Par M'hamed JAIBI L'annonce faite par Donald Trump de transférer l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique de Tel-Aviv à Al-Qods (Jérusalem) représente une rupture d'avec les engagements américains jusqu'alors et une fuite en avant qui rompt les équilibres diplomatiques acquis et tourne le dos à la légalité internationale. Par cette position, en effet, les USA s'isolent au sein de la communauté internationale et trahissent implicitement la charte de l'ONU, puisqu'ils reconnaissent comme capitale d'Israël une ville faisant partie intégrante des territoires palestiniens occupés en 1967 et que la résolution N° 242 du Conseil de sécurité de l'ONU a ordonné d'évacuer depuis le 22 novembre 1967, sur la base d'un texte controversé selon les nuances de ses deux versions : anglaise et française. Les Israéliens étant tenus de procéder à l'évacuation «des territoires arabes occupés» (dans la version française) et «de territoires arabes occupés» dans la formulation anglaise (from «arabian territories» et non pas «the arabian territories»). Faut-il rappeler qu'une autre résolution onusienne avait décidé, en 1947, la partition de la Palestine en deux pays, la Palestine et Israël, avec un partage d'Al-Qods entre les deux (Jérusalem-Est et Ouest). Et cette partition a été effectuée pour donner satisfaction partielle à la guérilla armée menée par les populations juives conduites par bateaux de diverses zones du monde vers la Palestine, leur «terre promise» par le texte religieux du Talmud. La décision américaine semble réunifier Al-Qods comme capitale de l'Etat d'Israël, ce qui nous éloigne de la «solution des deux Etats» qui devait prolonger et couronner le processus de paix d'Oslo. Mahmoud Abbas va plus loin, estimant que, par cette position, l'Amérique perd automatiquement son statut de médiateur entre Israël et la Palestine. Ce alors que le Hamas promet, prévoit et appelle à une nouvelle Intifadha. Au moment où le monde arabe reste déchiré par le jihadisme et les conflits religieux, cette nouvelle humiliation sonne comme une provocation, un appel à la révolte. À une implosion de toute la région arabe.