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Le bien et le Mal ; l'envoûtement et l'exorcisme
Reportages : Ce retour vers les saints et Marabouts
Publié dans Le Temps le 28 - 12 - 2007

Sidi Belhassan, Sidi Mehrez, Essaîda Al Mannoubia, Sidi Ali Azouz (...) Des saints, des Marabouts, des symboles qui résistent aux nouvelles tendances. Leurs tombes continuent d'attirer des milliers de personnes, les unes y allant simplement pour y lire El Fatiha, les autres pour formuler des vœux et demander des miracles et quelques-unes pour acquérir la Baraka, la bénédiction du Saint.
On y croit dur comme fer. « Il guéri. Il se venge. Il ramène ce que l'on a perdu et intercède en la faveur des gens auprès de Dieu pour que les souhaits soient exaucés. »
A écouter les uns et les autres, on a l'impression que le Saint prend une autre dimension. Il n'est plus une personne ayant fait du bien de son vivant et qui est mort et enterré depuis des siècles. Il est bien vivant. Il continue à avoir du pouvoir, un pouvoir presque divin !
Il est ici essentiel de faire la différence entre Saints, Sages et Cheikhs. Les maîtres d'école coranique ont servi de guides spirituels, mais étaient simplement considérés comme des Cheikhs. Ceux parmi eux qui ont accompli des missions nobles sont admirés au point qu'on érige un mausolée en leur honneur après leur mort et l'admiration se transforme alors en vénération.
On cite comme exemple Etienne Dinet lequel de peintre parisien se convertit à l'Islam et partit vivre dans le sud algérien au 19ème siècle. Son nom devint alors Nasredine Dinet et il mourut peu après son retour de la Mecque. La population l'a alors érigé au rang de Saint.
Notons néanmoins que le terme saint, ainsi que les pèlerinages qu'effectuent les gens à sa tombe ne sont pas une pratique répandue seulement au sein des musulmans. On se demande même si c'est une pratique musulmane !
Les Chrétiens tout comme les juifs croient aussi aux saints et à leur pouvoir qui résiste au temps et à la mort. Dans notre pays, nous comptons des mausolées de saints musulmans, mais aussi de Saints juifs comme Rabi Yacoub Slama au gouvernorat de Nabeul et d'autres aussi. Le même rituel se répète, quelle que soit la religion, dans l'un ou l'autre mausolée : prière, allumage de bougies, vœux...
Si dans une époque révolue, ces pratiques étaient les seuls moyens de faire face à la maladie, à la misère et aux épreuves, vu que l'ignorance empêchait les gens d'envisager d'autres perspectives, comment expliquer que cela puisse persister jusqu'à aujourd'hui ?
Nombreux sont les mausolées et les saints dans notre pays. Appartenant à la religion juive tout comme musulmane, leur point commun est la moralité ayant enveloppé leur vie et les services qu'ils ont rendus à leur communauté.
Enrichissant notre patrimoine que cela soit sur le plan architectural tout comme culturel et mystique, ils « appauvrissent » néanmoins le niveau intellectuel des gens. On ne peut expliquer le secret que cette vénération que continuent à leur vouer des milliers de personnes, ni l'énergie et le temps qu'elles passent à les visiter, ni même pourquoi elles sont sûres du pouvoir de ces saints, mais on peut au moins se poser la question suivante : en quoi quelqu'un mort et enterré depuis des siècles peut-il continuer à exercer un pouvoir quelconque ? Est-ce la sainteté de leur vie suffit pour en faire des gens immortels et dont la vie défi la mort ?...
Dans un coin des ruelles de la Médina, des femmes se bousculent presque autour d'un petit vendeur. Elles achètent des bougies et de l'encens. Elles se rendent chez le Saint, le Sultan de la Médina, Sidi Mehrez.
Le rituel doit être respecté : tête couverte, bougie à la main et surtout beaucoup de réserve et de silence !
