DAMAS (Reuters) — Les pays occidentaux n'auront pas d'autre choix que de rechercher l'adoption de «nouvelles mesures» contre l'Iran dans les prochaines semaines si le régime de Téhéran persiste à refuser le dialogue, a déclaré hier le Premier ministre français. En visite à Damas, François Fillon a jugé «très préoccupant» le nouveau rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea), qui a évoqué jeudi pour la première fois la possible existence d'un volet militaire au programme nucléaire iranien. Dans des termes inhabituellement directs, son rapport laisse entendre que Téhéran cherche à acquérir les moyens de fabriquer des armes nucléaires. «Nous avons pris connaissance du nouveau rapport de l'Aiea (...). Il est très préoccupant», a déclaré le Premier ministre français lors d'une conférence de presse conjointe à Damas avec son homologue syrien Mohammed Naji Otri. «Nous avons fait des propositions à l'Iran depuis plusieurs mois pour dialoguer et pour coopérer. Pour le moment toutes ces propositions ont été refusées», a-t-il déploré. «Avec nos partenaires, nous n'avons pas d'autre choix, au vu de ce constat et si la situation n'évolue pas, que de rechercher l'adoption dans les prochaines semaines de nouvelles mesures par le Conseil de sécurité des Nations unies», a-t-il ajouté. Les Etats-Unis, l'Allemagne et surtout la Russie, jusqu'alors réticente à de nouvelles sanctions contre l'Iran, accentuent également la pression sur l'Iran pour l'inciter à suspendre son programme nucléaire. A Téhéran, l'ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution iranienne, a réaffirmé vendredi que son pays ne cherchait pas à se doter de l'arme nucléaire et que les accusations des Occidentaux étaient «sans fondement». Damas juge les craintes occidentales injustifiées Le Premier ministre syrien a réaffirmé hier aux côtés de François Fillon que l'Iran, un allié de la Syrie, développait l'énergie nucléaire dans «un but pacifique». «Rien ne justifie les craintes ressenties à ce sujet», a-t-il souligné. «Nous pensons que c'est un droit (...) pour les peuples d'avoir l'énergie nucléaire à des fins civiles», a-t-il dit, avant de viser Israël, qui détient l'arme atomique. Les armes nucléaires israéliennes, a-t-il dit, sont une «menace contre la paix mondiale». «Nous espérons toujours que la communauté internationale (...) appliquera les mêmes critères à tout le monde», a-t-il insisté, accusant implicitement les chancelleries occidentales de pratiquer la politique du «deux poids deux mesures» au profit d'Israël. Soulignant que la France avait fait le choix de la «transparence» et de la «vérité» avec la Syrie, François Fillon a demandé «l'aide» de Damas pour que «l'Iran renonce à des décisions dangereuses pour la paix dans le monde». «La paix dans la région passe aussi par un changement d'attitude du gouvernement iranien», a-t-il répété. L'Aiea enquête depuis plusieurs années sur des informations des services de renseignement occidentaux selon lesquelles l'Iran coordonnerait ses efforts pour traiter l'uranium, procéder à des essais d'explosifs en altitude et transformer une tête de missile balistique pour y adapter une ogive nucléaire. Le récent rapport de l'Aiea estime notamment que l'Iran a commencé à alimenter des centrifugeuses en uranium faiblement enrichi à 3,5% dans la centrale pilote de Natanz avant que les inspecteurs puissent se rendre sur le site. Ce rapport sera soumis au conseil des gouverneurs de l'Aiea lors d'une réunion à Vienne du 1er au 5 mars.