Comme s'il ne suffisait pas que les députés ne parviennent pas à élire le nouveau président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), voilà que l'instance, qui fonctionne sous la présidence par intérim d'Anouar Ben Hassen (qui n'a pas remporté une seule voix quand il a postulé à la présidence), se trouve confrontée à sa première épreuve. Il s'agit de l'affaire Anis Jarbouii qui vient d'être élu membre de l'Isie en tant que représentant des anciens universitaires et qui est passé au deuxième tour de l'élection ratée du nouveau président en compagnie de Nabil Baffoun, représentant des huissiers judiciaires siégeant au conseil de direction de l'Isie depuis l'époque où Kamel Jendoubi présidait l'instance. Il se trouve, d'après les déclarations de Samia Abbou, députée du Courant démocratique, qu'«Anis Jarbouii figure parmi les enseignants universitaires qui ont exhorté l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali à se porter candidat à l'élection présidentielle de 2014, qu'il est, donc, un «mounachid» et en prime, il a été déjà exclu par l'Isie elle-même le 26 octobre 2014 de son poste de chef de bureau de vote pour avoir incité les électeurs à voter pour le candidat Béji Caïd Essebsi». Comment sa candidature a-t-elle été avalisée par la commission parlementaire de tri obligée selon la loi sur l'Isie de la déclarer irrecevable puisque «les mounachidine et les anciens responsables du RCD dissous sont exclus de candidature à l'Isie». Samia Abbou n'a pas de réponse tranchante à cette question ? Elle assure, cependant, que «la commission de tri a exclu, cette fois, de ses délibérations les représentants des associations de la société civile spécialisées dans le suivi du processus électoral comme l'Atide, I Watch et Mourakiboun. A l'époque de l'ANC, ces associations participaient aux réunions consacrées au filtrage des candidatures et avaient l'opportunité d'attirer l'attention sur les erreurs». Elle ajoute : «Il semble que la commission de tri s'est contentée du bulletin des antécédents judiciaires du candidat Anis Jarbouii et n'a pas cherché à savoir s'il avait eu des activités au sein du RCD ou s'il a été ‘‘mounachid'' même s'il n'a jamais été adhérent au parti de Ben Ali». Maintenant que les révélations de Samia Abbou, basées sur des informations publiées par une blogueuse inconnue, sont relayées par l'ensemble des médias (sans que personne n'affirme si elles sont fausses ou véridiques), la balle est dans le camp de l'Isie. Pour le moment, le conseil de direction de l'Isie préfère se pencher sur les préparatifs des législatives partielles en Allemagne et sur la réouverture des inscriptions des électeurs en prévision des municipales qui se dérouleront, comme l'avait annoncé l'Isie, le 25 mars prochain, date qui attend toujours l'aval des partis politiques. La seule réaction provenant de l'Isie est celle de Riadh Bouhouchi, membre du conseil de direction de l'instance : «Nous nous réunirons prochainement pour statuer sur l'affaire Jarbouii et nous prendrons les décisions qu'impose la loi», assure-t-il.