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« L'investissement dans le tourisme de masse n'est plus d'actualité »
Entretien avec... Salma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l'Artisanat
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 08 - 2017

Le secteur du tourisme connaît actuellement une certaine reprise. Et avec la levée des restrictions de voyage de la part de la Grande-Bretagne et d'autres pays européens, on espère un regain d'intérêt pour la destination Tunisie. Mais les mêmes défis se présentent encore et risquent d'entraver la montée en gamme. La restructuration du secteur est fondamentale pour le développement d'une nouvelle image du tourisme tunisien. Une vision qui se base sur de nouveaux concepts et l'orientation vers de nouveaux marchés porteurs, selon Salma Elloumi Rekik, ministre du Tourisme et de l'Artisanat. Entretien
Comment se présente l'état des lieux du secteur jusqu'à fin juillet 2017 et quelles perspectives pour le reste de la saison ?
Actuellement, nous enregistrons une reprise sur les marchés traditionnels. Le marché français est en retour en première position avec une croissance de 42% par rapport à l'année dernière. En termes de nuitées, nous avons enregistré plus de 20% de croissance.
Pour le mois de juillet, la croissance est de 17% par rapport à juillet 2016. Le marché britannique a enrgistré, avant la levée de l'interdiction, une reprise de 30%. Nous espérons qu'il redémarrera maintenant. Le marché belge a connu une croissance de 100%. Le marché européen a atteint 17%. Il y a une baisse dans le marché russe, mais la clientèle est différente et nettement meilleure que celle de l'année dernière.
Nous aurons une réunion, la semaine prochaine, avec les premiers responsables du tour-opérateur Thomas Cook, lequel se déplacera en Tunisie. Je vous confirme que plusieurs tour-opérateurs ont aussi repris leurs activités.
Dans certains nouveaux marchés comme la Chine, la croissance est de 350%. En valeur absolue, ce n'est pas important, mais la levée du visa a influé sur la hausse du flux. Il s'agit d'un nouveau marché que nous voulons développer. Nous sommes, d'ailleurs, en discussions avec des T.-O. italiens pour organiser des circuits de Rome à Carthage, comme circuits culturels.
En ce qui concerne les perspectives pour le reste de la saison, nous avons déjà annoncé, en début d'année, des prévisions de croissance de 8% en termes d'arrivées. Mais nous ne pouvons juger qu'à la fin de l'année. Je pense que nous serons aussi capable de réaliser les estimations annoncées, soit 6,5 millions de touristes contre 5,7 en 2016. Aujourd'hui, nous sommes déjà à 3,6 millions en début de saison.
Les chiffres ne sont pas déterminants. Le plus important est la restructuration du secteur. L'important est de donner une autre image, aller vers un tourisme à valeur ajoutée.
Au niveau stratégique quelle est la vision du ministère pour promouvoir la destination et offrir un produit touristique de qualité et plus diversifié répondant aux attentes des marchés traditionnels et des nouveaux marchés ?
Je pense que ce qui est important est de restructurer le secteur et de lui donner l'impulsion nécessaire. Au niveau international, sur 11 emplois qui sont créés, il y a un qui vient du tourisme. 10% du revenu mondial vient aussi du tourisme. Si nous prenons le cas de l'Espagne, qui a connu une crise économique majeure, elle a fait son redémarrage grâce au tourisme, et en investissant dans la moyenne gamme. L'investissement dans le tourisme de masse n'est plus d'actualité.
Le produit tunisien était essentiellement un produit balnéaire et un produit de masse. C'est un créneau qui reste valable, en parallèle, nous devons développer un tourisme haut de gamme et un tourisme moyen qui crée une valeur ajoutée. Le tourisme de masse n'a pas une grande valeur ajoutée. Au contraire, il provoque une détérioration de l'infrastructure et demande de grands moyens pour l'amélioration et la maintenance.
Notre orientation est le tourisme durable. Même dans l'investissement dans les infrastructures, nous voulons axer notre action sur les énergies renouvelables et le tourisme vert. Les zones touristiques et le béton, c'est fini.
Nous avons modifié notre stratégie, notamment celle de la communication. Auparavant, nous recourions à une seule agence. Actuellement, nous avons procédé à un découpage territorial suivant les cultures et les régions. Nous ne pouvons pas nous adresser de la même façon à un Russe ou un Chinois. Nous avons choisi différentes agences de communication pour travailler sur différents marchés.
L'aspect culturel est devenu très important et nous avons signé un accord de partenariat avec le ministère de la Culture pour la mise en valeur de certains sites, parce que l'investissement dans le tourisme est essentiellement privé. Notre budget est consacré en majorité à la communication. Nous essayons d'accélérer la mise en valeur des sites archéologiques et de travailler avec les professionnels. Plusieurs projets seront réalisés en partenariat public-privé.
