De juillet à août 2017, 1.040 personnes tentant de partir illégalement vers l'Italie ont été arrêtées Selon le dernier Rapport sur la migration clandestine du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (Ftdes), présenté hier à la presse par Massoud Romdhani, président du Forum et Reem Bouarrouj, chargée de la migration, le nombre de personnes arrêtées pour cause de départ non réglementaire vers l'Italie s'élève à 1.652 de janvier à septembre 2017 (6 mois). De juillet à août 2017, cet indicateur a connu une augmentation conséquente : en seulement trois mois, 1.040 personnes ont été arrêtées ce qui équivaut à une progression supérieure à 1,7 fois par rapport au premier semestre 2017. « Cette évolution prouve que nous faisons face à une nouvelle vague migratoire, le nombre de personnes arrêtées n'étant qu'un faible reflet du nombre de personnes ayant réussi à faire la traversée vers l'Italie », a fait remarquer Massoud Romdhani. Un sentiment de détresse et de mal-être Une autre vague migratoire, la plus importante en Tunisie se situe en 2011, au moment de la révolution. Le chiffre officiel de personnes arrivées en Italie à cette époque était de 22.000, alors que le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux l'estimait à 35.000 personnes, sans compter les morts et les disparus en mer. 7.595 ont été arrêtés par la police alors qu'ils tentaient de traverser clandestinement les frontières maritimes. Par la suite, et jusqu'à 2016, le chiffre des tentatives avortées de départ a baissé (en moyenne 1.200), puis est resté stable avec une légère augmentation en 2015. Or, la hausse enregistrée ces trois derniers mois s'avère conséquente. Dans son rapport sur la migration clandestine, le Forum explique les raisons de l'évolution des chiffres de la « harga » (traversée secrète vers l'Europe) par entre autres l'augmentation du sentiment de détresse et de mal-être chez différentes catégories de personnes, dont des femmes et des adultes de plus de trente ans. « Ce sentiment a en effet été confirmé par de nouvelles vagues de revendications devant un avenir politique incertain que le remaniement gouvernemental du 12 septembre 2017 n'a fait qu'accentuer. Le discours adopté par le nouveau gouvernement ne contenait aucune solution pour les problématiques sociales récurrentes de ces dernières années », cite le rapport. Reem Bouarrouj a de son côté démenti que la progression des chiffres de la « harga » soient liés au changement des routes migratoires et de leur transfert en Tunisie face à la fermeture des routes maritimes libyennes depuis août 2017. Pour le Ftdes, il existe en Tunisie assez de raisons internes pour que ce phénomène connaisse une hausse encore plus grande les mois et les années à venir, dont la régression des indicateurs économiques et la hausse des mobilisations sociales. D'autre part, le quotidien désespéré de près d'un million de jeunes en situation de rupture scolaire favorise ce phénomène. Un contingent qui se trouve exclu du système officiel de formation et d'emploi, que l'Etat, selon le Ftdes, semble oublier. Un potentiel qui n'a pour horizon que le départ illégal, aussi périlleux soit-il, vers l'Europe ou encore vers les poches de terrorisme à travers le monde.