L'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) et la Fondation Konrad Adenauer-Stiftung (KAS) ont organisé, hier, un séminaire sur le thème «Solidarité et relation intergénérationnelle» A travers cette manifestation les deux parties entendaient réunir autour d'un débat les différents acteurs appartenant à la société civile, à l'université, à la sphère politique et aux domaines de la recherche sociologique. Aussi a-t-il été programmé de faire participer des experts, des députés, des représentants de ministères et de partis politiques sans oublier les jeunes. C'était une façon d'engager un débat productif entre ces différentes parties à propos de sujets d'actualité. Exclusion des jeunes On vise, également, à travers cette manifestation, à montrer et souligner la place occupée par les jeunes dans la société d'aujourd'hui. Notamment après les changements et mutations intervenus au cours de ces dernières années. En effet, il est un constat sans appel qui montre la désaffection totale de cette catégorie de la population vis-à-vis de la vie politique en général et de la participation à l'action sociale, culturelle et associative, en particulier. M. Néji Jalloul, président de l'Ites, a, justement, insisté, comme la majorité des autres intervenants, sur cet aspect assez désolant. Pourtant, parmi ces jeunes on a relevé des cas de réussite sur lesquels les projecteurs n'ont pas été suffisamment braqués. On peut, ici, parler de l'exclusion de l'intelligence. Or, a ajouté M. Jalloul, il serait nécessaire d'établir une base de données sur nos élites à l'intérieur comme dans la diaspora. L'Ites est ouvert à tout le monde pour apporter son soutien aux jeunes. Ces derniers, reconnaît-il, subissent les crises à faces multiples et il est normal qu'il y ait des conséquences négatives. Alors, ils cherchent le salut ailleurs. L'émigration clandestine s'offre à eux comme la solution. A ce propos, quelques statistiques contenues dans une étude réalisée par l'Ites montrent que 36 % des Tunisiens pensent que l'émigration clandestine est « un droit légitime » parce que le jeune a perdu tout espoir dans son pays. 27 % pensent que c'est la famille, elle-même, qui pousse à l'exode, tandis que 29 % des familles tunisiennes ont un de leurs membres qui figure parmi les migrants. Une stratégie pour 2030 Pour l'heure il faudrait redonner de l'espoir à ces masses de jeunes qui commencent à perdre tous les repères. C'est sur ce point, également, qu'a mis l'accent M. Abd El Kodous Saâdaoui, secrétaire d'Etat à la jeunesse. Pour lui, le travail en Tunisie est plutôt axé sur la transition démocratique beaucoup plus que sur la transition psychologique et intergénérationnelle. Le jeune, affirme le secrétaire d'Etat à la jeunesse, s'estime exclu. Il y aurait un manque de confiance, d'appartenance et d'identité chez les jeunes. C'est de là que découlent tous les problèmes. La question de l'émigration qui est, aujourd'hui, à l'ordre du jour, n'est que la manifestation de cette désapprobation. Les jeunes ne voient aucune issue dans leur pays. Ce dernier ne leur offre rien, pensent-ils. En traversant la Méditerranée, ils croient trouver la solution à leurs problèmes. Le secrétaire d'Etat à la jeunesse a annoncé qu'il y a une stratégie pour 2030 basée « sur l'amélioration de l'indice du bonheur ». Ce sont, assure-t-il, des critères scientifiques qui seront adoptés. Cette stratégie tournera autour de quatre axes : la citoyenneté, l'employabilité, la créativité et la mobilité. M. Holger Dix, représentant de la Konrad-Adenauer-Stiftung, de son côté, a tenu à préciser qu'être « jeune » n'est nullement une qualification. Ce sont d'ailleurs les jeunes qui ne participent pas à la vie politique et associative. Avant d'entamer les débats et les ateliers, la parole a été donnée à quatre conférenciers qui ont abordé, spécialement, des thèmes sociologiques. Il s'agit de Mme Dorra Mahfoudh et de Mme Amel Mahfoudh (sociologues), de MM.Ridha Ben Amor et Ibrahim Jadlaoui (universitaires). Cette séance plénière portait sur « les manifestations de la transition intergénérationnelle dans la société tunisienne ».