Une femme nous explique déjà, en achetant des bougies, que la visite du Saint doit être effectuée le mercredi mais comme elle passait par là, elle devait effectuer son petit « pèlerinage ». « Pourquoi le mercredi », avons-nous demandé ? Elle semblait surprise par notre question et elle y répondit alors par une autre « Et pourquoi on visite Sidi Bel Hassan un samedi ? ». La conversation est sibylline, nous insistons : « Pourquoi un mercredi pour Sidi Mehrez et un samedi pour Sidi Bel Hassan ». Avec un peu d'ironie, elle pose une autre question : « En quel jour devra-t-être effectuée la visite à Sayda Al Mannoubia ? ». « Renseignez-nous ! ». Choquée et même cynique, la dame demandait si j'étais de Tunisie. J'ai dis oui. Elle sortit de ses gonds : « Vous êtes de Tunis et vous ne connaissez pas votre pays !! Ces Saints sont visités selon leurs jours de mort ! ». Pour cette dame, ne pas connaître les jours de visites des saints, relève de l'ignorance, du blasphème même...
Nous entrons alors dans le lieu sacré, une fontaine se trouve dans la cour extérieure qui brille de propreté et qui ouvre sur une seconde cour, plus petite et couverte. Dans un coin se trouve une tombe et sur cette tombe sont éparpillées des pièces de monnaie et des bougies. C'est celle du coiffeur de Sidi Mehrez nous a-t-on expliqué... Lui aussi a sa part dans les honneurs.
Dans l'autre côté de cette petite cour, une vieille femme est assise auprès d'un puits autour duquel, se regroupent des femmes buvant de l'eau. C'est une eau qui guérit les maux, nous affirme-t-on. « Quels maux ? », « tous ! Avec le pouvoir de Sidi Mehrez et la volonté de Dieu, il suffit de faire le vœu ! ».
Nous entrons dans une grande pièce où se dresse la tombe de Sidi Mehrez, le Sultan. Imposante. Entourée de fer forgé blanc. Un grand livre de Coran ouvert y est déposé et à ses pieds, des bougies éparpillées. Aux alentours, les femmes sont assises silencieuses sur les matelas ou à même la natte.
Une vieille femme parlait à la gardienne la suppliant de la laisser entrer à l'intérieur de la grille du fer forgé afin de prier juste à côté de la tombe. Elle en a fait le rêve et elle venait exécuter les exigences du Sultan !
Une autre vieille femme avance elle aussi, mais en trébuchant. Elle enroule une bougie dans un sachet qu'elle jette au pied de la tombe. « Pourquoi ? », nous lui avons demandé, « Un portable nous a été volé, j'ai fait un vœu et je suis venue ici pour que Sidi Mehrez nous aide ! ». « Croyez-vous, que le saint vous ramènera le portable », c'est alors qu'elle nous répondit avec les larmes aux yeux et une voix émue : « Même si le portable ne revient pas, Sidi Mehrez se vengera du voleur, j'en suis convaincue !».
Au coin de la vaste pièce, une autre tombe se dresse. Moins imposante. Mais pas moins entretenue, c'est celle de Khadija, la fille du Saint. Ainsi la mausolée regroupe Sidi Mehrez, sa fille et son coiffeur...
Les visiteuses que nous avons croisées à l'intérieur du « lieu saint » ne sont point que des vieilles femmes portant en elles le patrimoine des légendes et la foi en le pouvoir des saints. Des jeunes filles, des dames et même des adolescents et des hommes sont là, recueillis, venant obtenir la bénédiction du Saint et son aide.
Ayant remarqué que toutes les bougies ont été jetées éteintes, nous avons demandé où pouvions nous allumer les nôtres et quelle en est la signification.
« Si quelqu'un vous a fait du tort et que vous souhaitiez que la colère du Saint s'abatte sur lui, allez dans l'autre pièce et allumez vos bougies dans le coin, laissez-les et « confiez » cette personne aux soins de Sidi Mehrez. Il s'en occupera ! ».
Nous nous introduisons alors dans une autre pièce qui donne aussi sur la cour intérieure et à la porte nous voyons une table sur laquelle se trouve du couscous et on nous conseille d'en manger : il contient « El Baraka, la bénédiction » du Saint. En fait, une personne l'a emmené comme don...

