Nous, Nomadis Images, Cinétéfilms et Propaganda Productions (Dora Bouchoucha, Habib Attia et Imed Marzouk), producteurs de films, sommes désolés d'avoir commis le délit de mener à bien des films comme celui de Leyla Bouzid « A peine j'ouvre les yeux » multirécompensé à travers le monde, celui de Mohamed Ben Attia « Hédi », doublement primé à Berlin et Prix lumières de la Francophonie, ceux de Kawther Ben H'nia « Zeineb n'aime pas la neige » Tanit d'Or aux JCC 2016 et « La belle et la meute » loué par la critique internationale au dernier Festival de Cannes sans compter les courts métrages et autres documentaires. Nous sommes désolés d'avoir commis le délit que l'une de nous ait présidé durant trois ans des fonds d'aide à la production internationaux qui ont permis à plusieurs films tunisiens d'exister, d'avoir parmi les bénéficiaires de ces fonds, la Palme d'Or du Festival de Cannes 2014 « Winter Sleep » et bien d'autres. Nous sommes désolés d'avoir commis le délit d'être experts à l'international reconnus comme tels aussi bien dans le monde arabe et en Afrique que dans le monde anglophone et francophone. Nous sommes désolés d'avoir commis le délit de chercher sans cesse à promouvoir les talents qui émergent, notamment grâce aux Ateliers Sud Ecriture, désolés de ne pas chercher à nous enrichir mais, au contraire, de tout mettre en œuvre, y compris à notre détriment, pour la réussite des films que nous produisons. Nous sommes désolés d'avoir commis le délit de baliser le terrain pour des jeunes, à l'instar de nos aînés. Nous sommes désolés d'avoir commis le délit de présenter un cinéma tunisien créatif, n'ayant rien à envier aux cinémas du monde et surtout un professionnalisme qui nous met sur un pied d'égalité avec les producteurs occidentaux. Nous sommes désolés d'avoir commis le délit de présenter une image positive de la Tunisie dans le monde entier. Nous sommes encore plus désolés d'avoir commis le délit d'avoir une crédibilité auprès des instances internationales, des festivals renommés, ce qui nous a permis d'être choisis par la Quinzaine des réalisateurs de Cannes pour mener à bien le financement et la production du projet TUNISIA FACTORY 2018 qui permettra à quatre jeunes réalisateurs tunisiens de coréaliser avec quatre autres réalisateurs étrangers des courts-métrages qui seront présentés en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes 2018, et qui leur permettra également de s'entretenir avec des professionnels (producteurs, vendeurs, distributeurs) de leurs projets de long-métrage, ce qui leur permettra de trouver le maximum de soutiens financiers. Nous sommes encore plus désolés d'avoir commis le délit d'avoir accepté de nous mettre en retrait pour mettre en avant d'autres producteurs tunisiens, nous sommes encore plus désolés d'avoir la confiance de la Quinzaine des réalisateurs qui tient à la garantie de bonne fin du projet Factory et qui nous a jugés dignes de mener à bien cette opération. Nous sommes encore plus désolés de vouloir que la cinématographie tunisienne soit partie prenante du cinéma mondial au même titre que les nations ayant une longue tradition en la matière. Nous sommes encore plus désolés de vouloir partager avec d'autres notre expérience, nos connaissances et notre carnet d'adresses, de ne pas penser sans cesse à nos propres intérêts. Nous sommes encore plus désolés d'avoir commis le délit d'investir de notre argent et de notre temps pour réussir ce challenge qui provoque quelques éclats de voix dont la plus virulente nous fait un procès d'intention, jette le doute et la suspicion sur nous et sur le Cnci qui soutient ce projet d'envergure pour le cinéma national, en utilisant sa triple casquette de producteur, réalisateur et de chroniqueur radio. D'autres producteurs travaillent comme nous à la promotion d'un cinéma de qualité, il est regrettable que lorsque des voix s'élèvent ce soit surtout pour critiquer et lancer des accusations infondées. En un mot comme en cent, nous sommes encore plus désolés d'avoir commis le délit de vouloir le meilleur pour la culture, notre jeunesse et notre pays. Nous sommes désolés... Dora Bouchoucha Habib Attia Imed Marzouk