Lancement prochain d'un projet pilote contre l'abandon scolaire en coordination avec le ministère de tutelle Plus d'un adolescent sur quatre en âge d'être scolarisé au niveau du secondaire ne fréquente pas le collège ou le lycée. Bien que l'éducation soit obligatoire jusqu'à 16 ans, il y a, en Tunisie, 50.000 adolescents de 11 à 14 ans qui ne sont pas scolarisés contre 55.000 scolarisés mais menacés par le décrochage Un séminaire s'est tenu, hier, à Tunis, sur le thème de l'éducation de la deuxième chance. Les initiateurs sont le ministère de l'Education, le ministère de la Formation professionnelle, le ministère des Affaires sociales avec l'appui de l'UNICEF. L'initiative est, également, parrainée par l'Agence française de développement (AFD), l'Agence de coopération italienne (AICS) et l'Ambassade du Royaume Uni. Il a regroupé, en outre, des participants d'une vingtaine de pays et d'une cinquantaine d'organisations. Phénomène mondial En ouverture, les représentants des ministères ont, tous, souligné l'intérêt d'aborder ce thème relatif à l'échec et à l'abandon scolaire. Un phénomène qui n'est d'ailleurs pas spécifique à la Tunisie. C'est ainsi, par exemple, que M.Mohamed Ben Moussa, représentant du ministère des Affaires sociales, a mis l'accent sur la nécessité d'endiguer le phénomène du décrochage scolaire avant qu'il ne se transforme en fléau. Déjà la situation est assez critique, a-t-il ajouté. Cette action ne peut aboutir sans l'implication de toutes les parties. De son côté, M.Adel Haddad, directeur général du centre de formation des formateurs et de l'innovation pédagogique et représentant le ministère de l'Education, a précisé que le décrochage scolaire est lié à tous les systèmes éducatifs à travers tous les pays du monde. La preuve c'est la présence, dans ce séminaire, de différentes nations qui rencontrent les mêmes difficultés. Il est clair, a-t-il dit, que ces conséquences sont essentiellement dues aux bouleversements intervenus dans toutes les sociétés et qui n'ont pas manqué de peser sur tous les systèmes qui ne se sont pas préparés à ces changements rapides. Implication de toutes les parties Le phénomène de l'abandon scolaire est en train de produire une catégorie de jeunes qui se sentent marginalisés et qui peuvent représenter un danger pour eux-mêmes mais aussi pour la société. M.Haddad a affirmé que l'échec scolaire n'est pas une fatalité et qu'il y a des possibilités de repêchage. L'exposition des expériences des pays participants lors de ce séminaire devrait permettre de se situer et de dégager une vision plus claire. La représentante de la partie italienne, quant à elle, a insisté sur une plus grande implication de son pays dans les efforts de la Tunisie en matière d'éducation en plus de son soutien au développement économique, social et culturel. L'Italie est engagée dans son appui à l'édification de la Tunisie de demain en collaboration avec les autres partenaires comme l'UNICEF, le PAM et, bien sûr, le ministère de l'Education. En Italie, a-telle rappelé, il y a 1 adolescent sur 5 dans une situation de « non étude », de « non travail » et de « non être en formation ». Preuve, a-t-elle réaffirmé, que le phénomène de l'échec et du décrochage concerne tous les pays. Avant de marquer la pause, la parole a été donnée à trois témoins (deux garçons et une fille) en échec scolaire. Ils ont fait part de leurs impressions, notamment après avoir participé au tournage d'un reportage sur cette catégorie de jeunes déscolarisés. Projet pilote contre l'abandon scolaire La deuxième partie de la séance matinale a été consacrée à des exposés faits par des représentants des ministères concernés et des participants. Il ressort de toutes les interventions la nécessité de lutter de concert contre l'abandon scolaire en œuvrant à lui trouver des solutions adaptées. Pour le représentant de l'UNICEF, les 100.000 Tunisiens déscolarisés c'est l'équivalent de 4 à 5.000 salles de classe vides. A ce propos, il a annoncé le lancement prochain d'un projet pilote contre l'abandon scolaire en coordination avec le ministère de tutelle. Ce projet vise l'amélioration des conditions de travail et de la qualité de l'enseignement. Dans l'allocution du représentant du ministère de l'Education, il a été question des efforts pour lutter contre l'échec grâce à des programmes et dans le cadre d'une stratégie. C'est ainsi qu'on a mis en œuvre le projet des écoles des métiers, des collèges techniques et celui de la réintégration des élèves ayant quitté l'école ainsi que celui de l'école de la deuxième chance. Le représentant de la Conect a essayé de démontrer que le problème des déscolarisés doit être résolu par des efforts communs. Cette organisation contribue à apporter son soutien par l'organisation de « journées portes ouvertes ». Il y a, par ailleurs, un travail à entreprendre au niveau du changement des mentalités. Le jeune accuse toujours l'Etat d'être à l'origine de ses maux mais ne se remet jamais en cause. Nos jeunes, a ajouté le représentant de la Conect, refusent des contrats SIVP ou les contrats « dignité » parce qu'ils rêvent toujours de décrocher un poste dans la Fonction publique. Quelques chiffres sur le décrochage scolaire En Tunisie, plus d'un adolescent sur quatre en âge d'être scolarisé au niveau du secondaire, ne fréquente pas le collège ou le lycée. Environ 5 % se trouvent encore dans le primaire et les autres en dehors du système éducatif. Bien que l'éducation soit obligatoire jusqu'à 16 ans, il y a, en Tunisie, 50.000 adolescents de 11 à 14 ans qui ne sont pas scolarisés contre 55.000 scolarisés mais menacés par le décrochage. D'autres statistiques montrent que plus de la moitié des jeunes Tunisiens âgés de 18 à 24 ans ont quitté l'école prématurément. Une étude réalisée par l'Observatoire national de l'emploi et des qualifications estime à plus de 10 % la proportion d'adolescent(e)s entre 15 et 19 ans entrant dans la catégorie NEET (Not in Education, Employment or Training). C'est près de 93.000 personnes. Selon la Banque mondiale, un tiers des Tunisiens entre 15 et 29 ans se trouveraient dans cette situation. A ces publics s'ajoutent 16.500 jeunes, soit 1 sur 3, qui décrochent chaque année de la formation professionnelle et se retrouvent sans qualification. Toutes ces données semblent indiquer qu'une majorité des jeunes Tunisiens ne disposent ni de compétences ni de qualifications de base pour profiter des opportunités offertes par le marché du travail.