Le développement des énergies renouvelables constitue actuellement une réelle alternative à l'énergie fossile, face à l'augmentation des prix mondiaux du baril de pétrole et la montée de la consommation de l'énergie électrique. Des défis qui ont un impact colossal sur la croissance économique. La mise en place d'un Plan solaire tunisien s'inscrit dans le cadre du renforcement de la part des énergies renouvelables, soit 30%, d'ici 2030. Un objectif ambitieux mais dont la réalisation est entravée par la lenteur du processus Le ministère de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables a souhaité accélérer le processus en rassemblant depuis hier les différents acteurs dans le secteur de l'énergie dans le cadre d'une conférence placée sous le patronage du chef du gouvernement et dans le cadre des Initiatives gouvernementales pour la croissance et l'emploi. «Ces initiatives visent à soutenir l'entreprise, booster l'investissement à travers des programmes et des projets gouvernementaux qui dépassent l'investissement public dans sa version classique. L'économie tunisienne passe par une étape cruciale. Nous considérons que la deuxième étape de la transition démocratique est la transition économique à travers la relance de la croissance économique à des niveaux qui permettent de créer de l'emploi et de la richesse», affirme Youssef Chahed, chef du gouvernement. Il indique que la transition économique inclut également la transition énergétique, soulignant que le développement des énergies renouvelables est un choix stratégique pour affronter les défis dans le secteur de l'énergie. «Il s'agit de l'une des bases fondamentales pour le développement durable et la protection de l'environnement et une opportunité pour acquérir la technologie et booster la création d'une industrie nationale surtout avec la hausse des prix du baril et la dégradation des ressources nationales du gaz naturel et le lancement du plan d'action visant à réduire les gaz à effet de serre conformément à l'accord de Paris sur les changements climatiques», ajoute M. Chahed. Réduire le déficit Pour Khaled Kaddour, ministre de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables, les études prospectives prévoient que la demande en électricité va se multiplier par deux d'ici 2030. Il ajoute que des études ont été engagées afin de réduire le déficit énergétique à commencer par le renforcement de l'activité d'exploration du pétrole et du gaz. «Toutefois, sur le court et moyen terme, le renforcement des énergies renouvelables constitue la principale solution pour diversifier le mix énergétique, notamment au vu du potentiel important de l'énergie éolienne et solaire», indique-t-il. M. Kaddour s'inscrit dans le cadre de l'approche participative adoptée par le ministère depuis le lancement du dialogue national sur le secteur des énergies renouvelables en 2016. Selon lui, le développement des énergies renouvelables permettrait l'émergence d'une filière industrielle à travers l'incitation à l'utilisation du contenu local et l'amélioration des taux d'intégration en mettant l'accent sur la création d'emplois et la promotion d'une économie verte et durable qui valorise les richesses naturelles. Le ministre affirme que des projets ont déjà été entamés par la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg), avec le lancement des travaux de la station photovoltaïque de Tozeur et de l'appel d'offres pour les projets soumis à autorisations. Cet appel d'offres, qui a été clôturé le 15 novembre 2017, a reçu 69 offres, pour l'installation de 210 MW. On prévoit l'annonce des résultats du dépouillement technique et financier pour le 15 mars 2018. Ajoutons à cela le lancement en 2018 de l'appel d'offres pour les concessions de la Steg pour l'installation de 200 MW, avec un objectifs de 380 MW d'ici 2020. «L'objectif est d'accélérer le processus à travers le dialogue et la participation de tous les acteurs. Nous voulons relever les problématiques au niveau réglementaire, au niveau de la gouvernance, du financement et aussi des liaisons électriques. L'injection de ces énergies ne sont pas aussi simples, il y a des contraintes techniques à résoudre», précise-t-il. Obligation de croissance De son côté, Diego Zorrilla, représentant résident du Pnud en Tunisie, les énergies renouvelables représentent une importance cruciale pour le développement économique de la Tunisie et pour le respect de son engagement de l'accord de Paris sur les changements climatiques. «Il n'existe pas d'alternatives aux énergies renouvelables. Ce développement garantira la croissance soutenable et inclusive de la Tunisie. L'augmentation de la part des énergies renouvelables s'avère une obligation pour répondre d'une part à l'augmentation considérable de la consommation de l'énergie primaire et aussi à l'impératif de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour l'atteinte des objectifs de l'accord de Paris», considère-t-il. Il ajoute que le rythme de réalisation des objectifs du Plan Solaire Tunisien reste encore lent et en deçà des ambitions sur le plan réglementaire et incitatif pour créer l'environnement propice. Il indique que ceci nécessite un plan d'action rigoureux, un cadre institutionnel et réglementaire clair, des capacités techniques et des mécanismes de financement conséquents. Il affirme que la mise en place d'un mécanisme de coordination est très importante pour accélérer le processus. D'ailleurs, la conférence qui se poursuit jusqu'à aujourd'hui, recueillera les propositions des différents participants et émettra des recommandations qui seront soumises au chef du gouvernement et feront l'objectif d'un Conseil ministériel restreint.