Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, effectue depuis mardi une visite de travail de trois jours dans le gouvernorat de Kairouan (centre). Joignant l'utile à l'agréable, Chahed assistera à la cérémonie de célébration de la fête du Mouled (anniversaire de la naissance du Prophète, PSL) qui se déroulera vendredi à la mosquée Okba Ibn Nafaâ et s'attardera, par la même occasion, sur les questions de développement propres à ce gouvernorat. Optant pour une proximité politique susceptible de refonder les liens politiques et sociaux, le président du gouvernement a mis le cœur à l'ouvrage, dès son arrivée à la capitale des Aghlabides. Mardi soir, il s'est déplacé au lycée pilote de Mansoura où il s'est enquis des conditions d'hébergement des élèves et de leur restauration. A bien des égards, cette première action du chef de l'exécutif tunisien se veut porteuse de message et de vision : «L'éducation et le savoir pour former les générations de demain et former des élèves citoyens ainsi que de futurs leaders capables d'appréhender le monde qui les entourent». Le taux d'analphabétisme dans cette région de l'intérieur du pays étant de 50 % en 2016, selon l'Institut national de la statistique (INS). Mercredi à l'aube, Chahed s'est rendu au marché de gros de la ville, où il s'est informé des prix des produits agricoles, dans le cadre de la campagne nationale de lutte contre la spéculation. Prêtant l'oreille aux consommateurs ainsi qu'aux marchands et grossistes, il s'est, ensuite, avisé des préoccupations des deux parties. Aujourd'hui, le chef du gouvernement animera un Conseil ministériel sur la région, avant de rencontrer diverses composantes de la société civile et des représentants des partis politiques pour évaluer la situation de la région et débattre des nouveaux projets de développement. La symbolique d'une action Auparavant, Chahed avait fait part dans des déclarations à la presse locale de la faiblesse des indicateurs sociaux dans la région. D'où la nécessité d'un changement de méthodologie dans le processus de développement, a-t-il soutenu. De ce point de vue, Youssef Chahed a appelé à la conjugaison des efforts pour que cette «ville sainte» recouvre son rayonnement au niveau culturel, touristique et religieux. C'est l'objectif de la période allant jusqu'à 2020, a promis Chahed. Cette action du chef du gouvernement remet, par ailleurs, au goût du jour la dialectique de la distance et de la proximité en politique. Si le chef du gouvernement semble, aujourd'hui, opter pour la proximité, c'est qu'il réalise jusqu'à quel point être à l'écoute, en prise et en contact avec les Tunisiens aidera à résorber le fossé creusé entre gouvernants et gouvernés, ces dernières années. Ce basculement dans le mode de gouvernance tunisien ne peut être que salutaire, dans la mesure où il semble rompre avec ce qui a longtemps mis en branle la charrette de la renaissance tunisienne : la distance géographique, physique et morphologique. Avec cette initiative —, et ce n'est point une exagération —, la politique va pouvoir cesser de ressembler à un camaïeu de gris, sous nos cieux. En attendant les appréciations et réactions des gouvernés, demain sera, fort probablement, un autre jour !