Le programme Acte s'alignera sur la politique européenne European Energy Award et servira de base pour la création d'un label national Signée cette semaine entre l'Agence nationale pour la maîtrise de l'énergie (Anme) et la Confédération Suisse, une nouvelle convention bilatérale prévoit le prochain lancement du projet d'appui au plan national de transition énergétique des communes tunisiennes. Celui-ci, qui vise à apporter aux communes l'assistance technique et financière leur permettant d'engager et de réussir leur transition énergétique, vient directement en appui au programme national « Alliance des communes pour la transition énergétique », se compose d'une assistance technique et d'un appui juridique, institutionnel et financier. Sur le plan technique, l'assistance directe ou indirecte se fera via la création d'une expertise de proximité (experts locaux et régionaux) pour accompagner les communes dans leur transition énergétique. Sur le plan institutionnel, il s'agit de la structuration des projets d'investissement, et l'élaboration de contrats de performance énergétique. Volet financier, des primes, des prêts et des crédits seront notamment octroyés par la Caisse des prêts et de soutien des collectivités locales à travers les mécanismes spécifiques. Directeur de l'utilisation rationnelle de l'énergie au sein de l'Anme, M. Fethi Henchi a expliqué, à ce propos, que « le programme cible les communes en tant que consommateur et prescripteur. Notre objectif est de relever le défi énergétique à travers la décentralisation. Toutefois, le manque important de compétences et de moyens humains pose problème ». Le programme Acte permettra aux collectivités locales de bénéficier d'une expertise de proximité en renforçant les compétences des responsables communaux en matière de conception et de mise en œuvre des politiques énergétiques. Celles-ci pourront concevoir et mettre en place des stratégies réelles. « Ce programme va aider à lever ces barrières et être en harmonie avec la nouvelle Constitution tunisienne qui a instauré la décentralisation», a poursuivi le responsable. « Il y a un grand travail de renforcement des capacités, et ce, afin d'atteindre les objectifs fixés dans le cadre du projet qui s'étale sur 36 mois. Notre programme Acte va se poursuivre en s'inscrivant dans la continuité à travers le suivi des stratégies et des plans d'action mis en place. Il est essentiel d'engager une transition énergétique devenue inévitable car à l'horizon 2080 il n'y aura plus d'hydrocarbures. Il faut opter pour des énergies nouvelles. La transition vers un nouveau modèle énergétique nécessite d'abord de travailler sur les énergies renouvelables et d'améliorer les performances énergétiques des communes. C'est là le fondement de la politique de transition énergétique qui a été déjà adoptée dans des pays européens tels que la France, l'Allemagne ou l'Italie avec qui nous venons de signer une convention d'appui ». Coopération énergétique internationale Suite à une requête adressée par l'Agence à la coopération suisse en 2015, un financement a été accordé pour accompagner le programme Acte en s'inspirant notamment de la politique EEA (European Energy Award) qui a été adoptée également en Suisse à travers l'adhésion de 700 communes. Des pays comme la Roumanie, l'Ukraine, la Serbie ou la Colombie ont également adopté cette nouvelle approche qui encourage le recours aux énergies renouvelables. Par la voix de son ambassadrice Mme Rita Adam, la Suisse se dit ravie de lancer une nouvelle coopération avec la Tunisie dans la promotion et le développement des énergies renouvelables qui est un pilier important. Elle poursuit : « Nous allons nous associer à un programme du gouvernement tunisien qui s'appelle l'Alliance des communes pour la transition énergétique et dans le cadre du projet que nous cofinançons, nous allons contribuer à la transition énergétique au niveau des collectivités locales. Ce nouveau partenariat pose un nouveau jalon à notre coopération avec la Tunisie. Plus globalement, ce projet visera l'introduction en Tunisie d'une version adaptée aux spécificités locales de l'approche European Energy Award (EEA), un label qui encourage les communes à développer une politique énergétique intégrée. La Suisse ayant créé son propre label en 1991 appelé cité de l'énergie en plus d'adopter celui européen dans 400 communes suisses. Des pays européens comme la France, l'Allemagne, la Roumanie ou non européens tels que le Maroc ou le Chili lui ont emboîté le pas en matière de politique de gestion intégrée et de stratégie énergétique. La Tunisie s'installe dans ce concert de pays prônant un environnement écologique et durable. Par ailleurs, la ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelable a évoqué les audits énergétiques qui vont concerner 350 communes. Cette maîtrise de l'énergie fait-elle savoir, est une des priorités du gouvernement qui prévoit une réduction de la demande énergétique primaire de 30% à l'horizon 2030 par comparaison avec le niveau de consommation de 2010 et l'augmentation du pourcentage de contribution des énergies renouvelables dans la production de l'électricité de 30% . Suite aux accords de Paris sur le climat COP21, la stratégie tunisienne a été axée sur un partenariat technique avec l'Anme qui repose sur l'économie d'énergie et la promotion des énergies renouvelables. Elle a relevé la situation préoccupante des ressources énergétiques à cause des effets du changement climatique, d'où l'importance d'agir au niveau des communes et des villes dans le déploiement des énergies renouvelables. « Le gouvernement va responsabiliser les collectivités locales qui doivent s'acquitter de leur facture énergétique », conclut-elle. Mohamed Salem Kechiche