Par Mustapha ATTIA Paris peut être considéré comme un grand musée à ciel ouvert. C'est là que trône le Louvre avec ses trésors éblouissants et inestimables. C'est là aussi que se tient le musée d'Orsay, dans sa fierté et sa splendeur, sur la côte Est de la Seine. Ce musée qui garde les chefs-d'œuvre des génies de la deuxième moitié du XIXe et du début du XXe siècle dans les domaines de la peinture, de la sculpture, de la calligraphie et de l'architecture. On y voit le romantisme agonisant, vivant ses derniers instants, le réalisme dans l'apogée de sa prééminence, l'impressionnisme dans la foulée de son échappée et le symbolisme paré de ses atours prometteurs. S'y trouve aussi le musée de Cluny dont émane l'odeur du Moyen-âge, ainsi que le musée Guimet, consacré aux arts asiatiques, qui a été inauguré à Lyon au cours du dernier quart du XIXe siècle, avant d'être transféré, six ans plus tard, à Paris. Puis vient le musée Rodin qui porte le nom du sculpteur Auguste Rodin et où l'on trouve la statue du «Penseur». Et, à Paris, on ne peut pas ne pas penser au peintre de génie Pablo Picasso, ni s'empêcher de courir vers l'hôtel Salé où se trouve son célèbre musée. Passant des musées fermés aux musées ouverts, c'est-à-dire à ces monuments témoins du génie humain comme la place Charles De Gaulle, l'Arc de Triomphe, la Tour Eiffel, le Théâtre de l'Odéon que les incendies qui l'ont frappé à deux reprises n'ont pu estomper le caractère architectural ni perturber les traits qui lui ont été donnés, à la fin du XVIIIe siècle, par ses concepteurs géniaux: Charles de Wailly et Marie-Joseph Peyre. N'oublions pas non plus la cathédrale de Notre-Dame qui se moque du temps et dont les travaux de construction se sont étalés sur près de deux siècles, puisque sa construction dura de 1163 à 1245 en une première étape pour être reprise et terminée vers 1345. Elle a été restaurée par Eugène Viollet-Le-Duc et Jean-Baptiste Lassus au XIXe siècle, siècle pendant lequel elle inspira le célèbre roman du grand écrivain Victor Hugo «Notre-Dame de Paris», avec le fameux personnage du bossu de Notre-Dame. Mais nous savons tous aussi que les principales décisions relatives aux Croisades menées par l'Europe chrétienne ont été prises au sein des églises et dans Notre-Dame précisément, étant donné que les lieux de culte ont joué un rôle fondamental dans les guerres du Moyen-âge. Elles ont encouragé le prosélytisme, pour mobiliser les fanatiques... Ceux qui ont lu le roman d'Umberto Ecco «Le nom de la rose» ont dû prendre conscience de quelques échantillons de ces vérités ahurissantes, même si l'imagination romanesque y a joué son rôle. Il est vraiment à craindre que les églises occidentales retournent à ces pratiques et rejouent ces rôles immondes qui ont fait l'histoire obscurantiste de l'Europe. Car des voix s'élèvent ça et là réclamant le retour aux «valeurs» chrétiennes authentiques et le combat des autres religions, empêchant les adeptes de ces religions «ennemies» de bâtir leurs lieux de culte, comme cela s'est passé en Suisse et se passera sans doute en France, peut-être aussi aux Etats-Unis, après le tapage médiatique autour de la construction d'une mosquée et d'un centre culturel islamique près de l'endroit où se tenaient les deux tours jumelles, sous prétexte que «les mosquées sont une forme de provocation»!!,prétexte avancé par le député de la droite française, l'ancien Garde des sceaux Pascal Clément : «Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France». Aucune réaction n'est venue des instances dirigeantes de son parti ou du Parlement dont il fait partie, voire des médias français et européens qui ne cessent pourtant d'appeler à la préservation des valeurs de la République et de se proclamer défenseurs de la laïcité.