Les professionnels ont toujours appelé à une restructuration de l'Office national du tourisme tunisien (Ontt), estimant que sa structure actuelle est assez lourde pour pouvoir accomplir sa mission. Qu'a fait le ministère à ce sujet ?
Auparavant, l'Ontt était chargé de la formation, de l'investissement et de la promotion. Ce sont trois métiers différents. Si on prend la formation, elle a été complétement délaissée alors que nous avons des centres très performants. Nous avons procédé à la restructuration de l'office, avec la création d'une agence indépendante de la formation. Notre objectif est l'excellence et le partenariat avec les plus grandes écoles occidentales.
Huit centres seront jumelés avec des centres étrangers pour donner une plus grande dimension à la formation. En plus, il y a plusieurs nouveaux métiers qui ne sont pas enseignés dans les centres de formation professionnelle, qui vont être dispensés. Le centre de Kerkouane a établi un jumelage avec un centre de Genève. Le centre de Nabeul fera probablement la même chose avec un centre chinois, dont le marché est en train de monter.
Il y a un réel besoin de personnel qualifié dans les unités touristiques et les professionnels se plaignent de ce manque. Nous voulons que la nouvelle agence soit une locomotive pour la mise à niveau de la formation dans le secteur. Un chiffre a été avancé sur la destruction de plusieurs milliers d'emplois dans le secteur depuis 2008. C'est un chiffre que nous ne pouvons pas juger vu le déficit enregistré à tous les niveaux du personnel.
Y a-t-il une amélioration au sujet de l'endettement hôtelier surtout pour les hôtels en grande difficulté ?
Il y a eu un accord entre la BCT, le ministère des Finances et les professionnels, ainsi que les banques privées. Il ne vise pas seulement la restructuration, mais aussi le développement du secteur. Il y a des hôtels qui ont un potentiel très élevé et sont en grande difficulté parce que depuis 2011, ils ne sont pas arrivés à rembourser leurs dettes.
Il n'arrivent plus à avoir des crédits pour la maintenance et l'investissement alors que c'est un secteur où il y a des règles de maintenance, des exigences de modernisation des services, des garanties de sécurité à l'intérieur des hôtels, etc. Ils ont des obligations et des procédures à respecter. Ces hôtels doivent présenter un business plan qui sera étudié par des commissions. C'est un accord consensuel auquel nous sommes parvenus, qui stipule un redressement financier de ces hôtels et un développement de tout le secteur. Un Livre blanc a été préparé et sera soumis prochainement à un Conseil ministériel pour approbation.
D'ailleurs, nous travaillons étroitement avec le secteur privé. Nous avons organisé les assises du tourisme qui ont rassemblé le ministère du Tourisme et tous les ministères qui ont une relation directe avec le tourisme, les professionnels et la société civile. 23 projets ont été identifiés et seront mis en place en partie par le ministère du Tourisme et les professionnels
Comment évolue l'investissement dans le secteur touristique, surtout avec l'annonce de l'ouverture de nouvelles unités hôtelières de renommée internationale ?
Les grandes enseignes sont en train de revenir en Tunisie, à l'instar d'Accor, Movenpick, Radisson, Magic Life, Ritz Carlton, Sheraton, Four seasons, etc. Il y a de nouveaux projets comme La Cigale Gammarth qui sera l'un des importants hôtels en Méditerranée, englobant un centre de congrès de 5 mille places, un mall, un hôtel cinq étoiles, des villas pour location, un spa, un centre sportif. Le projet de l'hôtel La Cigale à Tabarka démarre ainsi que celui de Diar Qatarya au Sud.
Un forum sur l'investissement dans le tourisme sera, d'ailleurs, organisé les 2 et 3 octobre à Tunis, durant lequel nous allons présenter des projets aux investisseurs.
Est-ce qu'il y a eu un avancement sur le dossier de l'Open Sky, avec tous les retards cumulés depuis des années et pensez-vous que l'infrastructure tunisienne est prête réellement à s'y engager ?
Le dernier round des négociations a eu lieu à Bruxelles entre la Tunisie et l'Union européenne. C'est un accord multilatéral. Le point du Brexit a été soulevé, pour la définition du territoire qui devait être faite avant juillet. Mais rien n'est fait jusqu'à aujourd'hui. En principe, la signature définitive devait se faire le 17 juillet.
