Tout de blanc vêtus sur fond noir avec de beaux pétales de fleurs multicolores, tel le bouquet de roses qui a été remis aux artistes de la troupe «Ajras» dirigée par Adel Bouallègue qui l'a offert aux onze jeunes filles, musiciennes et choralistes, habillées chacune dans une couleur différente. Tel a été le tableau du spectacle «Massarat» sur la scène du Musée de Carthage vendredi 21 juillet dans le cadre de la 53e édition du Festival international de Carthage. Le spectacle a démarré sur une agréable symphonie musicale intitulée Sisyphe, interprétée par trois musiciens ; une flûtiste, une contrebassiste et un percussionniste. Une sorte de hors-d'œuvre exquis pour mettre en appétit la nombreuse assistance de fins mélomanes. A Sisyphe, ont succédé les «Massarat» (cheminement existentiel) d'autres hommes sages, et même de femmes tunisiennes. Honneur à Mahmoud Darwich auquel ont été consacrées trois œuvres, puis Sghaïer Ouled Ahmed, à travers deux poèmes «Hadha Ana» et «Tounsi mara wa7da» et Hédi Guella et son célébrissime «Babour Zamar» qui a vogué sur tous les océans de la planète. La troupe «Ajras» a ensuite interprété trois chansons, hommage au combat mené par la femme tunisienne libre et son «Cri de soif» (titre de l'une des chansons). C'est dans ce même ordre d'idées que la chanson «Kema Ejedh3» a été composée en l'honneur du martyr Chokri Belaïd. Après un intermède de deux airs latinos interprétés en espagnol par la famille Bakri, Adel, le père, exilé aux percussions, Marta sa femme, chant et guitare colombienne et leur fille chanteuse Hayet, dont le fameux tube «Hasta siempre, comandante» qui fait honneur au légendaire Che Guevara, reprise en chœur par tout le public. Adel Bouallègue et sa troupe pensaient achever sur le «Massar» de Carthage, chanson spécialement composée, avec deux autres, à l'occasion de cette première de «Ajras» sur la scène du Festival international Carthage, mais c'était compter sans un public totalement acquis qui en redemandait encore et encore. En guise de remerciements, «Ajras» les gratifia en bouquet final d'un feu d'artifice avec deux œuvres de Cheikh Imam qui ont fait lever toute la salle, emballée par les rythmes entraînants. En retour, la troupe a eu droit à une standing ovation pendant de longues minutes. Il faut reconnaître que cela était mérité tant la composition musicale et l'exécution des chants étaient en harmonie avec les émotions exprimées par les poètes et en symbiose avec le message porté par les rimes. Toute une philosophie musicale, et ce n'est pas par hasard si «Ajras» est dirigée par un professeur de philosophie de la musique.