi, l'autre soir sur «Ettounsia». Pour dire quoi ?D'abord que les commentaires, «horrifiés», entendus ici et là, nous ont paru un peu(trop) exagérés ; c'était un direct télé de l'après-révolution, de surcroît émanant d'une chaîne privée «vorace» de «buzzs» et de «sensations fortes», ayant, qui plus est, largement fait ses preuves en la matière et, précisément à ces fins, recruté les animateurs les plus «aptes au boulot». Sans compter que nous aurons, tous, vu pire, autant dans les «talk-shows» qui pullulent depuis un certain 14 janvier qu'au cœur des arènes politiques et de notre quotidien. En bref :aucune vraie raison de s' effaroucher. Nombre d' entre nous l'ont fait quand même. Posture, peut-être. Ras-le-bol, au mieux. Que penser, ensuite, de l'incident ?Une telle échauffourée mérite, malgré tout, «détour». Nous vient vite à l' esprit ce que toute vraie Culture suppose : capacité d'argumenter, flexibilité de pensée, respect et tolérance, jamais violence ! Les «échanges» entre Mokdad Esshili et Samir El Ouafi, l'autre soir à «Klem Ennass», étaient exclusivement violents, absolument dénués d'arguments. Etrange, venant de personnalités, en principe, imputées à l'élite culturelle du pays. En règle générale, il doit y avoir identité de vue sur la question, qu'il s' agisse d'écrivains, de philosophes, d'artistes ou de communicants, tous sont détenteurs d'un savoir, tous, impérativement, ont vocation à s'exprimer en Culture, et non point (en aucun cas !) se laisser aller à leur «tempérament» !! Ce que Mokdad et El Ouafi y auraient perdu au final ?Sans doute cette aura qui faisait que des millions de téléspectateurs leur prêtaient écoute. Leur réputation «élitiste», par-dessus tout. Il n'y a pas que «Gassass» (le simplet), la dégringolade, on le sait maintenant, peut s'effectuer de bien «plus haut» ! Il nous faut, aussi, dire un mot de la rencontre de quelques artistes avec des leaders d'un grand parti. Là, nous intervenons, plutôt, sur le «tard». Les élections ont vécu. L'esprit de «la visite» demeure, néanmoins, susceptible de débat. On ne peut, tout d' abord, omettre que cela s'est passé en pleine campagne électorale. Quasiment à la veille du vote. Pourquoi cette coïncidence ?Notre collègue Abdelhalim Messaoudi (sur Nessma TV) a, certainement, le mieux synthétisé la situation. Il a cité trois hypothèses prohibitives de toutes autres : - Celle de l'engagement pur et simple. Les artistes s'étant rendus à la rencontre «ayant tout à fait le droit de s'en réclamer, mais, en revanche, le devoir de le reconnaître». - Celle, ensuite, de l'opportunisme (hélas fréquent dans ces sphères) et dont le même Mokdad Esshili fera, par la suite, indirectement, «l'aveu». - Celle, enfin, que tout le monde des arts et de la culture aurait approuvé sans le moindre bémol : «rester à l'écart de tout cela»... «S' en tenir à son rôle d'artiste, respecter, surtout, le moment !» Abdelhalim Messaoudi n'a désigné ni «situé» personne parmi les «visiteurs». Il a seulement dit son adhésion à la liberté de pensée des artistes et à leur nécessaire distance vis-à-vis des «jeux et des enjeux politiciens». On suivra son exemple à la lettre, mais avec cette espérance en plus :que la Tunisie démocratique qui essaye de se mettre en place, aujourd'hui, parvienne, enfin, à éliminer ses «vieux démons».