En ce qui concerne l'infrastructure, Tozeur et Tabarka sont pratiquement en Open Sky, mais comme il y a eu des années de crise, il n'y avait pas de demandes. Maintenant, il y a un redémarrage. Tunisair se réserve Tunis-Carthage dans quelques années. Les problèmes rencontrés par la compagnie nationale peuvent impacter certainement la mise en place de l'Open Sky, mais nous retenons l'idée qu'il y a une volonté d'améliorer les services.
Le tourisme intérieur souffre souvent de la hausse des prix. N'y a-t-il pas une démarche pour encourager encore plus les Tunisiens à passer leurs vacances en Tunisie ?
Au contraire de ce qu'on dit, 30% des nuitées sont maintenant assurées par les Tunisiens. Dans les pays développés, le tourisme local représente à peu près 30%. Donc, nous sommes dans les normes. Même dans les hôtels, le comportement des Tunisiens a changé. Il y avait auparavant une tendance à voyager à l'étranger, mais c'est devenu plus difficile avec les visas et la dévaluation du dinar.
Nous faisons pression actuellement sur les hôtels pour fixer des prix abordables pour les Tunisiens. Nous allons négocier encore davantage avec les hôteliers et les agences de voyages.
Comment se porte le marché algérien et comment améliorer sa contribution à la croissance du tourisme tunisien?
Il s'agit d'un marché traditionnel mais qui est très important. Beaucoup d'argent circule dans le marché parallèle. Le problème est que la majorité des passages frontaliers manquent de bureaux de change et de banques. Actuellement, certains passages ont été équipés de ces bureaux. En 2015, ce sont les Algériens qui sont venus en masse. C'est un marché auquel nous devons accorder une attention particulière. Il y a une amélioration des services au niveau des frontières avec l'installation d'espaces de repos. Ceci ne peut qu'encourager nos frères algériens à venir en Tunisie.
Il y a eu un débat actuellement sur la question du quota en devise accordé pour les agences de voyages pour l'activité outgoing. Y a-t-il un avancement sur ce sujet?
Auparavant, il n'y avait pas de quota. Maintenant, nous avons consacré 25 MDT pour cette activité, mais la Fédération tunisienne des agences de voyages (Ftav) estime que c'est insuffisant. La situation est difficile et nous avons un déficit au niveau des devises.
Nous avons tenu une réunion avec la Ftav et nous avons estimé que le travail sur l'ingoing sera plus intéressant. Plusieurs agences peuvent se rassembler et faire développer cette activité.
Qu'en est-il aussi de l'activité Hadj et Omra, qui a enregistré plusieurs réclamations de la part des clients insatisfaits ?
Nous avons préparé un cahier des charges avec le ministère des Affaires religieuses et la Ftav. Toutes les agences qui ont fait objet de réclamations n'auront plus droit à exercer cette activité et seront obligées d'indeminser leurs clients. La Ftav a la responsablité de contrôle et de suivi des dossiers concernés.
En ce qui concerne l'artisanat, quelle est la stratégie actuelle pour promouvoir ses branches d'activités en voie de disparition ?
Nous avons mis en place un Programme national de développement de l'artisanat (Pnda) en collaboration avec les professionnels et la société civile. Ses axes principaux consistent en la mise en place d'un cadre institutionnel du secteur de l'artisanat, renforcer la qualité, la formation et l'inscription de tous les métiers, mais aussi développer la vente et la promotion. Nous avons une richesse exceptionnelle que nous devons capitaliser.
Comment se porte le marché du tapis, surtout avec la concurrence des tapis industriels ?
Il y a eu une baisse très forte des ventes du tapis traditionnel qui était principalement exporté à l'étranger. C'est la crise du secteur touristique qui a affecté les ventes. Au niveau local, il y a un changement dans le comportement des Tunisiens qui recourent plutôt au tapis industriel, moins cher et facile à entretenir.
Mais actuellement, nous constatons qu'il y a une demande sur le margoum et le tissage ras. Le centre technique du tapis travaille sur cette orientation. Nous avons misé sur les nouveaux investissements comme pour le cas de l'hôtel Four Season. Nous avons confié à la région de Ouedhref la conception des tapis en tissage ras, de même pour le cuivre à Kairouan avec un design différent et des prix intéressants. Pour Diar Qatarya aussi, il y aura une utilisation du marbre tunisien.
Comment voyez-vous les perspectives pour le secteur ?
Nous devons rester sur la même lancée et consolider la restructuration. Le développement du tourisme est lié à plusieurs variables comme la sécurité, l'environnement, le transport. Nous travaillons avec les autres ministères de façon régulière pour faire passer les changements nécessaires. Il y va du rayonnement de notre pays et du bien-être de ses citoyens


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