Ses innombrables visiteurs toujours en quête de «Baraka» Abou Saïd Ibnou Khalef Ibnou Yahya El Tamimi El Béji naquit en 551 à «Béja El Kadima» près de La Manouba, ce qui correspond à 1155 grégorien. Il choisit de tout abandonner pour se réfugier et méditer sur les hauteurs de la colline de Sidi Dhrif pour se vouer en toute quiétude et sérénité à la vénération du divin. Son mausolée draine jusqu'à nos jours une foule de gens et de fidèles. Grâce à sa position géographique surplombant la mer et sa proximité de Carthage et notamment grâce à son savoir et sa «baraka», il a su dignement assurer la continuité de sa notoriété. Certains fidèles ne font qu'une halte, le temps d'une méditation. D'autres, venus de loin, se permettent de passer toute l'après-midi en contemplation et en dévotion dans l'enceinte de ce lieu saint. Agée d'une soixantaine d'années à peine, Saïda El Yakoubi a été chargée de s'occuper de Sidi Bou Saïd, autrement dit «Oukila». Originaire du village de Sidi Bou Saïd, Saïda El Yakoubi ne connaît pas de répit. Petite de taille mais robuste, elle s'adonne corps et âme à sa tâche. Elle est au rendez- vous pour accueillir les fidèles du saint patron. Certains sont à la recherche d'une parole bienveillante, d'autres recherchent le réconfort spirituel. D'autres encore viennent par lassitude et désespoir faire un vœu qui serait réalisable après la visite de ce marabout, explique Saïda avec un sourire. A l'appel du muezzin du minaret jouxtant le mausolée, les fidèles accourent en quête de bénédiction du marabout. «L'eau est bénite, l'endroit est magique, je viens pour réciter la Fatiha sur l'âme de ce saint pieux et serein Sidi Bou Saïd el Béji», raconte un visiteur. «Ces visites sont bénies notamment le jeudi et le vendredi où des offrandes sont apportées au saint patron», précise Moufida, une jeune femme dynamique âgée d'une trentaine d'années, la mine joviale et le sourire aux lèvres. Pas de doute que ces lieux saints dont la notoriété a dépassé les frontières attirent les pèlerins, les convertis à l'islam venus des quatre coins du monde. On y trouve du henné pour les mariées, des bonbons pour les enfants et des bougies pour la «baraka». On offre en outre à manger le vendredi. «Les bienfaiteurs donnent aux pauvres des aumônes sous forme de plats de couscous préparés dans de larges plats», explique l'oukila qui est là depuis 2013. Elle se rappelle les travaux de restauration après l'incendie qui avait ravagé le mausolée. Désormais, Sidi Bou Saïd El Béji a été mis sous surveillance. Lalla Chérifa décédée en bas âge sainte et fille de Sidi Bou Saïd el Béji repose respectueusement dans la zaouia du même nom. On lui apporte des poupées et des vêtements d'enfants. On allume une bougie, on récite la Fatiha et on fait un vœu. Saïda nous livre les secrets des lieux saints, en véritable connaisseuse, elle souligne que ce lieu continue à exercer son pouvoir. Elle indique que la visite soulage de l'anxiété, procure le bonheur conjugal, attire la chance, la réussite dans les affaires, mais le tout en croyant profondément en la suprématie du Tout-Puissant et d'ajouter : «La méditation dans ce lieu saint et soufi nous apprend l'adoration totale du divin et le mépris des biens terrestres». Lieu de dévotion populaire, la Zaouia abrite chaque année au mois de septembre «Ouled Sidi Belhassen».