Dorra Bouchoucha s'exprime sur la décision de rendre annuelle la manifestation, sa vision pour le festival et son désir d'instaurer un bureau permanent. Les Journées cinématographiques de Carthage se tiennent désormais tous les ans. La nouvelle a été annoncée à l'agence TAP par la directrice du festival, Dorra Bouchoucha, pendant la dernière édition du festival de Cannes. Nous l'avons contactée pour plus de détails sur les motivations qui se tiennent derrière cette décision, laquelle marque un tournant dans l'histoire des JCC. «C'est la demande de tous et depuis longtemps, déclare Dorra Bouchoucha... Avant, les JCC étaient pratiquement le seul festival dans le continent, il n'y avait pas de concurrence... Mais les choses évoluent!». La nouvelle périodicité des JCC est donc un moyen de s'imposer et d'avoir plus de visibilité sur l'échiquier des festivals internationaux. La 25e édition du festival à vocation arabe et africaine se tiendra du 1er au 8 novembre, avait déclaré Dorra Bouchoucha à l'agence TAP, à qui elle avait expliqué que l'alternance avec le festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) n'est plus de mise puisque ce dernier se tient en février. Le festival aura-t-il assez de films pour maintenir le cap? Dorra Bouchoucha est persuadée que oui. «Il ne s'agit pas uniquement de la production d'un pays, mais de celle d'un continent et du monde», avance-t-elle. Dans ce sens, elle affirme que l'équipe organisatrice veillera à donner plus de diversité au programme. «Le public doit voir ce qui se fait dans le monde. Il y aura plusieurs sections, à part la compétition», explique-t-elle. Mais elle précise que le festival ne changera pas sa vocation arabe et africaine. La décision de rendre les JCC annuels met cette manifestation devant un autre challenge : celui de concurrencer des festivals forts de leurs moyens, au Maroc ou dans les pays du Golfe à titre d'exemple. «Ces festivals ont une tout autre vocation, avec une compétition internationale, répond la directrice. Nous n'allons pas concurrencer les autres festivals par les moyens mais par une autre stratégie. Nous avons un public unique. Les JCC ont leur prestige, leur historique». Dorra Bouchoucha évoque, de plus, des volets où le festival a été pionnier, comme l'atelier des projets, créé en 1992. «Il s'agit d'une sélection de projets de films qui passent devant un jury pour obtenir des bourses de production. Tous les festivals nous ont copié là-dessus mais, si les JCC deviennent annuelles, nous pouvons à notre tour exiger l'exclusivité des films issus de cette sélection», clarifie-t-elle. Autre priorité pour Dorra Bouchoucha : instaurer un bureau permanent pour les JCC. Là aussi, c'est une demande collective, exprimée depuis des années par les associations cinématographiques. «Notre objectif est d'assurer une certaine continuité dans l'organisation de ce festival, indépendamment du comité directeur qui vient ou qui part», avait déclaré Dorra Bouchoucha à la TAP pendant le festival de Cannes. Selon elle, un bureau œuvrant toute l'année, à l'instar de tous les grands festivals, permettra de redonner aux JCC leur rayonnement. Les membres de ce bureau, d'autre part, ne doivent être ni réalisateurs ni producteurs, afin d'éviter les conflits d'intérêt. Etant elle-même productrice, Dorra Bouchoucha a décidé de reporter le tournage de son projet en cours, le long-métrage Nhebbek Hedi, de Mohamed Ben Attia, afin de ne pas cumuler les deux fonctions. «Nous travaillons sur le projet du bureau permanent, en parallèle avec l'organisation de cette édition des JCC. J'aimerais laisser cet acquis après mon départ», nous confie-t-elle en guise de conclusion.