• Confiance quant à la capacité de la Tunisie de concrétiser les politiques et programmes prévus pour la prochaine période • La Tunisie a engagé la réalisation d'un réseau de technopôles pour favoriser la synergie entre enseignement, recherche et production • Des études sectorielles pour arrêter des stratégies pertinentes dans les créneaux porteurs • Le nouveau système d'incitation à l'investissement en cours de préparation • Des négociations en cours pour accéder à un statut avancé avec l'UE à l'effet d'ouvrir de nouveaux horizons à l'économie tunisienne • Un programme de renforcement de l'intégration de l'économie tunisienne en cours de finalisation avec la Banque mondiale Sur instructions du Président Zine El Abidine Ben Ali, le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, a assisté, hier, au siège de la Banque mondiale à Washington, à une table ronde sur les spécificités du modèle de développement tunisien et l'approche adoptée pour relever les défis socioéconomiques futurs. M. Ghannouchi a réitéré au président de la Banque mondiale, M. Robert Bruce Zoellick, la haute appréciation du Président de la République et du gouvernement tunisien, pour son ferme engagement en faveur du développement dans le monde et en Afrique. Il a mis en exergue un important changement qualitatif dans les relations de la Tunisie avec la Banque durant les trois dernières années, indiquant que "les revues des politiques de développement et les rapports thématiques sont désormais élaborés de façon concertée, et sont donc plus opérationnels, plus pertinents. Les prêts revêtent, de plus en plus, des aspects novateurs. Et le dialogue avec les experts de la Banque n'a cessé de se développer dans le cadre d'un esprit de partenariat confiant et constructif." Sous l'impulsion du Président Zine El Abidine Ben Ali, a souligné le Premier ministre, la Tunisie connaît de profonds changements structurels. De même, d'importants programmes d'investissements sont lancés dans les différentes régions du pays, pour développer l'infrastructure de base et les équipements collectifs, dont en particulier ceux de l'enseignement et de la formation. Une situation financière saine Face à la crise financière et économique internationale, ajoute le Premier ministre, les politiques de réformes et de restructuration, menées par le passé, ont permis à la Tunisie de disposer d'une situation financière saine et donc d'une marge de manœuvre confortable, pour agir rapidement, et faire face à cette situation, tout en maintenant le cap des réformes. Ainsi, des mesures conjoncturelles de soutien aux entreprises ont été mises en œuvre et une accélération de l'investissement public a été engagée pour soutenir la demande intérieure. M. Ghannouchi a rappelé qu'un important programme d'appui à l'intégration de l'économie tunisienne dans l'économie mondiale a été élaboré et mis en œuvre avec l'appui de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement et l'Union européenne, à l'effet de réduire les coûts des transactions, simplifier et optimiser les procédures du commerce extérieur, améliorer l'accès au financement et le climat des affaires et consolider les fondamentaux dans les domaines économiques et financiers. Grâce à cette démarche combinant le conjoncturel et le structurel, la Tunisie a pu préserver la dynamique de développement. En effet, la croissance pour l'année 2009, a été de 3,1 %. Le pays a pu éviter une forte aggravation du chômage (13,3 %), continuer à réduire la dette publique à 42,9 % du PIB en 2009 et la dette extérieure à 38,1 %, tout en améliorant l'assise financière des banques, a précisé le Premier ministre. Trois défis à relever M. Ghannouchi a, aussi, évoqué les défis que la Tunisie doit relever et en premier lieu la réduction rapide du chômage, notamment, celui des diplômés de l'enseignement supérieur. En effet, plus de 60 % des nouveaux venus sur le marché du travail sont, aujourd'hui, des diplômés de l'université, alors que 60 % des offres d'emplois sont destinés à la main-d'œuvre non universitaire. D'où la nécessité d'une accélération de la croissance, avec une profonde transformation du tissu économique, pour qu'il recouvre davantage d'activités à forte valeur ajoutée, à fort contenu de savoir, à même d'accroître l'offre d'emploi pour la main-d'œuvre qualifiée. La Tunisie doit, en second lieu, accentuer l'intégration de son économie à l'économie mondiale. D'où l'importance de l'amplification des efforts déployés pour l'amélioration de la compétitivité, l'accès à de nouveaux marchés et l'attraction de l'investissement étranger. Il s'agit en troisième lieu, a poursuivi le Premier ministre, d'amplifier les efforts déployés en matière de gestion des ressources naturelles, en accordant la priorité à l'adoption des nouvelles technologies faiblement consommatrices de ressources naturelles. Il a affirmé que ces trois défis constituent, précisément, la trame de fond du programme électoral du Président de la République et le socle du XIIe Plan (2010-2014) qui vient d'être adopté. Pour les relever, "la Tunisie doit accélérer la restructuration de son économie pour passer d'un modèle de croissance tirée par la compétitivité et l'utilisation massive d'une main-d'œuvre faiblement qualifiée à un modèle de croissance, basé sur l'innovation et le recours intensif à une main-d'œuvre qualifiée", a indiqué le Premier ministre. Capital humain M. Ghannouchi a indiqué que cette transition a été enclenchée par le renforcement de la capacité de formation dans les universités et les centres de formation spécialisée, l'engagement d'un vaste programme de pôles technologiques, l'installation en Tunisie d'un nombre croissant de groupes innovants et la mise en place de la politique de soutien du gouvernement à la recherche scientifique et à la technologie. "Cette transition, nous sommes déterminés, à accélérer sa mise en œuvre, à l'effet d'impulser la montée en gamme de secteurs traditionnels et l'émergence de