Durant une semaine, Le Kef et ses alentours seront le lieu de rencontres, de débats, de musique et d'échanges, le court métrage et le plaisir d'une projection en seront le maître mot. C'est la deuxième édition du Festival du court métrage du Kef, une manifestation culturelle créée par un groupe de jeunes auquel s'est associée l'Association pour le cinéma et les arts du Kef (ACT du Kef) et qui ont en commun une volonté d'instaurer de vrais changements dans le paysage social, culturel et cinématographique actuel. Cette initiative émane d'une détermination à prouver la possibilité de réunir amateurs, créateurs, professionnels, passionnés et producteurs. Le festival se veut un lieu d'initiation pour certains, de renforcement de capacités pour d'autres, ainsi qu'un point de repérage. Les organisateurs du festival, qui ont tenu une conférence de presse mercredi dernier à l'espace El Teatro, ont exprimé le désir et la détermination de replacer le court dans son cadre naturel et contribuer à son essor. Plusieurs événements inédits en Tunisie auront lieu dans des «zones d'ombre culturelles» et mettront en œuvre des spectacles non élitistes accessibles à tous. Ayant pour mission de faire émerger des talents d'Afrique du Nord, le FCKef rend à la fois hommage au court et au Kef. Ce point de rencontre entre créateurs et professionnels du domaine cinématographique s'est choisi pour logis la ville du Kef et rayonnera sur toute sa périphérie proche et lointaine. Pourquoi le court ? A cette question le président du festival Amir Gueddiche répond : «Des centaines de courts métrages voient le jour chaque année, que ce soit en Tunisie ou dans toute la région d'Afrique du Nord. Cependant, très peu de salles de cinéma dans la région pratiquent la diffusion d'avant-séance et les festivals de cinéma dédiés au court métrage se font très rares. Ce qui est dommage». Exposer et débattre autour des courts métrages tunisiens et maghrébins. Développer la culture cinématographique et l'esprit critique. Stimuler la création audiovisuelle, numérique et révéler les talents. Favoriser les rencontres et les échanges entre passionnés de cinéma, afin que ces personnes puissent collaborer, échanger et se lancer des défis de création. Diffuser et promouvoir des œuvres originales réalisées par les participants dans le cadre des ateliers proposés par le festival. Favoriser l'accès des zones défavorisées à la culture cinématographique. Animer la Ville du Kef par le biais de différentes formes de spectacles (musique, danse, théâtre, arts de la rue, expositions...). Soutenir l'activité économique de la région ou, plus techniquement, l'économie créative. Le FCKef est une manifestation à vocation essentiellement artistique, culturelle et humaniste qui, durant huit jours, fera des différents lieux du Kef des espaces de projection et de débat du film non commercial, et une réhabilitation du cinéma d'auteur. Son but est d'encourager la diversité culturelle et de propager l'art cinématographique tunisien, maghrébin et africain. Le public n'est pas seulement convié à cette occasion à découvrir vingt films, la plupart inédits en Tunisie dont des tunisiens, des algériens, des marocains et des égyptiens, il est aussi invité à assister à une dizaine de concerts musicaux et à participer à différents ateliers. Lors de cette édition, il y aura des projections dans des centres de détention, un ciné-concert, deux spectacles théâtraux, beaucoup d'ateliers, une table ronde et une conférence aussi. L'objectif de ce festival se ressent dans une programmation dense et éclatée en exploitant différents lieux dans la Médina du Kef et ses environs, aussi bien dans les maisons de la culture, qu'en plein air, à l'intérieur des prisons et dans des sites historiques. Les projections auront lieu aussi dans le Centre d'arts dramatiques au quartier général du festival, au Théâtre de Poche, à la Basilique du Kef, à l'Eglise Saint-Pierre, à la maison de la culture du Kef, à l'Espace culturel Cirta : projections et conférences, dans toutes les maisons de la culture du gouvernorat du Kef (El Ksour, Tejerouine, Dehmani, Sers...), en plein air dans différents villages de la région et dans les centres de détention et les prisons du gouvernorat. Une soixantaine de réalisateurs de différentes nationalités ont envoyé leurs candidatures, dont une vingtaine a été retenue. Le festival se veut totalement festif, et les organisateurs intègrent dans la programmation cinématographique des concerts musicaux et un ciné-concert en plus des nombreux ateliers entre photo, écriture de scénario, storyboarding, découpage, montage, graffiti et réalisation, ainsi qu'un atelier ambulant qui sillonnera les villages les plus reculés. Et comme chaque festival qui voudrait faire les choses en grand, un jury des plus prestigieux sera de la partie, formé de Fatma Ben Saïdane, Abdallah Yahia, Kmar Ben Dana, Souhir Ben Amara et Zied Litayem. Ce jury volontaire et passionné, dont la mission ne se limitera pas à primer les meilleures œuvres, sera totalement impliqué dans l'animation des ateliers dans les villages et sera présent à la rencontre du public. Tout cet effort ne bénéficie, jusqu'à ce jour, que de promesses de subventions qui ne tarderont pas, on espère, à venir, du soutien des autorités régionales. Malgré l'absence de moyens financiers, le festival aura bien lieu et vivra longtemps grâce au volontariat de ceux qui le font, ceux qui y croient, grâce à toutes les forces vives et aux artistes qui ont montré à chaque occasion qui se présente leur inconditionnel soutien à tout projet artistique et humain.