Tanit d'Or dans la catégorie des courts métrages de fiction lors de la 28e édition des Journées cinématographiques de Carthage, «Aya» de Moufida Fedhila est une manière d'investir dans l'enfance pour l'émergence du cinéma de l'enfant et de sa promotion May Berhouma, une petite fille âgée de neuf ans, est l'héroïne du film «Aya» qui a remporté le Tanit d'Or dans la catégorie des courts métrages de fiction lors de la 28e édition des Journées cinématographiques de Carthage (JCC, 4-11 novembre 2017). Classé dans le genre cinéma de l'enfant, ce film écrit et réalisé par Moufida Fedhila raconte l'histoire d'Aya, une petite fille futée, qui vit avec ses parents et dont le père est salafiste. Mais, un jour, un événement brusque bouleversera à jamais le destin de cette fillette à la suite du comportement extrémiste et oppressif de son père. Le film est une série d'interrogations que pose Aya, d'ailleurs comme tout enfant de son âge, sur l'existence, Dieu, la mixité et bien d'autres sujets relatifs à la société dans laquelle elle vit. Partant de son film, la scénariste et cinéaste Moufida Fedhila a indiqué que son choix de travailler dans le cinéma de l'enfant émane de sa forte conviction que l'art, qui constitue un espace de la liberté d'expression, joue un rôle central en tant que facteur de changement social. Et d'ajouter : «A mon avis, l'industrie des films destinés à l'enfance nécessite un travail d'investigation approfondie dans l'univers de l'enfance pour pouvoir faire des films qui appartiennent vraiment au cinéma de l'enfant», relevant que l'image de l'enfant dans le cinéma et sa présence devant la caméra pour jouer un rôle est un reflet d'une époque particulière, faisant de lui par la suite un témoin vivant. Spécialiste dans la direction de «l'enfant acteur», Moufida Fedhila a souligné la nécessité de créer des réseaux d'échange dans le domaine du cinéma de l'enfant tout en définissant ce qu'est l'univers enfantin dans sa relation avec les adultes, notamment en cette conjoncture actuelle que traverse le pays et dans laquelle vivent les enfants qui constituent la catégorie la plus vulnérable et la plus exposée à toute forme d'endoctrinement idéologique, et ce, en vue de protéger cette catégorie sociale à travers l'art, selon ses propos. Dans ce contexte, elle a mis l'accent sur l'importance d'investir dans l'enfant en tant que pilier essentiel sur lequel sera construite toute une génération future, et ce, à travers le renforcement du cinéma de l'enfant conçu spécialement pour servir les causes de cette catégorie en faisant part de ses préoccupations et en prospectant sa situation car le cinéma est l'une des expressions culturelles et artistiques qui servent de plateforme idoine pour préparer l'homme de demain. Parlant du concept du cinéma de l'enfant, la cinéaste a tenu à préciser que ce genre cinématographique est à la fois un cinéma dont les personnages clés sont des enfants et dont la thématique est l'enfance que ce soit à travers le documentaire, la fiction ou les films d'animation. Ce genre de cinéma devrait, selon elle, prendre en considération le milieu de l'enfant, son histoire sociale et ses capacités intellectuelles et les disparités sociales entre les enfants résidant dans les quartiers huppés comme dans les régions marginalisées et défavorisées. Après avoir remporté le Tanit d'Or de la 28e édition des JCC, le film «Aya» a été projeté en Italie dans le cadre de la 23e édition du «MedFilm festival» de Rome du 10 au 18 novembre, considéré comme étant le premier festival en Italie, réservé à la diffusion et la promotion du cinéma de la Méditerranée, l'Europe et du Moyen-Orient, selon Moufida Fedhila. «Aya» a également fait le tour dans la 15e édition du festival des cinémas d'Afrique du pays d'Apt du 10 au 17 novembre en France. Le film sera également en tournée lors de la cinquième édition des rencontres internationales des cinémas arabes «Aflam» du 21 au 26 novembre à Marseille, à la 35e édition du festival Tous courts à Aix en Provence du 27 novembre au 2 décembre et au programme du festival du film franco-arabe à Noisy-Le-Sec (Paris) du 24 novembre au 5 décembre, a-t-elle encore annoncé. Membre de l'Académie francophone du cinéma, Moufida Fedhila est membre permanent dans des jurys de plusieurs festivals cinématographiques en Europe et en Afrique du Nord. Elle a, auparavant, réalisé le film «Hors-Je» ayant participé dans plus de 30 festivals. Ce film a remporté le prix spécial du jury au festival international du cinéma et de l'éducation à Fes (Maroc) et le prix du meilleur court métrage documentaire à la 4e rencontre annuelle des réalisateurs de films tunisiens organisée par l'Association des réalisateurs de films tunisiens (Arft). Elle se prépare actuellement pour la réalisation d'une nouvelle œuvre de fiction qu'elle dévoilera prochainement.