L'argent politique sale tend à instrumentaliser les médias et à marginaliser les instances syndicales Faute professionnelle grave ou acte délibéré, le faux duplex en direct organisé lors de l'émission «Huitième jour», diffusée vendredi soir et fraîchement lancée par la chaîne Ettounsiya, a laissé perplexes les journalistes mais surtout la présidente du Syndicat national des journalistes tunisiens, Néjiba Hamrouni. En effet, cette dernière était dans un coin sombre des studios de ladite chaîne, juste a côté du studio du direct, alors qu'on l'a passée en direct comme si elle était ailleurs. Ne cherchez pas à comprendre puisque la femme en question, elle même n'a pas compris mais aussi n'a pas apprécié ce qui se passait et a opté pour un retrait de l'émission alors qu'elle était en direct. «On m'a invitée à participer à un plateau télé pour débattre du traitement des médias du terrorisme sans pour autant m'expliquer ni le concept de l'émission, ni avec qui j'allais discuter. On m'a équipée d'une oreillette, tout comme mon confrère Samir El Ouafi et on m'a informée que nous allions entrer sur le plateau durant la deuxième période de l'émission. Et voilà qu'après un certain temps, on a introduit El Ouafi sur le plateau alors que je suis restée sur une chaise dans un coin sombre là où on a posé des pièces de décor. Puis on m'a mise en direct pour que j'intervienne comme si j'étais dans un autre endroit, alors que le plateau comptait 7 personnes, hommes. C'était un faux duplex et lors de mon intervention j'avais dès le début posé la question à l'animateur sur ma présence à côté du studio. C'était humiliant. Il m'a répondu qu'il n'y avait pas assez de chaises sur le plateau ! J'ai tout de suite enlevé le matériel dont on m'avait équipée et je me suis retirée», a expliqué Néjiba Hamrouni. Règlement de comptes avec les instances Selon elle, les gens qui sont responsables de cette émission ne respectent pas l'organisme syndical qu'elle représente tout comme tous les journalistes: «C'est une faute professionnelle grave puisqu'on a voulu passer la chose en tant que duplex! Comme militante des droits de la femme, le fait d'avoir 7 hommes bien installés sur le plateau alors que la seule femme a été traitée de cette manière est une humiliation pour la femme. En tant qu'acte délibéré, cet incident démontre qu'il y a une volonté de musuler le journalisme libre et les journalistes. Je pense que c'est une question de règlement de comptes alors que le congrès du syndicat aura lieu prochainement. Il y a des lobbys politiques, médiatiques et financiers corrompus qui veulent instrumentaliser les médias à des fins électoralistes à l'approche des élections. C'est une situation grave que ce fléau où certains journalistes et autres chroniqueurs font du tourisme d'un plateau télé à un autre. Idem pour les radios. L'intention manifeste est d'empêcher les instances régulatrices et le syndicat des journalistes à accomplir leur mission. Rien que ce matin, Mohamed Hamrouni, rédacteur en chef du journal «Edhamir», n'a épargné aucun effort sur un plateau de la chaîne Al Mutawasset pour dénigrer la Haica, par des propos diffamatoires, et tout en appelant l'Assemblée nationale constituante à faire son procès !», a indiqué la présidente du Snjt. Il faut dire que «ne pas trouver de chaise» pour une invitée de plateau est le comble en matière de manque de sérieux et de professionnalisme. C'est une entorse à l'éthique journalistique, à plus forte raison, quand il s'agit de la présidente du Syndicat des journalistes !