Au regard de la difficulté de la tâche et du manque de moyens humains et logistiques, l'Observatoire Chahed rapporte que plusieurs agents de l'Isie ont finalement décidé de se retirer de la campagne et comme l'ensemble des organisations de la société civile, il s'attend à ce que le Code des collectivités locales, toujours en discussion en commission parlementaire, soit voté au mois d'août prochain Trois semaines après le démarrage de l'opération d'enregistrement des électeurs, l'Observatoire «Chahed» pour l'observation des élections et l'appui des transitions démocratiques a organisé hier à Tunis une conférence de presse pour présenter les remarques relevées par ses centaines d'observateurs répartis sur les 350 circonscriptions électorales. Selon eux, c'est assurément la logistique qui fait défaut à l'Isie dans cette opération. L'Observatoire note ainsi un déficit du nombre d'agents d'enregistrement et de chargés de la sensibilisation. En plus de ce manque d'effectif, la formation de ces agents laisserait à désirer, surtout qu'ils ne travaillent pas dans des conditions favorables. «Dans certains endroits dans le Sud, les conditions de travail sont très dures», note Haifa Ouafi, membre de l'observatoire. De son côté, Riadh Trabelsi, autre membre de l'Observatoire, affirme que les chargés de la sensibilisation ne disposent pas d'un argumentaire cohérent et d'une formation qui leur permettraient de convaincre les citoyens à s'inscrire. L'ombre de la crise interne Au regard de la difficulté de la tâche et du manque de moyens humains et logistiques, l'Observatoire rapporte que plusieurs agents ont finalement décidé de se retirer de la campagne. Du côté de la communication, l'Observatoire a détecté certaines défaillances comme celle du système informatique, notamment dans la région de Kébili. Selon l'Observatoire, les spots de sensibilisation audiovisuels sont en deçà des attentes. «L'absence de véhicules à disposition des agents de sensibilisation a fait que leurs déplacements se sont limités aux grandes villes», regrette Rochdi Bouaziz, membre du comité directeur de l'Observatoire Chahed. Rochdi Bouaziz explique en partie ces dysfonctionnements par le flottement vécu par l'administration de l'Isie en proie à une crise interne depuis le mois d'avril dernier. «L'Isie est restée 45 jours sans directeur exécutif, 112 jours sans une administration exécutive et 76 jours avec un conseil de l'instance amputé de trois de ses membres démissionnaires, relève-t-il. Dans ces conditions, il est difficile de travailler dans la sérénité». Par ailleurs, six circonscriptions électorales ne disposent pas jusqu'à ce jour d'une instance régionale. La loi 1975 est inadéquate avec le chapitre 7 de la Constitution de 2014 Comme l'ensemble des organisations de la société civile, l'Observatoire Chahed attend ce que le Code des collectivités locales toujours en discussion en commission parlementaire soit voté au mois d'août. «Il n'est pas sain d'organiser des élections sur la base de la loi 1975, une loi qui est en totale inadéquation avec les dispositions du chapitre 7 de la Constitution de 2014», précise Riadh Trabelsi, membre de l'instance directrice de Chahed. L'Observatoire appelle l'Assemblée à faire du projet de Code des collectivités locales leur première priorité. Malgré ce flou qui entoure les élections municipales du 17 décembre 2017, l'Observatoire appelle les Tunisiens à s'inscrire en tant qu'électeurs, mais également à ne pas hésiter à se présenter en tant que candidats, puisque la loi permet aux citoyens de se constituer en listes. «Ce que nous disons aux Tunisiens sur le terrain, c'est que la décentralisation est un choix fait par les constituants et qu'il est irréversible, indique Riadh Trabelsi. La volonté politique pour accélérer le processus existe-t-elle vraiment ? Je ne sais pas».