Une quinzaine de fabriques spécialisées ont fermé boutique, mettant 300 employés au chômage Le Groupement professionnel du plastique (GPP), œuvrant sous la bannière de la Conect (Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie), est revenu, hier lors d'une conférence de presse à Tunis, sur la décision ministérielle d'interdire les sacs en plastique à usage unique, laquelle a été qualifiée d'unilatérale et précipitée. Pourtant, ce projet de loi, encore en gestation, avait arbitrairement pris effet depuis mars dernier. Et le produit, écologiquement contre-indiqué, juge-t-on ainsi, disparaissait de toutes les grandes surfaces du pays, suite à des conventions de gré à gré, sans aucun fondement juridique. Entre-temps, le secteur semble avoir encaissé un véritable coup de grâce. Selon M. Tarek Chérif, patron de la Conect, une quinzaine de fabriques, sur l'ensemble de 84 entreprises spécialisées, ont fermé boutique, mettant 300 employés au chômage technique. Et si cette interdiction brutale des sacs noirs, prévient-il, n'est révisée il y a un fort risque de voir les 12 mille emplois que compte cette industrie. Toutefois, personne au GPP n'est contre ce projet de loi. «On est, tous, d'accord sur sa portée écologique et la nocivité de ses sacs en plastique à usage unique, mais on est contre la décision d'interdiction telle qu'elle a été prise par le ministre», s'exprime le président du Groupement, M. Oussama Massoudi. Ainsi, industriels, fournisseurs et commerçants viennent de clarifier leur position à cet égard. «On est conscients de l'importance qu'il y a de conjuguer les efforts visant la protection de l'environnement et l'esthétique du milieu, pour le bien-être et le bonheur de nous tous, ainsi que pour les générations futures», souligne, convaincu, M. Chérif. Mais, s'est-il encore rétracté, l'Etat n'a pas agi en connaissance de cause, le gouvernement étant passif quant au sujet de l'environnement. Il n'a jamais pris les choses au sérieux. Pourquoi, à titre d'exemple, ne revalorise-t-il pas nos sources d'énergies renouvelables (soleil, vent), reconnues comme potentiel écologique sous-exploité ? Voire un gisement de richesses et d'emplois. Pourquoi ne permet-on pas l'importation des voitures électriques ?, demande-t-il. Le biodégradable est-il un choix ? Cet exemple type, reprend M. Massoudi, pourrait être transposé sur le secteur des sacs en plastique dans la mesure où l'on prépare le secteur à se convertir progressivement. Car, argue-t-il, pour un industriel, changer d'activité du jour au lendemain, c'est dur. Il nous faut une étude, voire une feuille de route bilatérale qu'on élabore ensemble avec des objectifs précis, des mesures d'accompagnement en matière de financement de la transition et des délais raisonnables, afin de pouvoir en finir avec ces sacs noirs», affirme-t-il. Quelle solution alternative post-interdiction ? L'on ne voit, jusqu'ici, aucune solution de rechange, fait-il remarquer. Sauf une orientation vers les sacs biodégradables, alors que ce choix n'est pas, à vrai dire, aussi prouvé, même sous d'autres cieux, en Europe. Que faire ? Pour sauver le secteur et les emplois y existants, le Groupement professionnel du plastique recommande une reconversion d'activité, en demandant l'appui de l'Etat. D'où un nécessaire encadrement technique et financier à son profit. Surtout que les professionnels du plastique, semble-t-il, n'ont pas manqué, un seul jour, de payer leurs taxes environnement estimées à hauteur de 5% pour chaque kilo de matières premières importées.