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Procès Sami Fehri : L'injustice portée à son paroxysme
Publié dans Business News le 12 - 07 - 2013

Le fameux procès Cactus s'est ouvert vendredi 12 juillet 2013 au Tribunal de première instance de Tunis. A la barre, sept prévenus, dont six anciens hauts cadres de l'Etat sous le régime Ben Ali.
A l'unanimité, leurs avocats demanderont la libération de leurs clients et démontreront, preuves à l'appui, le mauvais fonctionnement du système judiciaire tunisien avec les multiples erreurs de procédures et violations du droit. Le juge décidera de les libérer tous après plusieurs mois de détention.
Ils s'appellent Abdelwahab Abdallah, Brahim Fridhi, Fehri Chelbi, Moncef Gouja, Mustapha Khammari, Hédi Ben Nasr et Sami Fehri. Ils entrent en file indienne à la salle d'audience tête haute et jettent des coups d'œil à la salle archi comble. Sans menottes, contrairement à la procédure habituelle. Des petits sourires par-ci par-là et s'assoient rapidement sur le banc des accusés. Les mois de prison ne les ont pas atteints. Leur dignité est intacte. Costumes pour les uns, t-shirt pour les autres, ils étaient tous bien habillés avec des vêtements qu'on dirait sortis du pressing. La classe, comme s'ils étaient encore au summum de leurs carrières professionnelles.
Cinq d'entre eux ont occupé, pendant quelques mois ou quelques années, la tête de l'Etablissement de la Télévision tunisienne. Abdelwahab Abdallah était ministre des Affaires étrangères et ministre-conseiller de l'ancien président de la République Zine El Abidine Ben Ali. Sami Fehri était le patron de Cactus et associé de Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali.
Le président fait l'appel, deux absents : Trabelsi et Ben Ali. Les plaignants demandent le report pour se constituer partie civile. Les plaignants sont le syndicat de la télé et la société Golden du dénommé Mohamed Hannachi. Vint le tour des avocats des accusés.
Hassen Ghodhbani entame sa plaidoirie. Superbe comme à la télé. Il relève le processus de justice transitionnelle en cours dans le pays et souligne le caractère politique du procès. Evitant d'entrer trop dans le cœur de l'affaire, puisque le report est quasiment certain, il demande la libération de son client Fehri Chelbi, un docteur ayant une famille, et dit au juge : « Je suis convaincu que vous allez prononcer un non-lieu et que vous n'allez pas subir la pression politique ». Il relèvera, dans la foulée, que les lois auxquelles font référence les plaintes n'ont jamais été appliquées à la télévision tunisienne.
L'avocat de Moncef Gouja, lui, oubliera les circonstances et préfère toucher le cœur de l'affaire. « Nous sommes là face à des figures de l'ancien régime, mais tous les régimes vont disparaitre monsieur le président et la justice va rester », déclare-t-il aux cinq juges avant de relever les aberrations contenues dans les dossiers. Le caractère politique ne fait aucun doute et rappelle qu'on est venu arrêter son client, chez lui, une heure trente à peine après le lancement du mandat de dépôt. « Un record mondial ! », souligne-t-il avant de préciser que Sami Fehri est un créateur, un artiste. Le juge hoche de la tête et dit oui.
Vint ensuite Khaled Krichi, avocat de Mustapha Khammari qui demande la libération de son client qui souffre, à 68 ans, de graves problèmes de santé sans omettre de préciser qu'il a tant servi l'Etat.
L'avocat de Hédi Ben Nasr rappelle, également, que son client était un grand commis de l'Etat, un fonctionnaire parfait issu des Affaires étrangères qui ne s'est jamais mêlé de politique et ne s'est jamais encarté dans un parti. Il est soulagé qu'il y ait enfin un tribunal à qui on peut présenter une demande de libération. Il parlera des abus de justice, dans les différentes étapes de la procédure et des droits de l'Homme violés.
Parmi les aberrations citées, il mentionnera cette arrestation intervenue bien après l'instruction. « On ne procède à l'arrestation, après la fin de l'instruction, que s'il y a des éléments nouveaux, ce qui n'est pas le cas dans cette affaire », dit-il.
Hédi Ben Nasr, cet ancien diplomate de 65 ans, n'est resté que onze mois à la tête de la télé avant d'être limogé. Aux yeux de l'avocat, ce limogeage est la preuve que son client ne comprend rien à la politique ou à la télé, il n'a été que commis de l'Etat et n'a fait que servir l'Etat.
Vint ensuite l'avocat de Brahim Fridhi qui entame sa plaidoirie par un poignant « pitié ! ».
Il relèvera, lui aussi, les aberrations du système et du processus. L'affaire Cactus traite des dossiers survenus entre 2003 et 2011, or son client a été limogé en 2003 et a vécu, plus d'une année après, en disgrâce sans ressources. Il citera les expertises qui disculpent, selon lui, son client. Il relèvera que ni le ministère public ni les plaignants n'ont cité son client. Il attirera l'attention que Brahim Fridhi était à l'étranger avant, pendant et après la révolution et qu'il est rentré en Tunisie pour se mettre à la disposition du juge d'instruction, bien qu'il sache qu'il est interdit de voyage.
C'est ensuite un Abdelwaheb Abdallah, tiré à quatre épingles qui se lève à la barre. Ses 73 ans, ses multiples problèmes de santé et ses 25 mois de prison ne l'ont pas empêché de se tenir très droit, dos levé et d'une très grande dignité. Son avocat axera longtemps sur ces 25 mois de prison, durée de détention dépassant largement les 14 mois légaux. « Ce dysfonctionnement du service public pourrait nuire à la justice, oubliez son rôle politique, regardez l'homme et son dossier », plaide l'avocat Ghazouani. Il relève que son client n'a jamais été impliqué dans cette affaire et qu'on lui a « collé » ce dossier. C'était suite à un témoignage de Brahim Fridhi qui a déclaré avoir eu une communication téléphonique durant laquelle Abdelwaheb Abdallah lui aurait demandé d'accélérer le dossier Cactus. Chose qu'a niée l'ancien conseiller. « C'est parole contre parole, mentionne l'avocat avant de faire remarquer que même si c'est vrai, cela ne peut être considéré comme une pression. Moi-même monsieur le juge, je peux venir vous demander de bien vouloir accélérer un dossier ». Quant au programme en question, il relève qu'il a été bénéfique à la télé publique dans le sens qu'il lui rapporté gros en termes de revenus SMS, revenus publicitaires et audimat.
Sabri Ben Slama, son autre avocat, présentera un dossier médical d'Abdelwahab Abdallah pour appuyer la demande de libération conditionnelle.

