Le spectacle annonce aussi la clôture du projet «Caravane des 24 parfums», après une série de workshops/concerts menés depuis plus de deux ans dans 24 lieux tunisiens. Jeudi dernier, le pianiste et compositeur Mohamed-Ali Kammoun est monté à l'Institut Rachidia avec son orchestre, armé de grands solistes : Sofiane Zaidi au chant, Zied Zouari et Nabil Zammit au violon, Hichem Badrani et Ahmed Litaïem au nay, Daly Triki au qanoun..., plus une chorale dirigée par Chadhe Hichri. Ils ont présenté «La nouba parfumée», un spectacle de fin de workshop sur le malouf. Le spectacle annonce aussi la clôture du projet «Caravane des 24 Parfums», après une série de workshops/concerts menés depuis plus de deux ans dans 24 lieux tunisiens. Le film documentaire en avant-goût Une vidéo «Demo» racontant la Caravane a été projetée en avant-concert. Des traditions insulaires aux profondeurs du désert, des altitudes de l'Atlas aux basses steppes, le public présent a eu droit à l'avant-goût d'un film documentaire musical, unique dans son genre. Mohamed-Ali Kammoun et ses compagnons (Nourhene Haddaoui, Lotfi Soua, Eya Daghnouj, Habib Ben Attia...) sont allés à la rencontre de centaines de musiciens à travers la république. Avec l'équipe audiovisuelle, comptant notamment Raouf Karray au design graphique, Dali Fejji et Malek Jerbi (cadreurs), Slim Achour et Marouen Bouzayen (son), ils ont assuré des dizaines de spectacles, de sessions d'enregistrement, de tournage, défiant le froid, la chaleur, les conditions logistiques et même l'insécurité. Le workshop, concert de clôture Nommée «La Nouba parfumée», le récital de clôture du projet s'est focalisé uniquement sur l'héritage andalou. Renouant avec l'univers artistique d'antan du malouf, la Nouba (suite musicale faite de pièces enchaînées) a duré une heure de concert et a évolué dans une ambiance progressive, jusqu'à la transe. Kammoun en a composé les mouvements instrumentaux. Puisant dans des chansons anciennes de la musique malouf — recueillies auprès de cheïkhs de malouf et de musiciens érudits de Testour, de la Azzouzia de Zaghouan, du Club Khemaïes Tarnen de Bizerte... — il les a structurées, développées puis arrangées. La nouba parfumée a été interprétée dans un style andalou ancien où l'art de l'écriture s'est parfaitement allié à celui de l'improvisation. Le malouf s'est vu harmonisé en toute symbiose et mêlé à une multitude de langages musicaux dans une synthèse ingénieuse et cohérente. La prestation de l'orchestre était aussi exceptionnelle. L'énergie qu'il a donnée a presque pris en otage le public venu très nombreux, de plusieurs nationalités, de toutes les générations. Certains solos comme celui de Zied Zouari étaient entrecoupés plusieurs fois d'applaudissements. Une forte émotion s'est emparée du public pendant le Prélude «Mont Zaghouan», exposé par un trio de «vents» (deux nays et zokra) et accompagné par un tbal martial de Mohamed Hédi Aouadi. C'était du jamais vu encore à la Rachidia. A la fin, une standing ovation de plusieurs minutes a été réservée aux artistes. La Tunisie était mise en honneur, et la musique en était le vecteur.