Sidi Ibrahim Ryahi, le guérisseur contre les Djinns...
Nous quittons le mausolée de Sidi Mehrez pour nous rendre à un autre, celui de Sidi Ibrahim Ryahi, construit en 1850 par Ahmed Bey 1er. Il a été rénové en 1878 par Sadok Bey. Contrairement, au premier mausolée, un petit couloir nous mène à la cour intérieure et, en face une porte donne sur une pièce remplie de matelas. Au centre, un banc sur lequel est assise une dame, voilée coupant du pain. C'est la femme du petit fils du Saint et elle voue ses journées à travailler pour lui. Elle vient et prépare tout ce que les visiteurs emmènent pour que les gens qui viennent volontairement lire le Coran puissent le manger. Pour le moment, il n'y a que du pain, mais une femme qui vient d'arriver lui donne une boîte de dattes...
« Quelle est la « baraka » du saint » lui avons-nous demandé et aussitôt elle a commencé par nous préciser que seul Dieu a le Pouvoir sur les gens, mais que le Saint guérit les personnes atteintes par « le Djinn ». Celles qui sont habitées par les mauvais esprits et le diable, devraient venir chaque vendredi pendant sept semaines pour écouter la « jaweharat el kamal » un récital religieux et elles sont exorcisées !
Depuis une autre pièce, nous parvenaient les voix des hommes récitant jaweharat el kamal, ce sont des prières louant le prophète et des louanges à Dieu. Ils viennent volontiers tous les jours. Mais c'est surtout le vendredi que l'endroit ne désemplit point...

Entre le mythe et la légende...
Sidi Bou Said :
L'histoire attribue le nom du village de Sidi Bou Saïd au saint musulman Sidi Abou Saïd Ibn Yahia El-Béji. Son mausolée se trouve justement au cœur du village, surplombant la colline et la mer.
Sidi Abou Saïd est né en 1156 et avait étudié et enseigné les sciences de la religion à la Zitouna. Soufi, il partit au Moyen Orient, y effectue un long voyage avant de se retirer pour méditer et vivre comme un marabout (moine érudit). Il choisit comme sanctuaire le Mont à Feu (Jebél El-Manar servant depuis les ères punique et romaine comme une tour à feu pour guider les embarcations) qui sert actuellement comme phare.
C'est ainsi que son sanctuaire devint mausolée à sa mort en 1231 où il fut enterré sur place.

Essaïda Al Mannoubia
Née en 1267 et baptisée Aïcha Manoubia, elle a passé sa vie à errer à Tunis et à faire presque quotidiennement le parcours : Tunis - Manouba pour recevoir son enseignement de Sidi Bel Hassan Chadli. Célibataire, Sortant à visage découvert et parlant aux hommes, elle fut traitée de femme de mauvaises mœurs et c'est ainsi qu'elle lança sa malédiction sur la Manouba et ses habitants.
Soufie, elle ne passa pas sa vie retranchée et reculée pour méditer. Elle était plutôt femme d'acte et de paroles et organisa des Hadhras « transes de possessions animées par des musiciens ».
Une fois décédée, elle fut enterrée sur l'une des collines où elle avait l'habitude de prier. Néanmoins, deux mausolées lui sont dédiés : l'un à Tunis, l'autre à la Manouba.

Sidi Ali Azouz
Né à Fès, il vint en Tunisie et spécialement à Zaghouan où il construisit lui-même son mausolée et donna naissance à la tariqa (confrérie mystique) Al Azouzia. L'un de ses disciples fut Moulay Mouslima-Salama Al-Alaoui, sultan marocain déchu qui avait fui le Maroc et trouvé refuge en Tunisie.
Le mausolée, où a été enterré Sidi Ali Azouz en 1720, ne fut pas uniquement un lieu de culte, mais aussi un centre culturel servant à propager le patrimoine andalou, entre autres, le Maâlouf.


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