La dernière plaidoirie sera celle d'Abdelaziz Essid, avocat de Sami Fehri. Spectaculaire et poignante.
A ses côtés, Sonia Dahmani et Mounir Ben Salha. A la barre, en toute élégance et bien droit, Sami Fehri se met debout avec son t-shirt blanc.
Me Essid multipliera les constats agaçants prouvant que le dossier est politique et truffé d'erreurs et de manipulation. « Dieu vous aide dans ce dossier monsieur le juge. Plusieurs juges l'ont traité avant vous et aucun d'eux n'est rentré chez lui satisfait, dit-il. Quelqu'un de haut placé veut que Sami Fehri reste en prison et il fait tout pour cela. » L'avocat est arrêté tout de suite par le juge qui lui dit, avec beaucoup de courtoisie, qu'il est indépendant et qu'il ne reçoit d'ordres de personne. L'avocat poursuit : « Même si vous le libérez dans cette affaire, il restera détenu dans une autre. Et même si je réussis à le libérer dans cette deuxième affaire, on lui en collera une troisième. »
Il relève que le code des procédures pénales a été outragé (et je ne veux pas dire violé, précise-t-il). Il relève que le dossier a été examiné un jour férié. Il relève que la Cour de cassation a décidé sa libération. Il relève que le ministre est le chef du ministère public et que ce ministre est sorti se justifier dans ce dossier. Il relève que le ministre a fait 32 déclarations pour accabler son client. « Si Sami Fehri est coupable, pourquoi l'accuser, les juges le feront ! ». Il relève cette plainte de corruption déposée contre cette « pauvre » juge qui a disculpé son client. « Sommes-nous devant une vraie justice ? Sommes-nous devant une justice respectable ? Mon cœur est déchiré par la situation de la justice ! », s'étrangle Abdelaziz Essid en pleine audience avant de faire remarquer que s'il y a autant d'irrégularités dans les procédures, c'est qu'il y a forcément de la manipulation.
Abordant le cœur de l'affaire, il indique « qu'on reproche à mon client de s'être fait pistonner. Eh oui ! Mon client est le seul en Tunisie qui s'est fait pistonner ! ». Il fait remarquer qu'aucun des directeurs généraux passés à la tête de la télé n'a appliqué un jour la procédure des appels d'offres. « Ce qu'on reproche à Sami Fehri peut être reproché à tous les directeurs ! », indique-t-il avant de faire constater qu'on ne peut pas faire des appels d'offres pour des travaux artistiques.
Il fera d'autres constats, tel le fait que la pub ne s'octroie pas comme ça et que c'est une question d'audimat. Il s'interrogera pourquoi la télévision publique n'a pas percé et n'a pas eu des annonceurs après le départ de Sami Fehri. Il constatera que cette société qui a porté plainte contre lui n'a pas percé non plus. Il remarquera que son client a réussi à monter une télé et la faire classer à la tête de l'audimat, alors que la société est sous administration judiciaire et qu'il n'avait pas un rond. « Sami est un génie monsieur le président ». Le juge hoche de la tête et dit oui.
Il rappelle le paysage médiatique de l'époque quand il n'y avait que cette télé publique, Hannibal et Nessma et que son client n'avait nulle part où diffuser et n'avait pas d'autre choix que de se faire racketter par Belhassen Trabelsi.
« Mon client n'est pas meilleur que d'autres. Mon problème est dans cette injustice appliquée. Juridiquement en cet instant, mon client est libre, bien qu'il soit en état d'arrestation. Légalement, mon client devait être chez lui depuis le 28 novembre 2012 monsieur le président ! Comme on ne peut pas tuer quelqu'un déjà mort monsieur le président, on ne peut pas libérer quelqu'un déjà libre ! ».


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