Un président de club a généralement d'autres chats à fouetter. Cette affaire tombe vraiment mal. Toutefois, le patron de la Stayda défend, toutes griffes dehors, le président d'honneur, Ayachi Ajroudi et estime que son vice-président, Nouri Moussa, a été «entraîné» dans ce scandale. «Je ne comprends pas pourquoi on cherche à impliquer notre président d'honneur, Haj Mohamed Ayachi Ajroudi alors qu'il se trouvait au moment des faits à l'étranger où ses affaires ne lui laissent même pas le temps de répondre au téléphone, souligne le président du Stade Gabésien, Sabeur Jemaï. Je ne peux que l'innocenter. Il se trouve à l'étranger depuis un mois. Je crois même qu'on aurait pu me mêler moi-même à cette affaire. Dépité, Ajroudi a avoué qu'il regrette d'avoir intégré l'univers du football puisqu'il lui cause des désagréments. Je crains fort que cela finisse par le pousser à se retirer du domaine du foot. Dans ce cas, ce serait une grave perte pour la Stayda quand on sait qu'il a toujours constitué un soutien financier décisif pour notre club. Cela a été le cas dernièrement quand le Groupe chimique tunisien nous a joué un mauvais tour. Car les soucis financiers sont là. Il n' y a qu'à voir la situation des deux clubs de Gabès, le SG et l'ASG, souligne-t-il. La Stayda dépense 3,5 millions de dinars, la Zliza 3 millions. Quelle est l'aide de la Tutelle ? Tout juste 300 mille dinars. Les recettes ont sensiblement baissé d'autant que les sponsors ont fui et que les recettes aux guichets sont ce qu'elles sont compte tenu des quotas de spectateurs imposés. Deux indices suffisent à saisir l'ampleur des dégâts: les chèques sans provision émis par les clubs, et les grèves des entraînements observés par les joueurs impayés et devenus un rituel. A Métlaoui, on a arrêté dernièrement la production du phosphate, et le club monte au créneau pour demander un soutien plus prononcé de la part de la Compagnie des phosphates de Gafsa. On en est arrivé là parce qu'il n'y a pas de politique claire et cohérente en matière de financement des clubs. Les sources ont tari dans le difficile contexte économique que traverse le pays». «Dès le départ, le GCT n'a pas été très clair» Jemaï revient sur les déboires de son club avec son premier gros mécène, le Groupe chimique tunisien: «Nos problèmes ont commencé après notre participation en coupe de la Confédération où nous avons disputé trois tours, rappelle-t-il. Il nous fallait prendre trois fois l'avion pour des destinations lointaines. Deux fois, nous avons affrété un avion spécial, avec les coûts que cela suppose. A chaque déplacement, le GCT nous apporte une aide exceptionnelle. Malheureusement, là où nous pensions qu'il fournissait une aide d'encouragement à titre exceptionnel, eh bien, le GCT a fini par soustraire un montant de 540 mille dinars sur la subvention annuelle. Ce sont les montants apportés par le Groupe à l'occasion de la campagne continentale. Nous avons su faire honneur à Gabès et au football tunisien. On donnait de la main droite ce qu'on allait récupérer de la main gauche. Le GCT n'a pas été clair dès le départ. Il aurait pu nous dire que l'argent qu'il donnait pour la campagne continentale n'était en fait qu'une avance sur la subvention annuelle. Malheureusement, nous avons été mal récompensés en retour. Les dettes s'accumulent. Ajroudi a aidé le club à hauteur d'un million de dinars. Ahmed Mestiri a également soutenu le club. Moi-même, j'avance de l'argent dans les caisses du club depuis une bonne dizaine d'années». «Un nouveau palier» Tout en s'employant à relativiser («On a donné beaucoup trop d'importance à cette affaire; pourtant, il ne faut pas s'en faire une montagne !», regrette-t-il), Jemaï rappelle qu'elle tombe à un moment où toute la Tunisie est tendue vers un seul objectif, à savoir la qualification en Coupe du monde. «Au fond, je crois qu'on a cherché à «entraîner» Nouri Moussa (le vice-président qui propose de l'argent à Ziad Chaouch, à en croire l'enregistrement sonore, NDLR), observe Sabeur Jemaï. Il suffit d'écouter attentivement le ton et les «relances» apportées par le joueur Ziad Chaouch. C'est comme si on voulait nous priver des subsides de notre principal donateur, Haj Ajroudi. Cela ressemble à un piège. Car, avant un derby, la Stayda n'a pas besoin de cela. Nous avons procédé à de grands recrutements. Et changé lorsqu'il le fallait d'entraîneur. Notre club a atteint un nouveau palier. Sa réputation est enviable. Et ce n'est pas cette affaire qui la souillera. Nouri Moussa a déployé de grands efforts en faveur de la promotion du club. Je crois qu'il ne faut pas faire une montagne de cet épisode. Le SG doit regarder droit devant».