nouveaux secteurs à haute valeur ajoutée", a déclaré le Premier ministre, estimant que "ce n'est qu'à ce prix que nous pourrons, faire de la disponibilité de cadres de haut niveau un atout supplémentaire, en faire un levier additionnel de l'amélioration de la compétitivité, l'accélération de la croissance, la résorption du chômage à moyen terme et la préservation de l'environnement". Il a avancé que la stratégie tunisienne s'articule autour de quatre axes majeurs. Le premier axe concerne les ressources humaines. La réforme engagée, avec l'appui de la Banque mondiale, vise, précisément, à mieux investir dans le capital humain, en mettant l'accent sur la qualité, la maîtrise des langues étrangères et la certification des compétences. L'objectif est aussi, de s'engager davantage dans l'équivalence des diplômes avec ceux des pays partenaires, de renforcer la capacité de formation des ingénieurs et de développer le recyclage et la requalification de ceux qui ont une formation inadaptée au marché du travail. Appui à la formation Le Premier ministre a encore précisé que le deuxième axe de la stratégie nationale concerne l'infrastructure requise pour faire de la Tunisie une plateforme technologique, relevant que le pays a déjà engagé la réalisation d'un réseau de technopôles pour favoriser la synergie entre enseignement, recherche et production. Les efforts visent à créer des zones d'appui à ces technopôles, à renforcer le réseau de laboratoires accrédités et de centres de ressources technologiques et à accroître l'offre de bâtiments technologiques suivant les standards internationaux. Le troisième axe se rapporte, a poursuivi M. Ghannouchi, aux mécanismes d'appui, d'encadrement et d'incitations pour valoriser les produits de recherche, faciliter l'acquisition de technologies et favoriser leur adaptation. Le Premier ministre a relevé, à cet égard, que des études sectorielles sont engagées pour arrêter des stratégies pertinentes dans les créneaux porteurs, dont en particulier l'off-shoring et la santé. Les mécanismes de financement sont enrichis avec, notamment, le lancement de fonds d'investissements à risque pour les projets à fort contenu technologique et le renforcement des programmes d'appui à la valorisation des recherches.Les incitations fiscales et financières sont complétées par des mécanismes d'appui à la formation pour aider les entreprises à disposer du personnel qualifié. Il a souligné que le nouveau système d'incitation à l'investissement, en cours de préparation, confortera a priori cette orientation, étant donné que l'une de ses priorités serait, précisément, la promotion des activités à fort contenu technologique. Le Premier ministre a indiqué que le quatrième axe de la stratégie concerne l'approfondissement des programmes de réformes, pour que l'administration soit plus efficace, le secteur financier plus solide et plus efficient, l'accès au financement plus facile, les procédures du commerce extérieur plus simples mais aussi pour que les lois et les règlements, se rapportant aux différents domaines, convergent avec ceux des pays développés et confortent le choix de l'ouverture. XIIe Plan : des objectifs ambitieux M. Ghannouchi a affirmé que l'enjeu est l'approfondissement de l'intégration de l'économie nationale dans l'économie mondiale, relevant que la Tunisie doit approfondir cette intégration avec l'Europe d'abord. Des négociations sont en cours pour accéder à un statut avancé avec l'Union européenne à l'effet d'ouvrir de nouveaux horizons à l'économie tunisienne. "Nous nous attachons à poursuivre ce processus avec le reste du monde, notamment avec les pays du Maghreb, la région MENA et l'Afrique, étant donné les importantes opportunités qui peuvent être exploitées sur des bases mutuellement profitables. Aussi, un programme de renforcement de l'intégration de l'économie tunisienne est-il en cours de préparation avec la Banque mondiale. Nous comptons le finaliser très prochainement", a-t-il encore déclaré. Le Premier ministre devait ensuite évoquer les objectifs ambitieux inscrits dans le XIIe Plan de développement (2010-2014), dont notamment l'accélération de la croissance des activités à forte valeur ajoutée, le renforcement des exportations à forte intensité en compétences et en technologie, l'accroissement de l'offre d'emploi pour les diplômés des universités et l'amélioration de la productivité globale des facteurs de production pour qu'elle contribue à 50% en moyenne de la croissance pour la période du plan. M. Ghannouchi a souligné, en conclusion, que la Tunisie est déterminée à accélérer le rythme de la mise en œuvre de tous les axes de la stratégie de développement intégral engagée pour atteindre les objectifs escomptés, tout en veillant à préserver les grands équilibres économiques, financiers et sociaux. Sont intervenus, au cours de la table ronde, M. Robert Bruce Zoellick, président du groupe de la Banque mondiale, Mme Shanshad Akhtar, vice-présidente de la Banque mondiale, chargée de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du nord (MENA) et M. Youssef Abdellatif Al Hamad, directeur général et président du conseil d'administration du Fonds arabe de développement économique et social (FADES). Les responsables ont loué l'approche de développement tunisienne, mettant en exergue sa cohérence et sa complémentarité, ainsi que les efforts accomplis sur la voie des réformes et du développement. Cette démarche a permis à la Tunisie, ont-ils souligné, de consolider les attributs de développement économique et social ainsi que la plateforme adéquate pour répondre aux changements et relever les défis. Ils ont souligné les spécificités du plan quinquennal de développement (2010/2014) au plan des orientations et objectifs ambitieux tracés et à même de réaliser un saut qualitatif dans les différents domaines, exprimant leur confiance quant à la capacité de la Tunisie de concrétiser les politiques et programmes prévus pour la prochaine période.