Mohsen Lahidheb est un vrai marin sensible aux humeurs de la mer et à ses mouvements quand souffle très fort le dieu Eole et qui fait tanguer les bateaux, secouer les voiles, briser les mats et faire sauter toute la cargaison par dessus bord. Dans la zone touristique de Zarzis, sur la route qui mène à Souihel, se trouve une curieuse et vieille bâtisse traditionnelle flanquée d'une vaste cour pleine d'objets — rebuts provenant de la mer. C'est la «maison de la mer» du sieur Mohsen Lahidheb —, maison pauvre, faut-il le préciser dans ce quartier dégarni où les jeunes délaissés et oisifs s'ennuient à longueur de journée. Cet ancien marin-pêcheur, qui a «la marée dans le cœur», l'a convertie, depuis quelques années déjà, en un «musée de la mer et de l'homme» grâce à l'accumulation d'objets provenant de la flore et de la faune marines mais surtout de l'homme : restes de bateaux échoués, cordages, bouées, bouteilles, vaisselles, etc. Un autre phénomène, insolite celui-là, — depuis la révolution —, l'apparition de noyés, de plus en plus nombreux, des migrants, des harragas rejetés par les flots tumultueux de la mer, gisants humains de tout âge qui viennent s'échouer sur les plages de ce côté-ci de la Méditerranée. Mohsen Lahidheb scrute, de sa plage, la mer tous les jours pour repérer ce genre de phénomènes annonceur de drames familiaux. C'est la raison pour laquelle il a aménagé un terrain en guise de cimetière, pour accueillir et inhumer dignement ceux qui n'ont pas eu la chance d'arriver à bon port de l'autre côté de la Méditerranée. Le nombre d'épaves humaines est variable, selon les guerres, les dictatures renforcées, les saisons, les humeurs, les accidents aussi... signe que l'on doit donner l'alarme... Mohsen Lahidheb est un vrai marin sensible aux humeurs de la mer et à ses mouvements quand souffle très fort le dieu Eole et qui fait tanguer les bateaux, secouer les voiles, briser les mats et faire sauter toute la cargaison par-dessus bord. Et ce sont ces objets de cargaison que l'on retrouve dans les deux salles-galeries où sont rangés des objets de tout ordre, sur des étagères et à même le sol terreux. Il y a même des tableaux d'honneur sur les murs, divers documents attestant de la personnalité de Mohsen Lahidheb, de son expérience de la mer, de l'amour sans faille qu'il porte à la flore et à la faune marines, encourageant les marins-pêcheurs, les plaisanciers, les riverains et les touristes à respecter l'environnement marin et terrestre. Il a obtenu il y a quelques années le record du Guinness en matière d'écologie et de préservation de l'environnement. Ajoutez à cela ses actions humanitaires et vous comprendrez, chers lecteurs, l'importance de cet humaniste hors pair. C'est la raison pour laquelle nous demandons instamment, pour le sieur Mohsen Lahidheb, que l'honorable instance de l'Unesco fasse quelque chose pour ce «musée de la mer et de l'homme»: construire un meilleur abri pour ce «musée-mémoire de la mer» dans les normes muséales adéquates. Ce serait un acte de solidarité et d'encouragement à la protection de l'environnement en Tunisie qui a mal, vraiment mal à son écologie!