Le 8 septembre est la Journée internationale contre l'analphabétisme. D'après une étude menée par le directeur de la «Central Connecticut State University», Dr John W. Miller, la Tunisie est le 52e pays le plus alphabétisé sur 61. La Tunisie se classe devant l'Afrique du Sud 56e ou encore le Maroc 58e, mais derrière Chypre (33e) ou l'Estonie (14e). Le Qatar est le pays arabe le plus alphabétisé, selon le rapport. Celui-ci se classe à la 45e place. Selon l'université du Connecticut, la Finlande, la Norvège et l'Islande sont les pays les plus alphabétisés, alors que la Thaïlande, l'Indonésie et le Botswana ferment la marche. Le rapport publié en 2016 par l'université en question exhorte les pays à «améliorer leurs comportements pour la réussite des individus dans des économies basées sur la connaissance». Le rapport étudie 5 critères qui sont : l'accès à la presse, aux bibliothèques, aux ordinateurs et la contribution à l'éducation. Malgré les divers programmes mis en place au cours des dix dernières années, l'analphabétisme touche encore une grande partie de la population tunisienne. Dans certaines régions défavorisées, à l'instar de Kasserine, le taux d'abandon scolaire atteint 63% et 37% à Gafsa durant l'année 2015/2016, selon une étude menée sur le terrain en collaboration avec la Délégation de l'Union européenne en Tunisie. Selon l'INS, le taux d'analphabétisme en Tunisie atteint les 19,3% pour la population âgée de plus de 10 ans, dont 25% de sexe féminin. Malgré le taux de réussite scolaire des femmes qui est en nette progression, il est affligeant de constater que l'analphabétisme touche en grande partie les femmes, notamment dans les zones rurales. Ces disparités s'expliquent en grande partie par la pauvreté et la précarité. En effet, il existe des familles qui n'ont pas les moyens de scolariser leurs enfants et souvent ce sont les filles qu'on sacrifie. Vu l'éloignement de l'école de la maison, les enfants sont obligés de faire plusieurs kilomètres à pied pour rejoindre l'école, et ce, faute de moyens de transport dans des régions inaccessibles. Ajoutons à cela des pratiques culturelles qui n'encouragent pas l'accès des filles à l'école. Certaines familles préfèrent stopper précocement l'enseignement à leur fille sans qu'elle ait acquis les compétences de base et la gardent à la maison pour les tâches ménagères et la marier aussitôt que l'occasion se présente. Pour venir à bout de cette carence, de nombreux programmes d'alphabétisation ont vu le jour dans le cadre d'une stratégie nationale d'alphabétisation, d'éducation non formelle et d'enseignement pour adultes s'inscrivant dans l'élaboration du Plan de développement 2016/2020. Rayer l'analphabétisme d'ici 2025 Cette stratégie, visant à accélérer la lutte contre l'analphabétisme chez les jeunes issus des régions marginalisées, est appuyée par l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture qui apporte le soutien logistique nécessaire à la Tunisie afin de mettre en place une stratégie d'alphabétisation et de développement de l'éducation non formelle. Celle-ci repose initialement sur plusieurs axes visant l'instauration, à l'horizon 2025, d'une société tunisienne totalement alphabétisée, et à lutter contre l'analphabétisme dans les quartiers populaires à forte densité démographique et dans les zones rurales. Cette stratégie de lutte contre l'analphabétisme mise sur une approche participative, impliquant toutes les structures publiques et privées et leurs composantes. Le taux d'analphabétisme demeure élevé en Tunisie et constitue un obstacle à la réussite du processus démocratique et un frein au développement économique. A rappeler que cette stratégie nationale d'alphabétisation, d'éducation non formelle et d'enseignement pour adultes, qui s'étale de 2016 à 2027, est lancée à l'initiative de la Direction d'alphabétisme et d'enseignement pour adultes au ministère des Affaires sociales en collaboration avec le bureau de l'Unesco à Rabat. Rappelons que dans la région du Maghreb, la Tunisie (23%) est classée troisième après l'Algérie (14%), la Libye (17%), le Maroc fait figure de mauvais élève avec un taux d'analphabétisme de 32%, loin derrière, et la Mauritanie fait pire avec un taux de 42%.