Les députés écouteront demain Youssef Chahed défendre son nouveau gouvernement et son programme. Ils lui accorderont leur confiance au bout d'un débat qu'on attend passionnant et passionné Demain, lundi 11 septembre, les députés siégeront au palais du Bardo en session extraordinaire, en vue de voter leur confiance aux nouveaux ministres et secrétaires d'Etat désignés, mercredi dernier, par Youssef Chahed au sein du gouvernement d'union nationale qu'il préside depuis fin août 2016. Tout nouveau ministre est tenu d'obtenir l'aval d'au moins 109 députés, ce qui constitue la majorité absolue, c'est-à-dire la moitié des 217 députés + 1. Au cas où un seul ministre n'arriverait pas à obtenir la confiance d'au moins 109 députés, c'est le gouvernement dans son intégralité qui tombe et on revient à la case départ dans la mesure où le président de la République peut charger, de nouveau, le chef du gouvernement de former un nouveau gouvernement ou une autre personnalité pour le choix d'un nouveau gouvernement. Mais nous n'en sommes pas là puisque la majorité écrasante des observateurs sont convaincus que pour «le gouvernement de guerre», comme Youssef Chahed qualifie lui-même sa nouvelle équipe ministérielle, la confiance du Parlement est déjà acquise et à une majorité confortable qui pourrait atteindre 170 oui. Youssef Chahed se doit cependant de convaincre les députés du bien-fondé du remaniement qu'il vient d'opérer au sein de son équipe ministérielle, de leur expliciter les objectifs qu'il s'est fixés d'ici 2019, de leur détailler les critères sur lesquels il s'est fondé pour choisir ses nouveaux collaborateurs et de leur fournir, enfin, le fameux document sur le programme du gouvernement élaboré en partenariat avec les signataires du Document de Carthage, parrains des gouvernements d'union nationale I et II (mais cette fois, sans l'Union patriotique libre présidée par Slim Riahi, passée dans l'opposition). Ainsi, le chef du gouvernement prononcera-t-il à l'ouverture de la session un discours ou une allocution ou une déclaration-programme où il exposera les objectifs à court, moyen et long termes de son nouveau gouvernement. Il parlera sûrement de la poursuite de la guerre contre la corruption et la contrebande, de la loi de finances 2018, de la rentrée scolaire 2017-2018, de la lutte contre le terrorisme, du plan national de sauvetage des entreprises publiques, de l'expérience des négociations directes avec les coordinations des sit-inneurs dans les régions, de ce qu'il pense des propositions de Moncef Sellami appelant à un impôt sur les gros revenus et à empêcher les touristes de profiter des avantages de la compensation des produits subventionnés ou de l'idée de Rached Ghannouchi prônant le retour des Habous pour financer l'enseignement supérieur et la recherche scientifique. Il nous dira aussi, via le Parlement, qu'est-ce que la police environnementale a entrepris depuis son entrée en fonction le 13 juillet dernier, qu'est-ce que Mohamed Salah Arfaoui, le ministre de l'Equipement, a préparé en prévision de Ghassalet Ennouadher. Et les députés de la majorité et aussi de l'opposition auront tout le loisir de dire ce qu'ils ont sur le cœur, sachant qu'ils sont privés de parole depuis le 31 juillet dernier, alors que Sihem Ben Sedrine continue à faire ce qu'elle veut au sein de l'IVD, que les avocats de Chafik Jarraya blanchissent quotidiennement dans les médias leur client et que les policiers coffrent régulièrement des douaniers œuvrant au service des réseaux de la contrebande. La session parlementaire de demain nous fera revivre, sûrement, l'ambiance toujours chauffée au sein d'un parlement où certains députés jouent les vedettes, animent les débats à leur manière et font le buzz quels que soient les dossiers à discuter. Et bien que les dés soient déjà jetés et que le sort du gouvernement Youssef Chahed soit entre les mains des députés, on continue à conditionner son soutien à ce même gouvernement. Hier, Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'Ugtt, a réaffirmé à Monastir : «La Centrale syndicale offre son soutien au nouveau gouvernement tant que ce dernier offre de nouveaux acquis». En tout état de cause, les nouveaux ministres de Youssef Chahed savent ce qui les attend, les députés aussi. Quant aux Tunisiens, ils demandent du concret, c'est-à-dire des mesures qui leur permettent d'aborder la rentrée scolaire «avec une petite accalmie des prix que personne ne peut plus maîtriser».